Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...René Follet et Fred Funcken chez Hibou…
Après « Bobo », « Michel et Thierry », « Les Krostons », « Jimmy Stone », « Jack Diamond »…, les éditions Hibou puisent une fois encore dans le riche patrimoine de la bande dessinée franco-belge pour nous offrir deux rééditions de qualité, bandes dessinées dues à René Follet et à Fred Funcken, aux tirages limités.
« Le Cimetière des baleines »
Cet album permet de retrouver la patte du jeune Fred Funcken, alors que son trait était encore influencé par Hergé et sa ligne claire. Après avoir publié de nombreux travaux de jeunesse dans les journaux belges des années quarante (Bimbo, Jeep, Blondine, Héroïc-Albums), Fred Funcken (sans Liliane) a réalisé, en 1947, un album pour les éditions Campéador : « Le Cimetière des baleines ». Cet ouvrage au dos toilé rouge ou vert est aujourd’hui recherché par les collectionneurs : voir, pour plus de détails sur Fred Funcken, Les Funcken : les héraults du journal Tintin.
Foudroyé par l’émotion après avoir été agressé, le capitaine Onésime laisse son héritage à son neveu Dédé et au professeur Attila Cubitus. Un héritage à haut risque, puisque les deux héritiers frôleront la mort à plusieurs reprises au cours d’une course haletante qui les conduira jusqu’à une île du Haut Nord où les attend le mystérieux cimetière des baleines. Bien que parfois naïf (nous sommes dans les années 1940), le scénario est rythmé et riche en gags. Il est illustré par un Fred Funcken qui surprendra ceux qui ne connaissent que son œuvre d’auteur réaliste dans les pages de l’hebdomadaire Tintin. Le tirage de cet album soigné au dos toilé (rouge), fidèle à l’édition originale, est limité à 300 exemplaires (35 €).
« Peggy, petit oiseau sans ailes »
Au milieu des années cinquante, La Semaine de Suzette (qui a vu naître Bécassine) change totalement de formule, ouvrant ses pages à des auteurs venus d’autres horizons : Noël Gloesner, Alain d’Orange, Georges Pichard, Jean-Claude Forest… et René Follet (voir René Follet, le flamboyant… (première partie) et René Follet, le flamboyant… (2ème partie)). C’est avec le concours d’Yves Duval, scénariste bien connu des lecteurs du journal Tintin – voir Yves Duval —, que ce dernier réalise « Peggy, petit oiseau sans ailes » : un récit de 26 pages publiées du n° 1 (29 novembre 1956) au n° 26 (23 mai 1958) dans l’hebdomadaire des éditions Gautier-Languereau. Après la mort accidentelle de l’ingénieur Georges Brisac, sa femme et sa fille Peggy, paralysée des deux jambes, se retrouvent sans le sou. Avec le concours du jeune docteur Jacques Mézin et de son amie Niquette, Peggy parvient à vaincre une bande de gangsters à la recherche de l’invention d’un moteur révolutionnaire mis au point par son défunt père. Un scénario passionnant d’Yves Duval alors débutant, superbement mis en images par Ref (alias René Follet), maîtrisant déjà de belle manière l’art du noir et blanc. Cet ouvrage, qui propose deux projets de couvertures, est tiré à 400 exemplaires (14 €). À noter que la couverture a été spécialement réalisée, pour cette réédition, par René Follet.
Henri FILIPPINI
Éditions Hibou : 50, rue Noires Terres, 7190 Écaussinnes, Belgique (bdf@skynet.be/www.bedephage.com).