Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
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Comment ? Vous aimez l’aventure en bande dessinée, et vous n’avez jamais lu « Tarzan » ? C’est pourtant l’un des classiques les plus autorisés à porter cet adjectif dans le domaine. Les éditions Delirium, après avoir réhabilité, entre autres, les séries anglo-saxonnes : « La Guerre de Charlie », « Johnny Red » et « Judge Dredd », participent à l’exhumation des planches « oubliées » de Tarzan, réalisées par Joe Kubert, à l’aube des années 1970. Un pur régal !
Nous sommes en 1972. « Tarzan » existe depuis déjà 43 ans en BD (1), à la suite de sa première parution sous forme de bandes dans les journaux, d’abord dessiné par Harold Foster, puis par une ribambelle d’autres auteurs, dont les géants : Burne Hogarth et Russ Manning, qui en ont tracé les grandes lignes de popularité. Cela, avant que le format comic book s’en empare dès 1947, permettant à bien d’autres dessinateurs de s’exercer sur une licence « gagnante », dont Jesse Marsh, Doug Wildey ou les sus cités. La licence, vendue à l’éditeur Dell de 1947 à 1963, passe ensuite chez Gold Key de 1963 à 1972, puis chez DC de 1972 à 1977, avant d’être exploitée par Marvel (où l’on trouvera les dessins de John Buscema), puis Malibu et enfin Dark Horse.
C’est chez DC que Joe Kubert débute ses aventures du seigneur de la jungle, en avril 1972, dans le n° 207 de la revue Tarzan, à la suite de Doug Wildey, qui lui-même avait succédé à Russ Manning. Ce dernier avait marqué les esprits durant huit ans, dans les années soixante, avec un dessin assez classique, très polissé.
Une dizaine d’années plus tard, Joe Kubert débarque avec son style propre, dans une période marquée par des changements sociaux importants, et compte bien imposer sa marque. De fait, lui qui a gagné une grande popularité avec des récits de guerre et le personnage de Hawkman, dégage une puissance dans ses bandes qui n’existait pas dans celle de son (ses) prédécesseurs. La différence principale entre les planches de Kubert et les strips ou comics précédents attachés au personnage, réside dans la faculté de l’auteur à apporter une narration beaucoup plus fluide, plus naturelle pour le lecteur d’aujourd’hui. Ceci est rendu possible par une mise en page dynamique plus moderne, ainsi qu’une utilisation des bulles et des textes narratifs au rapport d’équilibre différent.
Là où les bandes de Hogarth surprenaient par leur dessin, mais fatiguaient un peu par l’apport excessif de textes off, renvoyant en cela d’ailleurs davantage vers les cases sous-titrées de Harold Foster, Kubert utilise un langage plus courant dans le comics libéré de la fin des années soixante. On remarquera entre autre l’utilisation régulière des cases verticales allongées, du plus bel effet pour indiquer la hauteur des arbres de la jungle, mais aussi sa profondeur, et la quasi-systématisation de l’utilisation de double-pages pour l’introduction/page de titre. Concrètement : quatre petites cases côte à côte, en haut, sur une bande horizontale, suivies par une très grande case occupant tout la reste de la page, et contenant le titre. Une nouveauté très réussie.
Tarzan en devient plus crédible encore, plus contemporain, plus humain aussi. Tout, des planches aux superbes couvertures originales, où là aussi, le dynamisme est de mise, jusqu’au lettrage, indique une modernité et un genre différent. D’ailleurs, le genre sword and fantasy vu dans « Conan » est convoqué. Normal, on est dans les années de gloire de cet autre héros, et John Buscema, autre star des comics, qui a dessiné le personnage créé par Robert E. Howard, est aussi associé à « Tarzan » sur de nombreux numéros. C’est cependant la raison principale qui a amené ces planches à ne pas être commercialisées à l’époque (ou de manière très timide) à l’étranger, car les éditeurs européens ne souhaitaient pas vraiment faire de l’ombre (et surtout ne pas perdre d’argent certainement) à ce qu’ils considéraient un personnage intouchable, c’est à dire figé dans les versions plus académiques de Burne Hogarth ou de Russ Manning.
Évidemment, il est parfois difficile de ne pas se référer aux grand maître qu’était Hogarth, et Kubert lui-même, par moment, subit quelques influences, comme dans l’épisode « Land of the Giants », où les scènes de poursuite, dans la jungle, avec l’éléphant et où sa tentative de fuite en arrachant un poteau de torture dans le camp de la tribu, sont autant de rappels du style exagéré de Burne Hogarth. Mais il faut dire que l’histoire et le contexte s’y prêtent bien. (Voir le crayonné reproduit en fin d’album.) D’autres moments peuvent être considérés comme des clins d’oeil à d’autres « anciens » (voir la silhouette de la page 270).
L’émotion graphique est au rendez-vous tout au long de l’album, avec des planches splendides, aérées, et aux plans rapprochés du plus bel effet. En cela, l’épisode « La Reine noire » procure sans doute les plus beaux moments de ce premier recueil, mais il ne faut pas oublier le contenu scénaristique du grand auteur qu’était Edgar Rice Burroughs, et l’histoire « Balu of the Great Apes » confère à ce propos une tension émotive puissante, éminemment bien rendue.
En revanche, page 200, Joe Kubert se fend d’un texte expliquant ses délais de production, et informe le lecteur que l’un des récits qui va suivre porte la trace d’un de ses collègues, Frank Thorne, qui l’a aidé à l’époque. Il parle du titre « Le Rénégat ». Or, à droite, s’ouvre le récit de « La Mine », où l’on peut très aisément se rendre compte que ce n’est plus Kubert qui dessine, tant le style est différent. De plus petites cases, un héros au cheveux plus courts, et une approximation de dessin étonnante à de nombreux endroits, dans un genre strip mal réalisé, nous faisant reculer de plusieurs décennies. Monsieur Kubert s’est-il trompé de récit ? Car, en arrivant ensuite sur le fameux épisode du « Rénégat », son coup de pinceau redevient bien plus évident. Bizarre…
Si ces planches ont bien été publiées, en France, par les éditions Sagédition, dès 1974, dans la revue Tarzan géant, elles n’ont cependant depuis bénéficié d’aucune réédition. C’est entre autre pourquoi on savourera avec autant de plaisir la redécouverte de celles-ci, en plus de leur réelle qualité graphique et narrative, générant souvent une réelle et surprenante émotion. Un travail patrimonial qui méritait d’être réalisé. Dark Horse l’a initié, et les éditions Delirium ont transformé l’essai. Qu’ils en soient tous deux remerciés.
Franck GUIGUE
(1) Voir une page consacrée aux adaptations en bande dessinée de « Tarzan » : http://acosave.awardspace.com/.
À lire aussi : Une autre page intéressante pour découvrir les parutions françaises.
« Tarzan : intégrale Joe Kubert » T1 par Joe Kubert
Éditions Delirium (35 €) – ISBN 979-10-90916-36-4
© Images: Joe Kubert/Éditions Delirium
Del Duca a sorti de nombreux fascicules de Tarzan dans lesquels ( j’en possède quelques uns) on retrouve certains numéros dessinés par Hogarth, Manning mais aussi d’autres dessinateurs comme Celardo et j’en oublie… Savez vous si Kubert y figure?
Non , la collection se termine sur Russ Manning , en passant c’est le plus fidèle au monde créé par Edgar Rice Burroughs et non WILLIAM ce n’est pas tout a fait le même genre de littérature .
Bonjour. Bien que jaime le personnage, je ne suis pas un spécialiste de Tarzan. Néanmoins, si j’en crois les autres articles déjà écrits sur le sujet, je ne pense pas trop me tromper en vous répondant que ces parutions Del Duca n’ont fait que reprendre des pages parues dans l’hebdomadaire Tarzan de leur première version, comme vu ici : « La plupart viennent de l’hebdomadaire Tarzan comme celles d’une autre série des éditions Mondiales en 1963. » (http://www.bandedessinee.monespace.net/personnages/tarzan.html) et donc Joe Kubert n’est pas concerné, lui qui n’a créé (de l’original) qu’à partir de 1972.
Mais d’autres collègues spécialistes comme Michel Denni pourraient mieux vous répondre et confirmer.
Cordialement,
Ps : deux liens très intéressants sur le sujet :
https://www.bd-anciennes.com/blog/tarzan-des-editions-mondiales/
Sur le sujet des censures lors des adaptations VO : http://theadamantine.free.fr/tarzanrussmanning.html
OK, merci Franck, et merci à tous pour vos précisions tarzanesques!
A ma connaissance, mais je peux me tromper, seuls les périodiques de la Sagédition ont publié le Tarzan de Joe Kubert, et pas uniquement dans Tarzan Géant.
Confondre William S Burroughs et Edgar Rice Burroughs c’est comique.
De même que mentionner Doug Wildey et pas Jesse Marsh.
Et merci Wikipédia pour cet ‘article’.
Merci pour vos commentaires correctifs, qui auraient gagné pour certains à être un peu moins méchants, mais bon, j’assume une relecture trop peu précise qui m’a laissé, effectivement, passer LA bourde qu’il ne fallait pas faire, à savoir l’écriture de « William » en lieu et place de « Edgar Rice » Burroughs. Dont acte. Je comprends que cela soit comique, mais je vous assure que je ris jaune. Pourtant ce n’est pas faute de connaître les deux auteurs, mais comme on dit : « La critique est aisée… »
Ceci dit, et présentant mes excuses donc à tous les amateurs de Tarzan ou d’Edgar Rice Burroughs qui auront pu être offensés par cette énormité, je tiens à préciser que, si, comme l’écrit JC, j’avais copié Wikipédia pour rédiger mon article, je n’aurais peut-être pas commis cet impair. Maintenant, si quelqu’un parmi vous est capable d’écrire un article avec des insertions historiques, sans se référer à des sources, et bien je dis bravo, vous avez le droit de jeter la première pierre. D’ailleurs, vous noterez que chaque fois que je publie l’un des miens dans cette tonalité, je cite quasiment systématiquement les miennes. Bien désolé d’avoir manqué du sérieux nécessaire cette fois-ci. Cela est une leçon en règle, et en sincère amateur de Tarzan, je la prends avec encore plus de force. Cordialement…
Franck Guigue
Ps : je n’ai pas cité Jesse Marsh, car le but n’était pas de citer tous les auteurs ayant dessiné Tarzan. De plus, ne l’ayant pas lu, je ne pouvais le comparer.
Evidemment, je ne me permettrais pas de critiquer si je n’avais pas écrit moi-même des dizaines d’articles sur le monde des comics et de la BD, à l’époque où ils étaient encore publiés sur du papier et où on prenait le temps de faire les recherches nécessaires et de se relire. Je sais la quantité de travail que ça demande quand on le fait sérieusement, pas juste emballer un communiqué de presse de l’éditeur.
Je comprends que vous ne connaissiez pas Jesse Marsh puisqu’il n’a dessiné Tarzan que pendant 20 ans, dans un style proche de Milton Caniff ou Hugo Pratt, au pic de sa popularité et des ventes. Par comparaison, Wildey n’a pas dessiné 10 numéros et il est la raison pour laquelle la série Gold Key a fermé boutique en 69. Excellent palmarès en vérité.
Bon. Tous les lecteurs aurons compris que vous maîtrisez apparemment le sujet Tarzan dans ses grandes largeurs, et en Vo s’il vous plaît. Je n’ai malheureusement pas eu la chance d’avoir pu lire vos travaux qui, semble t’il, du temps d’avant Internet, faisaient loi, mais j’en suis ravit pour vous. Il faudra me dire le nom des rédacteurs en chef de ces revues, qui doivent bien vous regretter.
Et comme vous insistez sur le manque de sérieux de cette chronique, à votre goût, permettez que, pour en terminer, j’espère, avec cette diatribe, je vous signale le mot que l’éditeur auquel vous faites allusion (Laurent Lerner de Delirium en l’occurence), m’a adressé :
» (…) Ces coquilles étaient anecdotiques, et ton article est excellent, très documenté et pertinent. J’ai particulièrement apprécié, et le background historique que tu apportes sera très enrichissant pour beaucoup de lecteurs! Merci encore ».
Je ne pense pas qu’il se serait fendu de ce mot si je m’étais contenté « d’emballer le communiqué de presse », comme vous l’écrivez.
Et il rajoute : (concernant la critique des couleurs) : « Elles ont été restaurées sous la direction de Joe Kubert lui-même. Comme tu le dis, la critique est facile…’
Cette chronique d’un album restera une chronique, et pas un essai sur l’histoire de Tarzan en comic books. Mr Lacassin en a déjà tracé les grandes lignes il y a bien longtemps, et il est respecté pour cela. Dommage que vous ne l’ayez pas compris.
Cordialement,
Ne vous laissez pas abattre par les commentaires médisants, votre article est très bien, et comme le savent les latinistes, « errare humanum est »
Merci Henri pour ce petit mot réconfortant. C’est vrai qu’ici,encore plus qu’ailleurs, la moindre gaffe se paie cash En tous cas, les quelques mots de soutien reçus sur le site, ou sur les réseaux sociaux m’encouragent à persévérer. Ah, la relecture…
Et pour continuer à discuter de Tarzan, puisque cela nous passionne tous, permettez-moi de partager ce lien sympathique, issu d’un blog sans prétentions, contenant pas mal d’images de planches issues de nombreux dessinateurs de la série :
http://dessine.blogspot.fr/2006/10/muse-imaginaire-spcial-dessinateurs-de_03.html
bonjour,
le tarzan de kubert , le meilleur pour moi.
mais seulement voila, aucune édition ( à part les artist edition , grand format noir et blanc) se rapproche
de la qualité du maitre.
l’édition délirium, nest pas super ( mauvaises couleurs , traits déformés par le format etc…)
vont ‘il éditer les 2 versions différentes de la jeuness de tarzan , dont une est parue dans le special c22 ou c29, sans compter de touts les dessins annexes et les illustrations pubs?
Bonjour. Le mieux serait peut-être de leur demander directement ? Les éditions Delirium ont une page Facebook assez réactive. Quant à la qualité, à moins de comparer avec des originaux, je ne vois pas… Cette édition reprend le travail fait par Darkhorse, qui n’est pas spécialement connu pour réaliser du mauvais travail. De plus, en fin de volume, on a de superbes reproductions pleine page de crayonnés et encrages.
Cordialement,
Article très intéressant qui m’a convaincu d’acheter cette intégrale… malgré les chieurs qui polluent les commentaires !!!
Merci !
Tant mieux. Merci Michaël, j’en suis ravi. Cordialement,
Bonjour Franck
Si je ne possède pas encore les deux tomes que vous chroniquez,je peux tout de même amener ma contribution pour quelques précisions sur ces deux articles
Tout d’abord,pour un non spécialiste,vous vous en sortez plutôt très bien. Je serai incapable de chroniquer un sujet que je ne maîtrise pas .Donc bravo à vous.
Tout d’abord Wildey aurait été responsable de la faillite de Gold Key? Première nouvelle. Mr Lebourdais indique la fermeture du label en 69 mais les parutions ont continué jusqu’en 72. De plus,si c’est vrai que le dessinateur n’a dessiné que 10 épisodes (162,179 à 187) entre lui et Kubert, on trouve Paul Norris qui n’a pas laissé un grand souvenir. Pourtant, on trouve les numéros 188 à 197 chez Sagédition dans la première série Tarzan. Ce sont des adaptations de romans.
Pour en revenir à votre article, Le récit « la mine » qui vous laisse dubitatif est un mélange de dessins de Kubert mélangés à d’autres de Hal Foster détournés. La même chose avec « Land of the giants » qui n’est pas inspiré par Hogarth parce que c’est du Hogarth. Là encore remanié par Kubert qui a redessiné entre autre le pagne pour coller avec son introduction et sa conclusion. »The renegades » par contre est bien dessiné en partie par Frank Thorne.
Pour finir, en plus des Tarzan géant 20 à 25,28,33,34 les épisodes se trouve aussi dans super Tarzan première série 2 à 7.
A tout de suite sur le deuxième tome
Bonjour Thierry et merci de ce commentaire positif et constructif. C’est un réel plaisir que vous lire.
Tout cela va me permettre d’aller regarder cela de plus près. Bien cordialement.
Une petite chose encore (j’ai vérifié pour être sur avant de dire des bêtises). Le premier numéro Français de la Sagedition avec du 100% Kubert n’est pas le Tarzan Géant 20 sorti au deuxième trimestre 1974 mais bien le Super Tarzan 3 qui lui date du quatrième trimestre 1973.avec « the black Queen ».
Bizarrement,la première histoire est celle du Super Tarzan numéro 2 Celle justement dessinée par Thorne.
Un vrai casse tête ces chronologies…
Amicalement