« Trace » T1 par Kei Koga

Le travail de la police scientifique est souvent magnifié lorsqu’il passe entre les mains des scénaristes hollywoodiens. Dans « Trace », la science est juste là pour établir des faits véridiques. Impartiale, elle n’est ni au service de la victime ni au service des criminels. Reiji Mano s’est engagé dans cette voie pour rechercher cette vérité avec rigueur et sans jamais céder à la facilité. Il est dévoué à son travail tout comme il aurait aimé que les enquêteurs qui ont dû s’occuper du meurtre de sa famille le soient, vingt-trois ans plus tôt.

Cette série suit les débuts de Sawaguchi, une jeune scientifique encore en formation. Par son biais, elle va nous faire découvrir l’envers du décor de l’analyse scientifique de la police. Elle va rapidement rencontrer Mano, un des meilleurs talents de la police métropolitaine. Rigoureux, quoiqu’un peu rigide, il étudie toutes les pistes possibles avant de réellement clôturer un cas. C’est ainsi que dans une de leur première recherche commune, la jeune Sawaguchi va être étonnée du soin qu’apporte Mano dans la recherche d’une trace sanguine sur des habits d’un potentiel tueur. Il va commencer par les recherches classiques en surface puis va retourner les poches du pantalon : au cas où le tueur ait mis ses mains dedans  ! Puis il va regarder sur l’envers des habits, pareil, au cas où les doigts souillés du tueur aient pu contaminer une zone, même infime, lorsqu’il a ôté ses vêtements. Bien évidemment, cet acharnement va payer. Une trace ridiculement petite va être découverte sur son pull. Le tueur peut donc être confondu et son crime puni alors qu’autrement il aurait été remis en liberté, le meurtrier n’ayant été filmé que de dos et en plus il pleuvait ce jour-là. Ce dénouement offre donc la seule preuve tangible à même de faire surgir la vérité.

Comme l’a si bien dit Mano après avoir finalisé ce cas  : « Mon devoir est de réaliser tout ce qui est à ma portée pour révéler au grand jour chaque fragment de vérité  ! »

Le travail des inspecteurs en médecine médico-légale est montré de manière juste et sans détour dans cette série. Quand il est question d’analyser cinquante-trois mégots de cigarettes, les experts s’en chargent en râlant un peu au passage. Pareil, quand le labo reçoit un fœtus à analyser, il y a les personnes qui le voient comme un être humain et qui sont incapable ne pas montrer d’empathie et d’autres qui voient ça comme un travail comme un autre et qui tiennent à rester neutre et professionnel jusqu’au bout. Cette désacralisation du métier rend le récit réaliste et renforce l’importance de ces hommes et femmes qui œuvrent pour la vérité.

Le dessin de Rei Kago est réaliste. Son trait est fin et ses ombrés faits de hachures donnent une ambiance un peu froide collant parfaitement avec le sujet. Le scénario ne se contente pas d’analyser le travail de cette police scientifique. Il intègre également une partie de vie quotidienne ainsi qu’une pseudo romance en devenir pour l’héroïne qui cherche clairement un conjoint. Elle multiplie donc les rencontres arrangées entre collègues, sans succès. Cette partie, même si elle est moins palpitante, donne un peu de vie dans ce monde un peu austère où la science s’applique froidement.

Peu d’action finalement dans ce manga, mais une foule de réflexions, notamment sur les méthodes scientifiques de la police. Le lecteur découvre peu à peu les personnages, leur interaction et leur passé. Ce qui va façonner le futur de leurs relations. Un scénario finalement assez bien monté et sortant de l’ordinaire.

Gwenaël JACQUET

« Trace » T1 par Kei Koga
Éditions Komikku (8.50 €) – ISBN : 978-2372873819

© 2016 by KEI KOGA / NSP Approved Number ZCW-82F

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