« Jojo : intégrale » T2 : quatre pépites signées André Geerts…

P’tit gars au béret jaune et au pantalon rouge à gros boutons blancs, Jojo, sans atteindre la notoriété de Boule et Bill ou de Cédric, s’est pourtant promené pendant près de trois décennies dans les pages du Journal de Spirou. La deuxième livraison d’une édition intégrale plus que bienvenue vient de sortir. Un joyeux et épatant bain de jouvence pour retrouver les émotions de l’enfance.

C’est en 1983 qu’un gamin timide, mais ô combien attendrissant, fait ses premiers pas dans le Journal de Spirou, héros discret de courtes histoires et d’animations de rubriques. Il lui faudra attendre 1987 pour voir paraître le premier album réunissant ses premières aventures aux éditions Dupuis. Jojo est un petit garçon qui vit à la campagne dans un quartier paisible auprès de sa brave grand-mère pendant que son père, veuf, travaille à la ville lointaine. Lorsqu’il ne parcourt pas les rues du village en compagnie de son copain Gros-Louis, Jojo fréquente une charmante petite école où la cohabitation avec les autres élèves n’est pas toujours une partie de plaisir. Curieux de tout, naïf mais pas trop, à la fois intrépide et timide, Jojo fait ressurgir toutes les émotions de l’enfance. Le dessin tout en douceur, délicieusement nostalgique, riche en humanité, évoque avec justesse des temps aujourd’hui révolus.

Cette seconde intégrale réunit les albums 5 à 8 de la série (qui en compte 18), parus de 1991 à 1998 : « Un été du tonnerre », « Le Serment d’amitié », « Mamy se défend » et « Monsieur Je-Sais-Tout ». Elle est enrichie par la publication des « Moments de Jojo », gags imaginés avec Sergio Salma, parus dans Spirou de 1991 à 1994. Le dossier, richement illustré présente la plupart des dessins réalisés pour le calendrier 1993 de la Fédération des scouts catholiques belges. D’une trentaine de pages réalisé par Morgan Di Salvia (ancien libraire de Schlirf Book à Bruxelles, puis journaliste), l’ensemble revient sur les débuts de la riche carrière d’André Geerts (1955/2010). De ses études à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles où il rencontre ses futurs compagnons de route, Bernard Hislaire, Frank Pé, Christian Darasse… à la création de « Jojo ». De ses débuts dans l’ombre des grands créateurs de l’hebdomadaire Spirou tout en ne négligeant pas la révolution montante que provoque le français  Pilote auprès des aspirants dessinateurs belges. Plus que beaucoup d’autres, André Geerts a su allier la poésie de ses aînés au désir impérieux d’un renouvellement du genre.

Ce portrait révèle un créateur pas aussi lisse que ses personnages le laissent penser, aux prises avec le doute, le désir de toujours faire mieux. Au-delà de Geerts, c’est l’histoire des premiers pas d’une nouvelle génération d’auteurs qui nous est contée. Un dossier passionnant et émouvant, qui dévoile un créateur discret jusqu’alors resté dans l’ombre. Son décès à la suite d’un cancer sera douloureusement ressenti par ses collègues et confrères, un portrait géant ayant surplombé l’entrée du bâtiment de verre des éditions Dupuis pendant plusieurs années.

Henri FILIPPINI

« Jojo : intégrale » T2 par André Geerts

Éditions Dupuis (28 €) – ISBN : 9791034730148

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