« Kiriko » par Shingo Honda

Voici une nouvelle de Shingo Honda, auteur connu en France pour son manga horrifique « Hakaiju » qui a été plébiscité par la critique. Mais également, dans un tout autre registre, pour sa série sentimentale et sportive « Ping-Pong Dash » : un manga sur le tennis de table, comme on peut s’en douter. « Kiriko » est un huis clos se déroulant dans une ancienne école de campagne isolée de tout. C’est par un courrier simplement signé d’un mystérieux K que les sept anciens élèves sont invités à s’y retrouver seize ans après, afin d’y honorer la mémoire de leur camarade prématurément disparue : Setsuko Okamura. À l’époque, on a repêché le corps de la jeune fille en contrebas d’un pont duquel elle se serait suicidée, selon la version officielle. Mais tout le monde ne pense pas comme ça. Élucideront-ils le mystère de sa mort ? Surtout, survivront-ils à la nuit cauchemardesque qui s’annonce ?

Une fois arrivés sur place, ils commencent à échanger sur leur vie présente qu’ils ont, pour la plupart, complètement ratée. Du coup, ils mentent par omission, pour ne pas passer pour des tocards. Ryosuké est plutôt beau gosse, pourtant, il est simple employé de bureau et considéré comme un sous-fifre par sa direction. Rio, une pimbêche mal fagotée, s’occupe d’un club à hôtesse miteux en pleine campagne et cherche avant tout à se caser avec un homme riche. Kazuya se fait passer pour un entrepreneur à la tête d’une boîte d’informatique, alors que celle-ci a fait faillite il y a trois ans et que sa femme l’a quitté avec ses enfants, suite à des maltraitances. Mizuho travaille dans les assurances et est toujours célibataire. Quant à Hidetaka, un éternel asocial, il est devenu romancier… sans éditeur. Puis, il y a Masao. Arrivé en retard, il reste un vagabond qui parcourt le monde en essayant de vivre de sa musique. Les retrouvailles étant bien arrosées, Kasuya, un peu éméché commencent à avoir des visions. Même morte, Kiriko semble de nouveau être dans l’école. Puis les éléments s’en mêlent : une pluie battante et un orage s’abattent sur la région. Alors qu’ils décident de fuir, à la suite de la mort étrange et sanglante de leur camarade Rio, leur retraite est coupée par l’éboulement de la montagne sur la seule route qui même a l’école.

Le scénario est convenu, c’est un fait : le twist au milieu de l’histoire ne servant qu’à expliquer une partie du mystère. Il va falloir découvrir qui a envoyé le courrier qui les a réunis et dans quel but. Finalement, qui était Setsuko, cette jeune fille morte dont les souvenirs semblent bien différents selon les protagonistes restants ? Quels étaient ses rapports avec les autres élèves et pourquoi est-elle revenue sous la forme d’un monstre qui décime méthodiquement le petit groupe ? Le dessin fin et réaliste de Shingo Honda s’accommode très bien de cette ambiance à faire froid dans le dos. Ses personnages sont clairement identifiables, même s’ils sont proches de l’image caricaturale que l’on peut avoir d’eux en fonction de leur travail. Si l’ambiance est noire, les dessins restent clairs afin de bien montrer l’horreur des scènes, sans chichis. Le sang gicle, les morts sont bien visibles et les démembrements explicites.

Tous les clichés de l’horreur sont respectés : un lieu isolé, un groupe disparate, un peu de voyeurisme, des morts réguliers et surtout un monstre, sans pitié, qui assassine sans distinction tous les acteurs de ce huis clos, un par un, et de manière violente. Une histoire courte autoconclusive à réserver aux amateurs de gore et autres histoires d’épouvantes.

Gwenaël JACQUET

« Kiriko » par Shingo Honda
Éditions Komikku (8,50 €) – ISBN : 978-2-37287-149-5

© Shingo Honda 2015

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