« Rêves sur le toît du monde » par Thomas E. Mikkelsen et Michael M. Nybrandt

À l’heure où commence la Coupe du monde de football, voilà un album qui sort du lot ! Certes, il parle de ballon rond, mais à propos d’un pays qui ne tourne pas toujours rond, voisin chinois oblige ! On est au Tibet, en 1997, alors qu’un jeune Danois à vélo fait un drôle de rêve…

Deux amis, Thomas et Laudrup, ont en effet décidé de traverser le Tibet à vélo, pays où circuler seul, c’est-à-dire sans guide, est impensable. Dès Lhassa, la capitale, après visite du Potala et du monument pour « La Libération pacifique du Tibet » (humour chinois, sans doute !), ils décident de n’en faire qu’à leur tête et de rouler seuls sur leur tandem pour rejoindre Katmandou, au Népal. Le voyage commence, mais lors d’un terrible orage, ils sont finalement accueillis et abrités dans un monastère.

Au petit matin, ils sont réveillés par un moinillon qui joue au ballon (mais peut-être certains jouent-ils encore avec des cerfs-volants comme dans « Tintin au Tibet » ?!). Un moine explique que, quelques années auparavant, il y eut un match de foot entre Tibétains et soldats chinois. Ces deniers ayant perdu, il n’y eut plus de match ! Pour Michael, c’est une sorte d’illumination : il va devenir coach de l’équipe nationale du Tibet ! Pendant ses études de « management, entreprenariat et innovation culturelle » qui suivent, ce rêve étrange refait surface.

Le pari est fou, car non seulement le Tibet n’a pas d’association de football, mais la Chine n’autorisera probablement pas la création d’une équipe nationale tibétaine. Michael s’entête : pour défendre sa culture, le Tibet doit se doter d’une équipe de foot ! C’est ce combat de longue haleine que raconte cet album, Michael s’installant en 2000 à Katmandou, au Népal pour constituer une équipe avec les exilés tibétains qui y vivent. Puis il rejoint Dharamsala, en Inde, pour rencontrer un responsable du centre de ressources du développement de l’éducation tibétaine du gouvernement tibétain en exil.

Très vite, l’enjeu n’est plus de créer une équipe nationale, mais de savoir contre qui elle jouerait ! Quel pays accepterait ce petit défi sans s’inquiéter d’éventuelles représailles chinoises ? Et c’est le Groenland qui s’y colle (puisque le Groenland est constitutif du royaume de Danemark, même si ce dernier n’est pas contre son indépendance).  Michael Nybrandt a presque gagné son pari ! Presque, car les obstacles sont encore nombreux et réellement imprévisibles…

Cette histoire vraie qui ressemble quelque part à un conte est non seulement exemplaire, mais  passionnante. Elle montre et démontre à bien des égards ce que sont la force du rêve et la puissance d’un projet quand ils habitent corps et âme pendant seize ans un individu, un homme pourtant seul face à une puissance mondiale (et au scepticisme de beaucoup) ! À noter en postface, un petit dossier signé par le scénariste et illustré de photos, sans oublier une petite préface du Dalaï-lama.

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Rêves sur le toit du monde » par Thomas E. Mikkelsen et Michael M. Nybrandt

Éditions Des ronds dans l’O (25 €) – ISBN : 978-2-37418-054-0

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