C’est devenu une tradition depuis quatre ans (1) : tous nos collaborateurs réguliers se donnent le mot, en fin d’année, pour une petite session de rattrapage ! Même s’il est assurément plus porté sur les classiques du 9e art et son patrimoine, BDzoom.com se veut quand même un site assez éclectique : pour preuve cette compilation de quelques albums de bandes dessinées que nous n’avions pas encore, pour diverses raisons, pu mettre en avant, lors de leurs sorties dans le courant de l’année 2024.
Lire la suite...« Undertaker T3 : L’Ogre de Sutter Camp » par Ralph Meyer et Xavier Dorison
Après un premier diptyque plébiscité par les lecteurs, Ralph Meyer et Xavier Dorison remettent en selle leur croque-mort, Jonas Crow, qu’ils plongent dans une aventure captivante et sanglante, au cœur de son passé trouble.
Malgré un corbillard flambant neuf, les affaires de Jonas Crow, croque-mort au passé trouble et sanglant, ne sont pas florissantes. D’autant plus que, depuis l’enterrement de Joe Cusco (voir le précédent diptyque, ici et là ), Rose Prairie — la belle gouvernante anglaise — et Madame Lin — la cupide émigrée chinoise — sont désormais ses partenaires et associées et veulent, elles aussi, leurs parts du gâteau.
           Si la mort d’Abigail Warwick — belle-mère du riche Asthon — est une aubaine pour se refaire une santé financière, l’entrée en scène houleuse du colonel Charley Warwick — époux de la défunte — risque de troubler la cérémonie. Visiblement ivre, l’homme hurle « L’Ogre est vivant ! », tout en reconnaissant en Jonas Crow, un dénommé Strickland qu’il accuse de s’être défilé à Sutter Camp, alors que sévissait la guerre de Sécession !
           D’après lui, Jeronimus Quint — brillant chirurgien aux pratiques monstrueuses — aurait échappé à la pendaison et continuerait ses activités coupables. Accusé par Warwick de lui avoir massacré le bras, puis d’avoir fait disparaître son fils Dany qui le traquait, le colonel finit par convaincre Jonas de partir à la recherche de l’Ogre, afin de mettre un terme définitif à ses crimes. Poursuivi, lui aussi, par une bande de marshalls aux Basques de l’undertaker recherché pour plusieurs meurtres, le quatuor finit par débusquer Quint, bien décidé à jouer une fois encore à la vie, à la mort…
           Après deux premiers albums qui ont conquis les amateurs de western pur et dur, Xavier Dorison et Ralph Meyer relèvent avec panache le défi, en proposant un deuxième cycle en deux volumes époustouflants, lesquels permettront d’en apprendre un peu plus sur le sombre passé de leur héros à la fois attachant et cynique. Le scénario précis aux séquences rythmées de Xavier Dorison plonge le lecteur au cÅ“ur d’une cruauté morbide où se côtoient tous les codes du western. Le dessin dynamique et précis de Ralph Meyer, qui soigne particulièrement ses décors, renoue avec le réalisme flamboyant d’un Giraud ou d’un Rossi.    Â
N’oublions pas les couleurs sublimes de Ralph Meyer et Caroline Delabie, elles aussi très réussies : une superproduction en cinémascope comme on les aime et dont on ne connaîtra l’issue qu’au début de l’an prochain, dans le second volume de ce diptyque : « L’Ombre d’Hippocrate ».
           Notez, par ailleurs, que la première édition de cet ouvrage propose un carnet de croquis collector de huit pages en noir et blanc, où crayonnés et illustrations permettent de savourer la maîtrise graphique d’un auteur au meilleur se son art.
Henri FILIPPINI
« Undertaker T3 : L’Ogre de Sutter Camp » par Ralph Meyer et Xavier Dorison
Éditions Dargaud (13,99 €) ISBN : 978-2-5050-6538- 8
Un excellent album (les deux premiers étaient déjà très bons) qui se lit d’une traite : personnages nuancés et complexes, dialogues, découpage et ellipses subtils, dessin et couleurs magnifiques.. Quelques bizarreries de dialogue (« vous retrouverez votre veuve plus tôt que prévu » p.16… en l’occurrence, c’est le colonel qui est veuf !) ou de dessin (la chambre du colonel a deux fenêtres p.16,19 et 20, et une seule p.10..; l’escalier de la p.17 ne peut pas exister à cet endroit ..), mais ne pinaillons pas et ne boudons pas notre plaisir… vivement l’année prochaine pour connaître la suite de cette série qui suggère plus qu’elle ne montre, ce qui la rend d’autant plus efficace ! Merci au trio Delabie/Dorison/Meyer !