INTERVIEW DE DANIEL PECQUEUR

C’est simultanément au nouveau « Golden city » que sort le premier volume de « Golden Cup ». Avec cette nouvelle série, Daniel Pecqueur revient à ses premières amours, la course automobile. C’est en effet en cherchant un sponsor qu’il frappa en 1978 chez Dargaud et devint … scénariste de BD. Rencontre, discussion autour de l’univers Golden city et avant-première sur le scénario de sa prochaine série.

 


Après Cargal et l’Héroïc fantasy (avec Formosa), le très réaliste Thomas Noland (avec Franz) puis le one-shot onirique Marée Basse (avec Gibrat), comment passe-t-on à Golden City ?


C’est vrai que je n’avais jamais travaillé sur des séries d’anticipation même si Marée Basse possède un peu cette dimension même si c’était plutôt effectivement très onirique. En fait, l’idée m’est venue en regardant une émission de télévision qui parlait de Monaco et qui disait que la ville pouvait être bouclée en 3 minutes, ce qui empêchait un gros vol d’être commis. J’y ai vu l’éventualité future pour certaines personnes de s’enfermer dans des « ghettos de riches » et j’ai imaginé que dans ce cas, ces personnes souhaiteraient, outre la sécurité, un air sans pollution donc la nécessité de s’éloigner du continent. J’ai d’abord pensé à une île avant de réfléchir à la possibilité pour ces personnes aisées de vivre hors des eaux territoriales pour échapper à l’impôt et leur besoin de se rapprocher de tel ou tel continent en fonction des circonstances géopolitiques. L’idée d’une ville flottante m’est alors apparue comme une évidence.


 


La réalité rejoint la fiction car il existe un projet réel d’une ville-bateau/île de ce type …


Oui, je suis au courant. Nous avons été, avec Nicolas Malfin, très surpris. J’ai écrit cette histoire – et j’en ai la preuve puisque j’avais obtenu une bourse du Centre National du Livre – bien avant ce projet. C’est incroyable que nous soyons rattrapé si rapidement par la réalité


 


Vous n’avez aucun lien avec ce projet ?


Non, aucun.


 


Pour revenir à ce nouvel épisode de Golden City, vous y dévoilez de nombreuses clés ?


J’aurais pu tout dévoiler à travers un unique flash-back, qui aurait été relativement long, mais je sais depuis Thomas Noland que le flash-back ralentit l’action, ce qui se justifiait dans cette série de souvenirs mais pas sur Golden city. J’ai donc coupé le flash-back et la suite des révélations se fera dans le prochain épisode. L’histoire sera alors bouclé et le lecteur saura tout de A à Z.


 


Ce sixième tome marquera donc la fin de la série ?


Du cycle, oui. Je prévois de faire une suite, ce qui nous tient tous à cœur, à Nicolas, à moi, mais également aux coloristes ( Pierre Schelle et Stéphane Rosa), qui font un travail extraordinaire sur la série. Mais, comme « Noland », que je n’ai pas voulu continuer, pour laisser le héros en tranquillité sur son coin de terre avec sa famille, je me pose un problème. Pour moi, Golden city est un voyage initiatique. Harrison Banks vit dans la richesse. Il se détourne consciemment ou inconsciemment vers les vrais problèmes de la planète. Je voulais le mettre en situation face au bas-fond. On dit toujours qu’on voit la lumière quand on est dans l’obscurité. C’est ce que j’ai essayé de raconter tout en distrayant. Mais c’est le fil conducteur. C’est pour ça –et certaines personnes en étaient déçues dans le quatrième tome car elles attendaient des révélations qui ne venaient pas -  je trouve qu’il était nécessaire qu’il aille en prison, qu’il voit la prostitution enfantine et tous les divers trafics existant à droite et à gauche. Quand il reviendra, Harrison sera un homme différent. Or, comment va-t-il pouvoir réintégrer son poste de PDG d’entreprise multinationale et continuer à vivre comme avant ? C’est impossible. Donc si je suis mon idée, il ne peut retourner à Golden city et je boucle l’histoire à la fin du sixième volume.


 


Mais vous avez développé de nombreux personnages secondaires qui ont pris de l’importance dans la série ?


Exactement, c’est pourquoi je ne peux pas abandonner. Je vais donc devoir trouver à moyen terme une raison pour qu’Harrison continue tout en ayant changé .Je pense résoudre le problème grâce à Sœur Léa, qui fera comprendre à Harrison qu’il a des actions à mener.


 


Simultanément à ce nouvel épisode de Golden City, vous publiez une nouvelle série « parallèle » nommée Golden City ?


Au départ, ce n’était pas prévu comme ça. Guy Delcourt et Olivier Vatine, connaissant mon passé de coureur automobile, insistait depuis des années pour que j’écrive un scénario sur le sujet. Deux choses me freinaient. La première était que je ne voulais pas remuer de vieux souvenirs d’une passion dont je voulais faire mon métier (Daniel Pecqueur a couru en F3 en 1977). La seconde s’appelle Michel Vaillant. Affronter Vaillant, ce n’est pas possible. J’adorais cette série. J’ai eu un peu la trouille, honnêtement, car je me suis dit qu’on allait comparer ! En plus, Jean Graton a abordé toutes les disciplines liées à la course automobile. Un jour, j’ai imaginé situer une histoire sur ce thème mais dans le futur. Acceptée par l’éditeur, il nous a semblé logique dès lors qu’elle était dans le futur, de la situer dans l’univers de Golden City, qui pourrait ainsi apporter sa notoriété à cette nouvelle série.


 


Ce nouveau récit ne se situe pourtant pas à la même époque que celui de Golden city ?


J’ai voulu m’écarter de la série mère pour laisser les récits indépendants et pour pouvoir conserver le suspense sur Golden city. J’ai donc placé le scénario dans le cadre du dixième anniversaire de la ville. A cette occasion est organisée une course automobile autour du monde, ouverte à tous, avec de nombreux gros lots à l’arrivée.


 


Peut-on imaginer tout de même quelques interactions entre les deux séries ?


Les personnages sont différents mais la ville est déjà là. On retrouvera Banks à 10 ans et sa mère, maire de la ville. Il y aura une continuité mais pas d’interaction sur les récits.


 


Nicolas Malfin a-t-il contribué à Golden Cup ?


Très peu. Il devait le faire mais Golden City l’a complètement absorbé. Les designs, qu’il devait réaliser, ont finalement été élaborés par Manchu.


 


Comment s’est fait le choix d’Henriet pour dessiner Golden Cup ?


Très naturellement. Il voulait dessiner une deuxième série et Olivier Vatine m’a proposé son nom. Je trouvais que son graphisme, que je connaissais, collait parfaitement à l’univers de Golden City. Par contre, nous avons tenu à travailler avec les coloristes de Golden City, pour conserver la même atmosphère dans les deux séries ?


 


Prévoyez-vous d’autres séries parallèles dans l’univers de Golden City ?


Ca n’est pas impossible, mais pas pour le moment, pour éviter le côté trop répétitif auprès du lecteur. Par contre, je viens d’écrire une nouvelle série à paraître aux éditions Delcourt et pour laquelle nous recherchons un dessinateur.


 


Pouvez-vous nous dire quelques mots de cette nouvelle série ?


C’est une histoire d’anticipation mettant en scène un pilote de chasse. Sa fille, qui trouve un élément de satellite tombé dans leur jardin, meurt d’une leucémie à cause de la radioactivité dégagé par l’objet avec lequel elle a joué. Dès lors, il voit sa vie se détruire, sa femme le quitte et il sombre dans l’alcool. Se reprenant en main, il décide d’intégrer un organisme nouvellement créé, chargé de la maintenance des satellites. Il ne redescend sur Terre que pour effectuer des missions d’une dangerosité extrême, comme la désintégration des icebergs flottant vers les continents, à cause du réchauffement de la planète. C’est au moment de l’explosion d’une de ces îles de glaces qu’il voit apparaître quelque chose qui va, une nouvelle fois, transformer complètement sa vie.


 


Propos recueillis par Laurent Turpin lors du Festival Delcourt, le 14 septembre 2003

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