« Your Name » T1 à 3 par Kotone Ranmaru et Makoto Shinkai

On ne devrait plus présenter Makoto Shinkai, tellement ses œuvres sont emblématiques du renouveau du cinéma d’animation japonais. Pourtant, il n’a pas encore l’aura d’un Miyazaki. Peut-être est-ce dû aux thèmes récurrents au sein de ses créations : la science-fiction, la jeunesse, la rencontre de deux êtres, avec, presque toujours, en toile de fond, de nombreuses interrogations sur la vie, développées en long et en large. « Your Name » reprend ces archétypes, tout en y ajoutant une dose d’humanisme sur fond de comédie en ne tombant, heureusement, jamais dans la simplicité ou le pathos. Si vous avez apprécié le film, vous apprécierez le manga, voire le roman.

Mitsuha et Taki n’ont rien en commun. Lui habite dans la mégapole de Tokyo, elle vit au fin fond de la campagne japonaise. Lui poursuit ses études dans la grande ville, elle suit, en plus de son cursus scolaire, une formation ésotérique transmise par sa grand-mère. Ils ne devaient jamais se rencontrer, ils n’avaient aucun moyen de se connaître. Pourtant, le destin a interverti leurs corps dans ce qu’ils pensaient être, au premier abord, des rêves. Ainsi, et ce de manière aléatoire, le temps d’une journée, ils se retrouvent réellement dans la peau de l’autre. Sans trop comprendre comment se comporter au départ, ils vont apprendre à se connaître. C’est leurs amis respectifs, trouvant leur comportement étrange, qui leur a mis la puce à l’oreille. Quel mystère entoure ce transfuge ? Est-ce la prière, exprimée un peu fort, de Mitsuha, réclamant d’être un beau jeune homme de Tokyo dans une autre vie qui a tout déclenché ? Ou, est-ce dû au passage d’une comète qui traverse le ciel tous les 1 200 ans et qu’ils ont tous les deux regardée fixement ?

Le premier volume du manga, sur les trois à paraître, ne donne bien évidemment pas encore toutes les explications nécessaires. Mais, si vous avez vu le film, vous savez déjà que cette histoire ne se résume pas à un échange de corps simpliste et que je ne peux, bien évidemment, développer le reste de l’intrigue ici sans vous dévoiler les moments clefs qui font le sel de cette histoire. Il y a bien une raison à tout ça et la quête de ces deux jeunes pour se retrouver (et finalement se sauver) peut débuter.

Le manga se base sur le scénario de Makoto Shinkai : le créateur de l’œuvre originale. Même si la dessinatrice Kotone Ranmaru prend quelques libertés dans la narration, on retrouve à peu près la même mise en scène alors que la succession des plans est, elle, quelque peu bouleversée.Ce qui est tout à fait normal : le rythme n’est pas le même entre un film à la durée déterminée et un manga où l’on peut adapter son rythme de lecture. La dessinatrice, Kotone Ranmaru, sait bien ce qu’elle fait, elle a déjà à son actif une palanquée d’adaptations : « La Traversée du temps », « The Night Is Short Walk on Girl », « BLOOD-C », « RDG Red Deta Girl », etc.

Elle maîtrise le design des personnages qui est parfaitement respecté. La mise en page, extrêmement dynamique, apporte un plus indéniable. On est dans un vrai manga d’auteur et non dans une simple succession de cases uniformes tirées d’un animé. Nul besoin d’avoir vu le film pour apprécier le manga et vice-versa. De ce point de vue là, cette jeune auteur(e) arrive parfaitement à s’approprier l’univers de Shinkai.

En plus de cette adaptation graphique, Pika a également édité au début de l’été (1) le roman écrit par Shinkai en parallèle de son film. Sans surprise, le texte reprend grosso modo la trame de l’animé, même si certains passages clefs arrivent plus tôt que dans le film. Encore une fois, la narration ne peut être la même dans un roman que dans un film.

Pourtant, celui-ci abuse de citations, telle une pièce de théâtre entrecoupée de passages descriptifs : ce qui rend sa lecture un peu laborieuse. Clairement destiné à un public adolescent, le texte est néanmoins simple à suivre, peut-être trop simple justement. Il est surtout traduit de manière beaucoup trop littérale par Jean-Louis de la Couronne.

Certaines expressions en deviennent étranges comme à la fin de ce passage : « Ça suffit… J’ai tellement envie que le lycée soit terminé et d’aller à Tokyo ! Ici, c’est trop petit, c’est trop étroit, les rapports avec les gens sont trop gluants ! ». Dans le manga, traduit par Takahashi Shoko, ce passage est beaucoup moins imagé et plus naturel : « ne m’en parle pas ! j’en ai ras le bol de ce trou perdu ! Tout est rétréci et étouffant ! Vivement la fin du lycée et que je parte à Tokyo ! ».

Quoi qu’il en soit, l’amateur de Makoto Shinkai a dorénavant le choix du medium pour apprécier « Your Name ». DVD et Blue Ray édité par Kazé ou manga et roman édité par Pika. De quoi prolonger le plaisir et redécouvrir ce chef-d’œuvre de science-fiction sous une autre forme. Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, précipitez-vous sur votre format de prédilection pour découvrir une œuvre pleine d’émotion et aux retournements de situation subtils.

Gwenaël JACQUET

« Your Name » T1 à 3 par Kotone Ranmaru et Makoto Shinkai 
Éditions Pika ( 7,50 €) – ISBN : 9782811635862

(1) Le roman de « Your Name » est sorti le 05 juillet 2017 chez Pika. Il fait 224 pages pour un format de 145 x 215 cm (14, 95 €) – ISBN : 9782376320128

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