Avant « Blake et Mortimer » — exactement en 1943, il y a donc très longtemps —, Edgar P. Jacobs démarrait sa carrière en bandes dessinées avec « Le Rayon U », dans l’hebdomadaire belge Bravo !… Ce récit unique s’achevait par la prise du rayon U par les forces de la Norlandie (les gentils) contre les menées de l’empire d’Austradie (les méchants). Lord Calder et le professeur Marduk (prototypes de Blake et Mortimer), avec l’assistante Sylvia Hollis et le major Walton, affrontaient l’empereur Babylos III et l’infâme capitaine Dagon des services secrets… Une suite a été imaginée par Jean Van Hamme : le premier scénariste de la reprise, en 1996, de « Blake et Mortimer », la série phare du même Jacobs.
Lire la suite...« Opération Copperhead » par Jean Harambat

En pleine Seconde Guerre mondiale, deux célèbres acteurs-soldats britanniques (David Niven et Peter Ustinov) se retrouvent embringués dans une rocambolesque opération d’intoxication : ils doivent recruter une doublure du maréchal Montgomery, chef des troupes alliées, pour la faire déambuler en Afrique du Nord, ceci afin de faire croire aux Allemands à un débarquement par le sud de la France. Réalité ou fiction ? Certainement un peu des deux mon général, ce qui donne une comédie enjouée, à l’humour somme toute très british !
Basée sur les mémoires de Clifton James, acteur australien de seconde zone et sosie de celui qu’on surnommait Monty – ainsi que sur les écrits des deux monstres sacrés du cinéma anglais, lesquels avaient aussi été chargés par Winston Churchill de réaliser un film revalorisant l’image de l’armée de leur pays au sein du service cinématographique -, cette Opération Copperhead démontre que la bonne humeur et les idées extravagantes étaient alors monnaie courante au sein des services de renseignements, ou plutôt de désinformation…
Niven et Ustinov ressemblent ici à des Blake et Mortimer burlesques qui jouent une extraordinaire pièce de théâtre où, si l’on en croit Jean Harambat, par ailleurs auteur d’un très inspiré « Ulysse : les chants du retour » (chez Actes Sud), dans sa préface : « tout n’est pas entièrement vrai, mais tout n’est pas entièrement faux. »
On retrouve également, dans ce récit déjanté et très bien documenté, toute la saveur des comédies sophistiquées, légères et intelligentes, d’un certain cinéma hollywoodien du milieu du XXe siècle : celui que réalisaient des gens comme Billy Wilder, Frank Capra, George Cukor… Une impression accentuée par un parti pris graphique très ligne claire, où Harambat s’autorise des digressions loufoques ou didactiques qui ne gênent en aucun cas la fluidité de cette passionnante lecture.
Gilles RATIER
« Opération Copperhead » parJean Harambat