La parution des « Hêtres pourpres » démontre qu’il est possible d’adapter une enquête de Sherlock Holmes pour un jeune public. Sir Arthur Conan Doyle donne vie au plus célèbre détective de la littérature policière en 1887, dans le roman « Une étude en rouge ». Cinq ans plus tard, dans le recueil de nouvelles sobrement intitulé « Les Aventures de Sherlock Holmes », on trouve le récit « Les Hêtres rouges ». Celui-ci est adapté pour un jeune public, dès l’école primaire, dans une bande dessinée amusante et prenante : « Les Hêtres pourpres ».
Lire la suite...« Alexandrin : l’art de faire des vers à pieds » par Alain Kokor et Pascal Rabaté

Que voilà un bel album consacré à la marginalité sociale, tout en rime, en finesse et en subtilité. On sent toute de suite que Pascal Rabaté s’est délecté à mettre en scène ce personnage de clochard céleste ne s’exprimant qu’en alexandrin, lequel est justement et délicatement mis en images par le trait sensible d’Alain Kokor.
Poète des campagnes et des villes, survivant en proposant ses poèmes photocopiés de porte en porte, le vagabond Alexandrin de Vanneville croise, au détour d’un chemin, le jeune Kévin. Celui qui ne pense qu’en rimes, pour éviter de sombrer dans la déprime et la déchéance physique, va donner le goût de la poésie à ce jeune adolescent fugueur qui a quitté son foyer pour être libre.
Alexandrin le prend sous son aile, en C.D.I. (contrat indéterminé en mendicité), pour lui apprendre, au cours de leurs tribulations urbaines et rurales, comment se contenter de peu et pouvoir refuser la servitude moderne : trouver de la beauté dans les arbres, dans le vol des oiseaux… ou du plaisir en ne payant ses achats qu’avec des pièces jaunes. Ce qui leur vaut, parfois, le sourire aimable et compréhensif d’une caissière de supérette.
Ce maître en liberté, emmitouflé dans son long manteau à carreaux, lui enseigne aussi les rudiments de la mendicité et les petites combines nécessaires à la survie en milieux bourgeois hostiles. Et, surtout, il lui apprend à rester toujours courtois, coûte que coûte, et à accepter les mains tendues quand elles se présentent. Ils feront ainsi un bout de chemin ensemble, n’ayant plus aucun compte à rendre, si ce n’est au temps qui passe : notion fondamentale et impitoyable !
Bref, la complicité artistique entre Rabaté et Kokor fonctionne à merveille et nous offre un bel hymne à la liberté et au respect d’autrui, doté de dialogues ciselés, d’une bonne dose d’humour et de poésie, et d’élégance graphique.
Gilles RATIER
* Sur Pascal Rabaté, voir aussi nos récents articles sur « La Déconfiture T1 : Première Partie » par Pascal Rabaté, « Le Linge sale » par Sébastien Gnaedig et Pascal Rabaté, Avec « Fenêtres sur rue » (sortie fin août), Pascal Rabaté jongle avec différents arts : dont le 9e !, Pascal Rabaté et Simon Hureau, à propos de « Crève Saucisse » ou Rabaté met Trenet en BD !.
« Alexandrin : l’art de faire des vers à pieds » par Alain Kokor et Pascal Rabaté
Éditions Futuropolis (22 €) – ISBN : 978-2-7548-1843-8