« Midnight Tales » : les sorcières s’emparent du label 619 !

Le catalogue étonnamment riche et original des éditions Ankama et du label 619 a été évoqué récemment à l’occasion de la chronique de l’intégrale « Doggy Bags ». Voilà un nouveau projet porté par Mathieu « Shangri-La » Bablet, mettant la mythologie des sorcières à l’honneur.

Tout a commencé en janvier 2017, lorsque l’auteur présente ses premières pages à l’équipe Ankama. Comme il l’explique lui-même dans le dossier de presse fourni aux journalistes : « L’idée est simple : fusionner l’ésotérisme avec l’épouvante Lovecraftienne dans un recueil d’histoires courtes explorant les différentes cultures du monde autour d’un univers commun (…) reliant chaque histoire à une trame qui se développerait au fur et à mesure des tomes ». Le projet a failli être proposé sous forme d’histoires de 80 pages dessinées par un auteur différent à chaque fois, puis d’un recueil mensuel, mais lourd à gérer. La décision est finalement prise de partir sur un format proche de « Doggy Bags », série phare du label 619. Scénarisée par Mathieu Bablet, cette nouvelle série prend le parti du contrepied de l’image traditionnelle de la sorcière, pourchassée par l’Inquisition et propose une version modernisée où les « héritières » de ces femmes, obligées de se cacher au fil des siècles, ont créé une confrérie d’aide aux humains dénommée L’Ordre de minuit.Ce premier volume nous présente l’Ordre en cinq histoires se déroulant à travers le monde. Les quatre premières dessinées par cinq auteurs différents : « The Last Dance » par Guillaume Singelin (États-Unis), « Samsara » par Sourya (Varanasi, en Inde), « Nightmare From the Shore » par Mathieu Bablet (Les Cornouailles), et « Devil’s Garden » par Gax (France). La cinquième, « Avant la tempête », étant une nouvelle d’Elsa Bordier, simplement illustrée par Mathieu Bablet. Des articles documentaires sur les traditions des pays accompagnent chaque récit.C’est un réel plaisir de retrouver la formule de « Doggy Bags », avec de courts récits bien écrits, dans une maquette irréprochable au façonnage confortable avec couverture dos carré collé et rabats. Le style est assez homogène, rythmé, moderne, tant dans la forme (des styles graphiques souvent influencés manga), que le fond, un ton particulier étant ressenti du fait que ces équipes de sorcières sont jeunes et exclusivement féminines.

On retiendra entre autre, dans ce premier volume très réussi, le récit particulièrement dramatique « Samsara » s’appuyant fortement sur le réel, où la tradition des dots féminines en Inde donne lieu à des sacrifices insupportables, et le côté feuilletonesque de la dernière histoire « Devil’s Garden », semblant dresser un pont entre chaque volume. Quant aux dessins de Mathieu Bablet, aux couleurs étonnantes, ils sont toujours aussi incroyables et personnels, et ceux de Gax très manga, étonnamment psychédéliques. L’aspect nouvelle d’Elsa Bordier apporte quand à lui un élément supplémentaire intéressant à cette opération éditoriale de qualité, bienvenue, dont chaque volume, quasiment indépendant, pourra se lire au choix et à sa convenance.

Franck GUIGUE

 

Une exposition « Midnight Tales » se tiendra à la galerie Octopus du Vendredi 25 mai 2018 au samedi 9 juin 2018
LIEU : Galerie Octopus (PARIS 75005) HORAIRE : 19h  PRIX : GRATUIT
www.galerieoctopus.com

 

« Midnight Tales » T1 par Mathieu Bablet et divers
Éditions Ankama (13,90 €) – ISBN : 979-1-03-350541-9

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>