NICOLAS MAFIN PARLE…

En parallèle à l’interview de Daniel Pecqueur, nous publions un autre entretien, avec Nicolas Malfin cette fois. le jeune dessinateur de Golden City, qui déclare aimer l’image sous toute ses formes, revient sur sa série, fortement appréciée du grand public.

 

« J’aime l’image sous toutes ses formes »

 

Avec le 5e tome de votre saga, le cycle semble connaître une accélération.

 

Après sa descente en enfer dans le bagne et son évasion, Harrison Banks arrive, grâce à l’aide des pilleurs d’épaves, à pénétrer dans Golden City, et à rechercher la vérité sur le complot qui vise à l’éliminer. Au coeur de la ville, il va découvrir une partie des secrets que voulait lui révéler sa mère. Cet épisode se traduit par les premières révélation sur le mystère des entrailles de la cité.

 

Vous avez crée là un monde d’anticipation fascinant. D’où vous vient l’inspiration ?

 

Golden City est bien une série d’anticipation, vous avez raison ; elle est l’image de demain, avec l’apparence qu’aura notre planète si elle ne surmonte pas ses problèmes actuels : pollution, pauvreté, surpopulation, montée des eaux, dualisme social avec des nantis coupés des autres. Le monde qui m’entoure est donc ma principale source d’inspiration. J’aime le cinéma, la photographie, l’image en général.

 

Vous développez dans la série une conception sociale assez pessimiste. L’avenir va-t-il selon vous consacrer une société à deux vitesses dans laquelle les puissants manipuleront impunément le monde ?

 

L’histoire est construite sur l’opposition de deux mondes, qui ne sont que le reflet des problèmes de société actuels. Golden City se nourrit du temps présent. Malgré cela, notre but reste de divertir le public.

 

Comment est née l’idée du cycle?

 

Daniel Pecqueur a écrit le projet en 1995 et l’a proposé à Olivier Vatine et Guy Delcourt qui ont décidé de le publier. Lorsqu’ils ont vu mon travail, ils m’ont permis de réaliser des essais. Ils ont adoré mon dessin, mes recherches, car mes designs correspondaient à leurs attentes sur cette série.

 

Vous venez d’évoquer Daniel Pecqueur, le scénariste ? Comment se passe votre collaboration ?

 

Notre collaboration, voulue au départ par l’éditeur, s’est renforcée jusqu’à devenir très approfondie. Ca fonctionne très bien. Daniel trouve que mon dessin donne la bonne traduction des sentiments ou de l’atmosphère qu’il souhaite faire passer . Et j’aime les scénarios de Daniel car ce sont les histoires que j’ai envie de lire. Il m’envoie le scénario planche par planche, avec un découpage précis, une proposition de mise en page. Je n’ai plus qu’à préparer le board pour la narration et ensuite l’étape finale du dessin de la page.

 

Vos dessins révèlent à la fois une grande maîtrise mais aussi un esprit perfectionniste. Comment travaillez vous ?

 

J’aimerai être moins perfectionniste, mais c’est un besoin, non pas dans l’aboutissement du dessin, mais dans le souci de s’améliorer et de progresser. J’accorde beaucoup d’importance à la narration et au trait, j’aime dessiner ce que je trouve beau. A mes yeux, le dessin doit être le plus naturel et le plus précis, pour le confort du lecteur. Pour ma part, je ne travaille pas avec l’ordinateur. Il est utilisé pour la mise en couleur, et là, c’est un outil merveilleux. Je travaille en fait de façon classique, au crayon à papier et j’encre avec des stylos à encre gel noir (deux pointes différentes : 0,3 et 0,5 et de l’encre de chine noire en aplats au pinceau).  Après l’encrage, la page, avec le trait, est scannée en haute définition et mise en couleur sur photoshop par mes coloristes.

 

Vos décors, les éléments d’architecture, les détails ergonomiques, trahissent une vraie compétence technique. Le devez vous à votre formation d’ingénieur ?

 

Toutes ces idées viennent plutôt de mon imagination, nourries par mes lectures et les films que j’ai vus. Je possède en outre de nombreux ouvrages sur l’architecture, les jardins, les pays étrangers, et des films des dessins animés, ainsi que nombre de revues comme Géographie, Raids, etc… J’aime l’image sous toutes ses formes. En fait, ma culture technique renforce ma culture de l’image en lui donnant sa cohérence scientifique. C’est cette complémentarité qui me permet de me passer de l’apport d’un designer.

 

Votre parcours professionnel reste original, puisque vous avez bifurqué vers la Bd alors qu’initialement vous vous destiniez à la recherche en physique des matériaux.

 

Aujourd’hui, avec le recul, le pense que les études (qui me passionnaient), m’ont permis d’attendre que mon dessin mûrisse. Même si la BD était déjà à l’époque un loisir qui absorbait beaucoup de mon temps, je n’avais pas suffisamment de maturité pour intéresser un éditeur. J’ai en fait profité de ce temps pour apprendre, l’anatomie, les perspectives, la lumière et la mise en scène. Ce qui m’a rendu crédible et m’a fait immédiatement remarqué quand j’ai proposé mon projet. Je m’étais peu à peu forgé un identité graphique.

 

Malgré votre jeune âge, vous faites d’ores et déjà figure de talent confirmé. Des rétrospectives, un numéro spécial de la revue DBD vous sont consacrés. Est-ce cela la consécration ?

 

En fait, la plus grande reconnaissance viendra toujours du public. La Bd est un métier formidable, très exigeant, mais c’est fabuleux de savoir que notre travail consiste à donner du plaisir et du rêve aux gens.

 

Comment s’annonce l’avenir ?

 

Plein de voyage, d’émotion, de frissons et de sentiments à travers les aventures de Golden City. Beaucoup de bonheur donc. Au rythme maximum d’un album par an.

 

On parle déjà d’un second cycle : rumeur ou réalité ?

 

Ma première histoire se terminera au tome 6. Mais ce n’est pas la fin de l’aventure. La cité et les personnages ont encore de nombreuses aventures à vivre, dans de futures histoires. La cité, même pour nous les auteurs, garde encore plein de mystère.

 

 

Propos recueillis par Joël DUBOS en septembre 2003

 

 

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