« Batman Métal » T2 par Doug Mahnke, Yannick Paquette, Scott Snyder, James Tynion IV…

A-t-on fait comics plus dément et improbable que « Batman Métal » ? On peut se poser la question à la lecture du complexe, mais époustouflant, second tome de cet évènement gothique et désespéré. De malicieuses références cinématographiques SF ou horreur et des connexions multiples à l’univers DC émaillent le récit d’une œuvre qui remue.

Dans cet avant dernier tome regroupant neuf épisodes de l’évènement « Metal » touchant le chevalier noir et la licence DC toute entière, nous voilà enfin au cœur du récit bien sombre et démoniaque imaginé par Scott Snyder. Si le premier n’avait fait qu’effleurer l’univers chaotique de la venue de Barbatos dans notre dimension, cette fois-ci, les versions du multivers noir de Batman, au nombre de six, menées par le Batman qui rit (rappel graphique du Pinehead de la licence « Hellraiser », voir la couverture) sont bien là, et déciment un à un les héros de la justice League, absorbant au passage une partie de leur identité. Même Superman, croyant avoir trouvé le moyen de stopper l’hécatombe en se servant de la force véloce et de l’antenne de l’Anti monitor dans la zone sombre, pour rejoindre le multivers noir, est pris au piège.

Tous autant qu’ils sont, ces héros se retrouvent englués dans une sorte de réserve, attachés à une tour sombre faite de milliers d’humains zombifiés. Une sorte de clin d’œil aux ruches xénomorphes d’une autre licence bien connue. Et si une résistance humaine tente de s’organiser, sous l’égide de l’organisation Argus, c’est peine perdue.

Scott Snyder et les scénaristes James Tynion IV, Josh Williamson, Frank Tieri, Sam Humphries, Dan Abnet et Peter J. Tomasi, nous font voyager entre temps et espace, passant du multivers noir aujourd’hui à la Terre 12, -22, -32, -52, ou zéro, à Gotham City, Central City, Smallville ou Métropolis, hier ou il a plusieurs années, pour nous montrer le chaos se rependant inexorablement depuis la nuit des temps. Batman est quant à lui perdu, victime de sa vengeance mortelle sur le Joker il y a quelques années. Le fait d’avoir accéder au meurtre de son pire ennemi a libéré, plus qu’un destin, un produit toxique bien réel des entrailles du vilain, changeant à tout jamais l’ADN et la conscience du chevalier noir. Ce qui nous est expliqué dans « Le Batman qui rit » («  Dark Knights : the Batman Who Laughs #1 »), épisode 8 du présent recueil, n’est que l’épilogue de « Batman : perdu » (« Batman lost #1 ») où l’on raccroche les wagons avec une sorte de parenthèse intemporelle magnifique centrée sur notre héros déchu, permettant de comprendre vraiment comment celui-ci en est arrivé où il en est aujourd’hui.


Un épisode mettant en scène un vieux Batman (papy Bruce) faisant la lecture à sa petite fille, qui, par son aspect émouvant et jouant avec les codes temporels, rappellera à tous ceux qui l’on vu, le film « Interstellar » (Christopher Nolan 2014). Une conclusion de toute beauté, appuyée par les planches superbes de chaque dessinateur impliqué : Doug Mahnke, Yannick Paquette, Jorge Jimenez, (sans citer les encreurs et coloristes), appuyant le haut niveau de ces épisodes. (1)

« Batman Metal », puisant à de nombreuses sources de l’univers DC et redéfinissant ses frontières et son histoire, dans une ambiance apocalyptique déroutante, possède un pouvoir attractif impressionnant. Ce tome 2 donne une furieuse envie de connaître le dénouement de cette folle histoire cosmique.

Franck GUIGUE

(1) Les autres épisodes sont eux aussi servis superbement et différemment par les artistes de talent: Carmine di Giandomenico (« Batman : The Red Death »), Riccardo Federici (« Batman : The Red Murder Machine »), Ethan Van Sciver (« Batman : the Dawnbreaker »), Philip Tan, Tyler Lirkman (« Batman : The Drowned »), Greg Capullo (« Dark Knights : Metal » #3), Francis Manapul (« DK : The Merciless » #1), Tony S. Daniel (« Batman : The Devastator » #1), Riley Rossmo (« DK : The Batman Who Laughs » #1).

« Batman Métal » T2 par Doug Mahnke, Yannick Paquette, Scott Snyder, James Tynion IV…
Éditions Urban comics (22.50 €) – ISBN : 9791026813873

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