« We Stand on Guard » par Steve Skroce et Brian K. Vaughan

2112 : Ottawa, Ontario, le soir. La petite Ambre vit ses derniers instants avec son grand frère Tommy et ses deux parents. Dans quelques secondes, les premiers missiles américains vont détruire leurs vies et leur douillet foyer. Brian K. Vaughan, l’un des scénaristes les plus talentueux du moment, produit un nouveau one shot tonitruant sur le thème de l’invasion du Canada par son voisin turbulent afin de saisir ses réserves d’eau naturelles. Un récit de SF sec comme une séance de torture virtuelle.

Suite au flashback cité en introduction, l’auteur nous ramène dans le présent du récit. 2124 : Ambre est aujourd’hui une très belle jeune femme qui vit depuis deux ans seule dans les forêts enneigées du nord ouest Canadien. Armée d’un gros fusil d’assaut, et bien équipée, elle survit. Mais les robots militaires américains de reconnaissance de cette zone sauvage éloignée vont vite lui poser problème. Heureusement, sa rencontre fortuite avec le Megapack, troupe de résistants canadiens, va lui ouvrir de nouvelles perspectives…

Brian K. Vaughan est reconnu pour son analyse personnelle et quasi systématique des pouvoirs et leurs débordements. On a déjà pu le remarquer sur ses séries phares : « Y The Last Man », « Saga », « Paper Girls », mais aussi son one shot « Private Eye ». Dans cette diatribe contre l’envahisseur voisin, trouvant son origine dans un document réel déclassé des années trente : « Le Plan de guerre rouge », il va nous placer du coté des résistants, qui vont tout faire pour lutter contre l’oppresseur.

Le rapport des forces en présence est complètement déséquilibré, les États-Unis possédant des armes technologique et militaires surpuissantes. Mais si une bonne partie du récit nous offre de superbes planches de scènes de guerre, magnifiquement rendues par le trait précis de Steve Skroce, assez proche d’ailleurs de celui de Juan José Ryp (« Britannia », « Impérium », « Ninjak »…), c’est surtout dans le traitement de la résistance psychologique que l’auteur dénote et impressionne davantage. Pour cela, et sans trop en dévoiler, il imagine un centre de torture où les prisonniers sont soumis à des sévices virtuels, plus vrais que nature, leur cerveau directement connecté sur une unité centrale piochant dans des images difficiles. Si cela a déjà été vu par ailleurs, Brian K. Vaughan surprend, en bien, par la conclusion de son récit, auquel il apporte une morale sans concession.

Dans un contexte d’incertitudes géopolitiques, relatif à l’actuelle présidence américaine, « We Stand on Guard », malgré son approche science-fictionnelle, se positionne comme un récit engagé. Une œuvre forte, au ton sec, mais belle, qui rappellera sur cet aspect le comics « The Few », paru récemment chez Hi Comics.

Ps : l’album, paru dans la collection Indies, propose un carnet de croquis en fin de volume, ainsi que l’hymne canadien, version anglophone et française.

Franck GUIGUE

 

 

« We Stand on Guard » par Steve Skroce et Brian K. Vaughan 
Éditions Urban comics (17,50 €) – ISBN : 9791026811879

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