« L’Envers des contes T2 : La Belle-mère pas si cruelle de Blanche-Neige » par Zimra et Gihef

Les contes collectés par les frères Grimm ou Charles Perrault sont d’une richesse foisonnante. Ils se prêtent à toutes les adaptations, à toutes les relectures. C’est ainsi que la série « L’Envers des contes » met sur le devant de la scène des personnages secondaires en quête de rédemption. C’est le cas de la marâtre de Blanche-neige qui veut redevenir une femme honorable et qu’on lui pardonne son acte criminel. Une BD décalée, amusée et très amusante.

Dans un centre médicalisé, une femme doit se présenter aux autres résidents et expliquer pourquoi elle va demeurer dans ce lieu fermé. Elle a du mal à avouer que c’est elle la terrible Reine qui a essayé d’empoisonner sa belle-fille. Elle porte toujours beau, le verbe haut, vêtue d’une superbe robe de soirée et coiffée d’une belle couronne surmontée d’une pomme. Mais son traitement vient de commencer : on l’a sevrée de son miroir magique pourtant tout neuf !

"L'Envers des contes" page 3 bandeau.

Commence alors pour la vaniteuse Reine une cure de gentillesse, une méditation sur soi et son rapport aux autres. Après trois mois au centre, Reine est devenue une autre femme : vêtue simplement, elle est attentive à la détresse de ses voisines, notamment de la reine de cœur qui a toujours envie de couper la tête aux gens, comme autrefois. Sa psychologue voit qu’elle est prête à sortir du centre, à retourner vivre dans une société qui la voit encore, toutefois, comme une femme machiavélique et égotiste.

Loin de la ville, Reine va vivre dans une petite maison entre la forêt et un lac, avec pour unique voisine la mère Michelle car elle est une des rares personnes à pouvoir supporter son chat. C’est dans ce pavillon sans prétention qu’elle sympathise avec un simple bucheron, lors d’une fête où sont invités tous ceux qu’elle a fait souffrir : les sept nains mais aussi Blanche-neige. La jeune femme se révèle être une pimbêche imbue de sa beauté qui se désintéresse de manière égoïste de la rédemption altruiste de son ancienne belle-mère. Ainsi va la vie dans le village de Livredecontes ; la superficielle Blanche-neige bronze sur un transat au bord d’une piscine pendant que son ancienne marâtre détestée console le pauvre Simplet du départ de la belle indifférente. On est bien dans le monde de « L’Envers des contes ».

"L'Envers des contes" page 5.

La série romanesque « L’Envers des contes » connait un certain succès aux éditions Kennes. Les romans écrits par l’anglaise Claire Pyatt, puis dès le tome 3 par sa traductrice, la Québécoise Catherine Girard-Audet, en sont déjà au volume 7. Ils décrivent avec un humour décalé le destin méconnu des personnages secondaires des contes. On en apprend ainsi de belles sur la demi-sœur finalement sympathique de Cendrillon ou sur le pauvre Pinocchio dont le nez s’agrandit même s’il ne ment plus !

Gihef a repris la trame des romans pour des bandes dessinées dont on peut lire les volumes indépendamment les uns des autres. Ces récits denses, à l’humour frais omniprésent – l’univers des contes se prête à de multiples clins d’œil amusés -, sont mis en images de manière dynamique par Rachel Zimra. Son trait coloré, inspiré du manga (grands yeux des personnages, utilisation du « Super deformed »…), donne vie et chair à un monde contemporain, avec voitures et psychiatres, décalqué de l’univers des contes de Grimm et de Perrault.

"L'Envers des contes" page 30.

D’une grande richesse narrative et graphique, cette parodie des contes amuse jeunes et moins jeunes, tant elle joue sur plusieurs niveaux de lecture. Vraiment originales, légères et malicieuses, les bandes dessinées de la série « L’Envers des contes » offrent le rare plaisir de s’amuser de nouveau avec les personnages iconiques de notre enfance, plaisir régressif vraiment jouissif, à faire partager à nos chères têtes blondes dès qu’ils approchent la dizaine d’années.

"L'Envers des contes" : la maison de Reine.

Un dernier mot en cette toute fin d’année sur la série la plus mignonne de la fin 2017 : « Mini Cats ».

Les aventures de cinq chatons que l’on dirait sortis tout droit d’une vidéo « multi-likée » de l’internet. Princess, Serenity, Loki, Rusty et Jack sont des petits chats aux grands yeux qui découvrent le monde en rêvant.

Des planches-gags très colorées à lire dès 7 ans et pour tous ceux qui ont gardé leurs âmes d’enfants.

"Mini Cats" page 3.

Bonne fin d’année et à bientôt pour découvrir le meilleur des bandes dessinées de 2018.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« L’Envers des contes T2 : La belle-mère pas si cruelle de Blanche-Neige » par Zimra et Gihef

Éditions Kennes (10,95 €) – ISBN : 978-2-8758-0445-7

« Mini Cats T1 : Chatons sous la pluie » par Evana et Crisse

Éditions Kennes (10,95 €) – ISBN : 978-2-8758-0444-0

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>