« Hillbilly » T1 par Eric Powell

Eric Powell, auteur bien connu de « The Goon », chroniqué à de nombreuses reprises ici, a aussi publié d’autres albums étranges, tels « Chimichanga » ou « Big Man Plans », son univers loufoque très personnel réalisant un mixage précieux entre humour bon enfant et violence, mettant en exergue les rudes réalités de la vie. Cette nouvelle série, si elle ne dépareille pas vraiment dans son univers, est clairement plus axée sur le format du conte, nous projetant dans un milieu rural empreint de sorcellerie. Une nouvelle bonne surprise.

Peut-être ne suis-je pas le seul à n’avoir pas encore accroché à « The Goon » ? L’apparence trop futile des premiers tomes m’en avait empêché. Nul doute alors que la réussite des 13 numéros parus et les chroniques dithyrambiques de Cecil McKinley me forceront à y revenir. A contrario, en amateur de contes et de sorcellerie, la thématique de « Hillbilly » m’a tout de suite séduit. Il faut dire que là où le trait souple et attirant d’Eric Powell me semblait quelque peu gâché sur les premiers récits comiques au troisième degré de sa série phare, les épisodes suivants et ceux de « Big Man Plans » ont très clairement atteint un niveau supérieur. Les planches d’« Hillbilly », encore plus aérées et aux couleurs sobres surfent dans cette direction et mettent particulièrement en valeur cette nouvelle série.Hillbilly désigne le nom des « bouseux » du sud des États-Unis. C’est le cadre qu’a choisi l’auteur pour nous conter l’histoire de ce garçon malheureux, Rondel, né sans père et sans yeux. Cela pourrait se passer au début du siècle dernier quand Rondel, encore enfant, croise un jour le chemin de Mamie, une sorcière piégée par une concurrente, à qui il sauve la vie. Cette dernière lui offre en retour un couperet magique ayant appartenu au diable, puis lui « ouvre » un troisième oeil, lui permettant de voir ce que le commun ne peut voir. En échange, celui-ci devra tuer Eldora, la concurrente. Mais tout cadeau mérite sacrifice… Désormais orphelin et sans attache, le vagabond au couperet va hanter les collines et se faire un plaisir de rendre service à tout ceux qui auront à pâtir des forces des ténèbres.

Un hommage à peine voilé à la Old Witch des Ec comics

Rassemblant les quatre premiers comics publiés chez Albatros, le label de l’auteur, plus le prélude publié en ligne sur le site Comixology, et des bonus graphiques sympathiques, ce premier recueil satisfera particulièrement les amateurs de récits de type « Big Foot » (Richard Corben, Steve Niles et Rob Zombie, éditions Toth 2006), « Hellboy » (épisode « L’Homme tordu », tome 11, Delcourt 2011), ou bien encore, et c’est sûrement la référence la plus criante, tant au niveau du dessin que du cadre historique et culturel : le « Harrow County » de Cullenn Bunn et Tyler Crook (Glénat comics 2016).

Avec un second tome d’ores et déjà programmé, il ne fait aucun doute que « Hillbilly », aux qualités graphiques et scénaristiques bien pesées, saura trouver un large public.

Franck GUIGUE

Un carnet graphique agréable ©Delcourt/Eric Powell

« Hillbilly » T1 par Eric Powell
Éditions Delcourt (15,95 €) – ISBN : 978-2-413-00159-1

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