« Churchill T1 » par Alessio Cammardella, Vincent Delmas et François Kersaudy

Débutée en 2014 chez Glénat, la collection Ils ont fait l’histoire s’est depuis imposée comme une référence en matière de biopics. Pour ce 26e opus, place au plus célèbre des premiers ministres britanniques, Winston Churchill : son destin est ici retracé dans le premier volume d’un diptyque se concluant en 1939, alors que ce passionné de stratégie militaire est rappelé au gouvernement à l’orée de la Seconde Guerre mondiale…

Traditions militaires (planche 1 et 5 - Glénat 2018)

Déjà à l’œuvre sur les scénarios de « Charlemagne » (T3, 2014), d’« Elizabeth 1ère » (T15, 2016), Vincent Delmas s’est donc plongé sur l’impressionnante carrière politique de l’héritier des ducs de Malborough, à l’heure où la télévision (avec l’interprétation de John Lithgow dans « The Crown » en 2016) et le cinéma s’intéressent également au grand homme. Né en 1874, Winston ne sera jamais qu’un élève médiocre, pouvant néanmoins se passionner pour l’histoire ou le métier des armes. Entre 1893 et 1899, finalement admis au Royal Military College de Sandhurst, il s’efforcera d’aller partout où l’on se bat : Cuba (1895), l’Inde (1896), le Soudan (1898) et l’Afrique du Sud (1899) : correspondant de guerre pendant la guerre des Boers, prisonnier et évadé, il devient un héros national et se fait enfin élire en 1900 à la Chambre des Communes. Dès lors, comme le précise Vincent Delmas, sa personnalité éclate au grand jour : « Je savais du personnage qu’il avait joué un rôle décisif lors de la Seconde Guerre, qu’il était le dirigeant préféré des Britanniques, un fin politique truculent, érudit, et capable d’humour. Mais j’ignorais à quel point l’homme était hors normes. Il a tour à tour été un cancre magnifique, un jeune homme à l’ego démesuré mais finalement proportionnel à sa capacité à atteindre les sommets du pouvoir, puis de la gloire, et finalement de la postérité. C’était aussi un grand instinctif, et un visionnaire. Par exemple l’armement lui doit le tank et l’aviation armée. Roosevelt dira de lui : « Winston a 400 idées par jour, dont 4 géniales. Mais allez savoir lesquelles… ».»

Churchill en 1895 et durant la seconde guerre des Boers

Encrage pour la planche 11

Nommé au ministère de l’intérieur en 1909 et Premier Lord de l’Amirauté en 1911, Churchill entre de plein pied dans la Première Guerre mondiale, mais se heurte à l’échec de l’expédition britannique dans les Dardanelles (mars 1915 à janvier 1916). Démissionnaire, il décide de repartir se battre sur le terrain dans les tranchées des Flandres, à la tête d’un bataillon. Plus tard nommé ministre de l’Armement et de la Guerre, de l’Air, des Colonies puis des Finances, il convaincra principalement de la bonne utilisation des chars d’assauts en 1918. Tour à tour conservateur et libéral, Churchill acquiert une incroyable expérience, déployant des trésors de courage, d’inventivité et d’improvisation qui désarçonneront même ses plus farouches adversaires politiques.

Rough pour la planche 38, à l'heure de la capitulation allemande.

À partir de 1932, Churchill s’oppose à ceux qui préconisent de donner à la République de Weimar le droit de parité militaire avec la France, et parle souvent des dangers de son réarmement. Face à l’Allemagne nazie, il reste convaincu de l’urgence dramatique à préserver son pays dune guerre foudroyante. Après le pacte germano-soviétique du 23 août 1939, les événements se précipitent. Suite à l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, Churchill est renommé Premier Lord de l’Amirauté et membre du Cabinet de guerre. Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne. La légende veut que lorsqu’il en est informé, le conseil de l’Amirauté envoie ce message à la flotte : « Winston is back ». Que retenir au final du personnage ? Vincent Delmas répond : « Que parfois, les convictions d’un homme changent tout. Quand l’armée allemande a envahi l’Europe, et que la classe politique britannique toute entière comptait négocier la paix avec le dictateur, au prix de leur liberté, Churchill a dit non. Il a pensé que les anglais préféreraient mourir plutôt que vivre sous le joug de la tyrannie. Il a ainsi mis un premier caillou dans la botte d’Hitler, jusqu’à finalement le faire trébucher. »

Recherches pour une première version de la couverture

En couverture de ce 1er opus accompagné du dossier documentaire de François Kersaudy (historien auteur de « Winston Churchill : le pouvoir de l’imagination » chez Tallandier en 2001 ; édition revue et augmentée en 2015), le dessinateur Alessio Camardella a naturellement représenté Churchill encore jeune, officiant dans l’armée des Indes non loin de Khartoum. Dans le bandeau supérieur, un mouvement de chars durant le premier conflit mondial viendra suggérer un peu plus la primauté de l’action guerrière et de son implacabilité meurtrière dans ce début de carrière situé au tournant du siècle, jetant bas les dernières illusions : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. »

Philippe TOMBLAINE
« Churchill T1 » par Alessio Cammardella, Vincent Delmas et François Kersaudy
Éditions Glénat (14,50 €) – ISBN : 978-2344019528

Galerie

Une réponse à « Churchill T1 » par Alessio Cammardella, Vincent Delmas et François Kersaudy

  1. BOLUFER dit :

    Dommage de ne pas avoir rappelé à cette occasion la biographie en deux tomes, remarquable et difficilement trouvable, d’Eddy Paape.

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