Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« L’Iliade T1 : La Pomme de discorde » par Pierre Taranzano, Clotilde Bruneau et Luc Ferry
Avec La Sagesse des mythes, Glénat entame dès le 14 septembre une nouvelle collection conceptuelle, qui se propose de rendre la mythologie gréco-romaine accessible au plus grand nombre, tout en étant respectueux des textes originaux. En guise de caution qualitative, le philosophe et ancien Ministre de l’Éducation Nationale Luc Ferry se charge des traditionnels dossiers documentaires et de la rédaction de textes transformés en scénarios par Clotide Bruneau, puis en images par différents dessinateurs. Pour ce premier opus de « L’Iliade » (deux autres volumes suivront), c’est Pierre Taranzano qui nous replonge dans les derniers temps de la guerre de Troie ; ignorants qu’ils sont les jouets des Dieux, les Grecs (comme Agamemnon et Achille) et les Troyens (tels Paris ou Hector) tiennent à vaincre pour la gloire et l’honneur de posséder la belle Hélène…
Tel que le dévoilait Henri Filippini dans un récent article consacré, d’ici à 2017, pas moins de 8 tomes de la collection La Sagesse des hommes vont s’attaquer aux mythes anciens les plus connus, dont « Prométhée et la boîte de Pandore » (dessin par Giuseppe Baiguera), « Thésée et le Minotaure » (dessin par Mauro De Luca ; parution en novembre) et « Jason et la toison d’or » (dessin par Alexandre Jubran ; parution en novembre). Au total, une trentaine de grands mythes seront ainsi approchés, en un seul album (c’est par exemple le cas de Prométhée, Thésée ou de « Persée et la Gorgone Méduse », titre à paraître en 2017) ou en mini-série. Directeur artistique de cette collection ambitieuse, Didier Poli (qui a également dirigé les adaptations du « Petit Prince » et d’« Elric » chez Glénat) en a créé la bible graphique et les story-boards ; comme il l’avoue volontiers, la plus grande difficulté fut d’oublier les références cinématographiques hollywoodiennes récentes (« Troie » par Wolgang Petersen en 2004, « 300 » de Zack Snyder (2007), mais aussi la série européenne « Odysseus » datant de 2013) pour revenir aux peintures d’époques et aux études archéologiques. Ayant rassemblé avec patience un casting d’auteurs internationaux (7 différents rien que pour les 8 premiers titres annoncés), D. Poli aura également eu à vérifier les divers crayonnés et à trouver la plus grande homogénéité pour toute la collection. Un sacré défi !
De son côté, la scénariste Clotilde Bruneau (« Charlemagne » et « Soliman le Magnifique » dans la collection Ils ont fait l’Histoire), passionnée par la mythologie depuis son enfance, retravaille les écrits de Luc Ferry en y introduisant dialogues, cadrages et mise en scène… Ce sans perdre ses lecteurs dans une infinité de détails inutiles ou une chronologie trop complexe, mais au profit d’un point de vue didactique et symbolique sur la portée philosophique du mythe. Dans « L’Iliade » comme dans « Prométhée », les Dieux (plus ou moins protecteurs et cyniques) s’acharnent ainsi à punir l’incommensurable hybris (orgueil) des hommes, ces fiers héros qui veulent devenir l’égal des Olympiens au risque de déclencher leurs foudres. Dès la couverture de « L’Iliade T1 » (dessin par Fred Vignaux), l’on comprend assez aisément que les deux camps – Grecs et Troyens – vont s’affronter par milliers dans l’espoir de reconquérir Hélène de Sparte (épouse de Ménélas, enlevée par le prince Pâris), dont la silhouette étincelante et voluptueuse se détache sur la mer Égée recouverte des innombrables navires de la flotte achéenne. À ses côtés, une vasque remplie d’eau parfumée semble essaimer ses pétales au vent mauvais de la guerre et de la dispute, tel un temps paradisiaque destiné à disparaître. Comme le rappelle l’album, « Les dieux ont leurs caprices et les hommes leurs destinées » : c’est précisément à cause de la pomme d’or (ou de discorde) remise par Pâris à celle qu’il trouvait « la plus belle femme du monde » (parmi Héra, Athéna et Aphrodite) que ce conflit fut engendré : Aphrodite ayant promis à Paris l’amour d’Hélène, elle déclenche par personne interposée un conflit légendaire qui va durer dix années. Pour mémoire, précisons que certains épisodes fameux de cette Guerre (telles la ruse du Cheval de Troie ou les prophéties de Cassandre) ne figurent pas dans « L’Iliade » mais bien – huit siècles plus tard – dans « L’Énéide » de Virgile : attribuée à un mystérieux poète aveugle (selon le sens du mot grec Homèros), « L’Iliade » (composée vers – 800 av. J.-C.) sera couchée par écrit au VIe siècle av. J.-C., sous le règne du tyran Pisistrate.
Dessiné par Pierre Taranzano (adaptateur des « Thanatonautes » de Bernard Werber sur scénario de Corbeyran), l’album – au déroulement largement connu ! – se lit fort agréablement, au gré de séquences limpides bien que sans doute trop académiques. Mais est-ce un véritable grief lorsqu’on parle de l’époque classique de la Grèce antique ? Gageons que cette collection au trait clair et réaliste gagnera donc sans difficultés le cœur des amateurs de mythes et légendes, ainsi que celui des enseignants et des élèves auxquels elle se destine avec une sereine justesse.
Comme le veut la tradition, pour clore cet article, revenons plus en détails (en compagnie de Pierre Taranzano) sur la genèse du projet :
Comment se retrouve-ton impliqué dans un projet de ce type, qui plus est avec Luc Ferry ?
P. Taranzano : « C’est Benoît Cousin, le directeur de collection avec qui j’avais déjà travaillé sur « Les Thanatonautes », qui me l’a proposé ; je lui avais parlé de mon envie ancienne de faire de l’Heroic fantasy mais aussi de la difficulté à trouver de nouvelles histoires intéressantes et originales, après le déferlement de séries HF dans les années 90 et 2000. Avec « L’Iliade », je suis servi, c’est un peu un retour aux sources du genre ! Je n’ai cependant pas travaillé directement avec Luc Ferry ; c’est plutôt Clotilde Bruneau, la scénariste, et Didier Poli, le directeur artistique de la série, qui sont en contact avec lui. »
Des souvenirs d’école ou la nécessité de relire ces classiques avant de dessiner les différents protagonistes ?
P. Taranzano : « Je n’avais jamais lu « L’Iliade » ; je la connaissais uniquement de manière indirecte au travers des diverses adaptations, donc très mal. J’ai commencé par lire un livre de Luc Ferry traitant de la mythologie grecque en général, histoire de me mettre dans le bain. Ensuite, je me suis documenté en cours de route, d’abord sur le contexte historique et archéologique avant de me plonger dans le texte d’Homère proprement dit. Contrairement à beaucoup de lecteurs, je l’ai trouvé passionnant, malgré, il est vrai, quelques longueurs dans les batailles. C’était en tout cas absolument nécessaire de le lire pour se mettre dans l’ambiance et surtout pour y puiser des informations et des détails visuels issus des descriptions. »
3 albums sont prévus pour adapter « L’Iliade »… Et après ?
P. Taranzano : « On verra bien ! Pas mal de projets mais rien de définitif pour l’instant… »
Philippe TOMBLAINE
« L’Iliade T1 : La Pomme de discorde » par Pierre Taranzano, Clotilde Bruneau et Luc Ferry
Éditions Glénat (14,50 €) – ISBN : 978-2-344-00166-0
« Prométhée et la boîte de Pandore » par Giuseppe Baiguera, Clotilde Bruneau et Luc Ferry
Éditions Glénat (14,50 €) – ISBN : 978-2-344-00164-6