« Pupa » T1 par Sayaka Mogi

Pendant la période d’Halloween, la plupart des éditeurs de mangas en profitent pour sortir leurs titres le plus horrifiques. Komikku, cette année, a décidé de miser sur une trilogie sanguinolente remplie de monstres avides de chair fraîche. Bienvenu dans l’univers glauque du virus Pupa où les humaines se dévorent entre eux.

Utsutsu et sa petite soeur Yume ont passé leur enfance battus par un père qui se retournait contre eux, une fois que leur mère ne pouvait plus endurer les sévices qu’il lui faisait subir. Une torture à la fois physique et mentale. C’est pourquoi Utsusu s’est juré de protéger sa soeur, coûte que coûte. Lorsqu’un jour elle se transforme en un monstre horrible, il tente de la faire redevenir humaine en lui parlant doucement avec amour. Mauvaise idée : il se fera dévorer par cette soeur qu’il adorait. Repue, elle redevient humaine et ne peut endurer la triste vérité : elle vient de tuer son frère. Ce dernier ayant lui aussi été contaminé par le virus Pupa, il va survivre : ses blessures se régénérants au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Yume, pour sa part, a toujours ses pulsions cannibales. Seul moyen de contenir le monstre qui la dévore de l’intérieur : lui faire ingérer quotidiennement un antidote mélangé avec de la viande vivante. Le jeune frère, plein d’abnégation, décide donc de se sacrifier et devient un festin humain pour la jeune fille qui peut ainsi calmer ses pulsions et empêcher sa mutation hideuse.

La première chose que l’on remarque, lorsque l’on prend cette nouvelle série, c’est la densité des volumes. Plus de 400 pages en un seul tome. Cette édition généreuse est en fait un regroupement de deux volumes. Suite à la reprise, au Japon, du titre par les éditions Akita Shoten, la série est condensée en une intégrale en trois parties. C’est cette édition, riche, qui nous est proposée en France par Komikku. En plus de cette quantité conséquente de pages pour un prix qui reste modique, ont été conservé : les pages couleurs, ainsi qu’une couverture intérieure également en quadrichromie recto comme verso.

Gros succès au Japon, cette série gore a su capter un public avide de titres toujours plus trash. Ici, ce n’est pas une histoire simpliste de monstre mangeur d’hommes, mais une sorte d’inceste où ce frère offre littéralement son corps en pâture à cette créature qui lui sert de soeur. L’histoire familiale sordide avec des parents violents se désintéressant du sort de leurs enfants rend encore plus abjectes ces scènes de cannibalisme. Le succès fut renforcé par la sortie, en 2014, d’une série télé de 12 épisodes de quatre minutes : format court, de plus en plus en vogue ces dernières années. Ainsi résumé, les épisodes vont à l’essentiel, sans pourtant omettre les scènes les plus crues. Qui plus est en couleurs, ce qui ne fait qu’accentuer le sentiment de malaise face à cette barbarie picturale.

Ce manga ne brille cependant pas par une qualité graphique sans reproche : les personnages sont simplistes, le trait mal assuré, manquant de vie. Mais était-ce nécessaire d’aller plus loin dans la représentation picturale, tellement le sujet est une force à lui tout seul ? Les monstres sont abjects, les scènes de tortures ignobles et sanguinolentes. L’horreur est d’autant plus grande qu’elle se passe dans un environnement dépoilé de tout décor superflu. Le découpage est simple, les cases carrées contrastent avec l’exubérance du sujet. Un traitement froid qui renforce un sentiment de malaise.

Dérangeant, malsain, c’est ce que l’on attend d’une série tel que « Pupa ». Conclue en seulement trois volumes, cette histoire n’est pas destinée à tous les publics : comme c’est toujours le cas avec ce genre de sujet extrême. Même si la violence graphique est omniprésente, c’est le côté nauséabond du scénario qui torture le lecteur jusque dans ses entrailles.

Gwenaël JACQUET

« Pupa » T1 par Sayaka Mogi
Éditions Komikku ( 12 €) – ISBN : 978-2-37287-147-1

© 2015 Sayaka Mogi (AKITASHOTEN)


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