Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...Corto Maltese prend la mer
Ouest-France, quotidien à qui l’océan est cher, présente un très bel album intitulé « Corto Maltese et la mer ». Encore un hors série, direz-vous, quelque peu assommés par tous ces ouvrages dédiés à Hugo Pratt et à son héros emblématique ? Certes, il n’y a pas que « Corto Maltese » sur la planète BD, mais cet ouvrage au contenu très bien pensé vaut le détour.
Garantie de sérieux : le recueil est coordonné par Michel Pierre, historien et écrivain, grand spécialiste d’Hugo Pratt. D’autant plus qu’il est entouré de Laurent Beauvallet, Jean-Yves Brouard, Daniel Couvreur, Dominique Petitfaux, Michel Troadec, qui savent parler BD… et d’une belle brochette de journalistes et d’universitaires, tels Thierry Wendling, Christophe Sand, Dominique Lanni…
L’album débute par un article consacré à l’apparition du héros, suivi par une escale à la bibliothèque du Grand Large qui envahissait la demeure suisse du dessinateur.
Un premier chapitre évoque les horizons lointains avec le mythe de l’océan Pacifique où est née la « Balade de la mer salée », la chasse au trésor, un rêve sans fin, Corto l’Irlandais, les fleuves d’Amazonie, Mû, la cité perdue et le mythe de l’Atlantide, enfin d’Armor en Argoat.
Le chapitre suivant est consacré aux escales mythiques du marin à l’oreille percée : îles et ports de Méditerranée, Venise et sa lagune, Buenos Aires et ses immigrants, Hong Kong le port des parfums, et bien sûr, pour conclure, une fille dans chaque port…
« Récits de marins » évoque tempêtes et naufrages, pirates et flibustiers, l’aigle allemand sur les mers, les peuples marins du Pacifique. Ensuite, « Corto monte à bord » passe en revue navires, remorqueurs, vaisseaux de guerre, cargos, yachts, jonques, catamarans… que le héros a emprunté au cours de ses nombreux voyages. Il est aussi question de l’habit de Corto, des saveurs de cambuse… et brièvement du Corto Maltese d’aujourd’hui. L’iconographie réalisée avec le concours de Cong (www.cong-pratt.com et www.cortomaltese.com) est riche, souvent inédite. Des hors textes érudits (juste ce qu’il faut) invitent à en savoir plus sur le contexte historique. Un travail sérieux, lisible par tous et jamais prétentieux.
Un ouvrage copieux vendu en kiosques proposant 132 pages en couleurs pour 9,90 €.













Un vrai bonheur, ce hors-série Ouest-France, fort bien documenté et mis en page. La mise en perspective du travail de Pratt avec la mer (avec entre autre l’influence des mythes celtiques) est passionnante, même à redécouvrir. A noter que le quotidien breton avait déjà « frappé » avec un précédent « A la découverte des ports avec Tintin », lui aussi distribué en Belgique en partenariat avec Le Soir de Bruxelles.