Décès de Giovanni degli Esposti Venturi…

Je terminais le texte biographique ci-après, à paraître en postface de la réédition à venir chez Hachette, dans la collection Les Grands Classiques de la bande dessinée érotique, des « Infortunes de Madame de Beaufleur », lorsque j’ai appris que Giovanni degli Esposti Venturi venait de mourir, le jour de ses 62 ans. J’ai été son agent ces quinze dernières années, à la suite de Luca Aurelio Staletti qui me l’avait confié pour prendre sa retraite. Passer ce texte sur BDzoom.com est une façon de garder trace de Giovanni sur le net, où les informations le concernant, comme pour beaucoup de dessinateurs n’ayant œuvré que dans l’érotisme, sont rarissimes.
Bernard Joubert

Giovanni degli Esposti Venturi.

Comme beaucoup de dessinateurs italiens, Giovanni degli Esposti Venturi admirait Magnus (1939-1996) : l’auteur de « Satanik », « Nécron » et « Les 110 Pilules ».

Il s’en était inspiré, il en avait été l’ami et, comme ce mentor (mais aussi Bonvi), il était venu vivre et mourir à Castel del Rio, un village près de Bologne.

Né à Monzuno, le 30 décembre 1954, Giovanni degli Esposti Venturi publie sa première histoire courte en 1978, dans AlterAlter, la revue sœur de Linus : l’équivalent italien du mensuel français Charlie.

Mais après ces débuts prometteurs, entre l’« Alack Sinner » de Munoz et Sampayo et « Le Garage hermétique » de Mœbius, il s’éloigne de la bande dessinée, fabrique des marionnettes et des masques de théâtre et devient même chauffeur routier.

Ce n’est qu’au mitan des années 1990 qu’il reprend sa carrière de dessinateur, avec le soutien de Luca Aurelio Staletti, l’agent de Magnus, puis de Bernard Joubert, celui de Roberto Baldazzini [voir notre récent « Coin du patrimoine »].

Dorénavant, il n’œuvrera quasiment plus que dans l’érotisme.

Son retour à la BD se fait en Espagne, en 1995, dans les pages du magazine Kiss comix, avec « La Viuda » (« La Veuve »), que publieront une vingtaine d’années plus tard en France les éditions Delcourt sous le titre des « Infortunes de Madame de Beaufleur ».

« La Viuda ».

Cette histoire paraît aussi en Italie (« La Vedova » dans Blue), en France (« La Veuve » dans la version française de Kiss) et aux États-Unis, en album, sous le titre de « Lady X, Lust Captive ».

Suivent un recueil d’histoires courtes en Espagne, « Sexo, amor y fantasías », à La Cúpula, en 1997, et, en Italie, le jovial et blasphémateur « L’Hanno santa ? » (un jeu de mots sur l’année sainte, habilement traduit par « Damnées saintes » dans la revue française Geisha), en 2000, chez Massari : un éditeur d’extrême gauche.

Ses parutions suivantes se font directement en France, chez l’éditeur de Bédé adult’ et Bédé X où sont prépubliés, en 2001, « Le Duel » (devenu « L’Amour à la hussarde » en album), inspiré d’une nouvelle de Joseph Conrad (que Ridley Scott adapta au cinéma dans « Duellistes »),

« Le Duel ».

et, en 2005, les histoires courtes qui formeront l’album « La Psy ».

« La Psy ».

Entre les deux, Venturi illustre un roman sadomasochiste chez Sabine Fournier (La Musardine), « Les Plaisirs de l’obéissance », de Gilles de Saint-Avit, en 2003, et commence un long récit de science-fiction érotique : « Kiss or Kill », qui restera inédit, la disparition de tous les magazines français ne permettant plus de financer des créations.

« Kiss or Kill ».

Illustration historique.

Sa dernière contribution au genre érotique est une histoire courte de dix pages : « Trafics », qui paraît en Espagne, dans Kiss comix, en 2007.

Après cela, il abandonne l’érotisme ainsi que, de nouveau, la bande dessinée.

Il réalise encore, pour son plaisir, des illustrations historiques qui lui permettent de détailler des costumes anciens, et participe aux plaquettes à tirage limité des « amici di Magnus », lesquels amis se réunissent tous les ans à Castel del Rio pour le Magnus day : un festival consacré à l’artiste auquel viennent rendre hommage de nombreux collègues qu’il a influencés.

En 2015, avec un scénariste local, Gabriele Bernabei, il commence « Una Valle » (« Une vallée »), qui aurait été son retour à la bande dessinée (historique).

Mais atteint d’une maladie du foie, Venturi meurt le 30 décembre 2016, le jour de ses 62 ans. Dans le petit cimetière de Castel del Rio, sa tombe côtoie celle de Magnus.

Bernard JOUBERT

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