Charlie hebdo : renaissance !

Malgré la disparition des grandes signatures, dessinateurs, mais aussi rédacteurs, le journal tient bon le rythme hebdomadaire avec l’aide de nouveaux venus et de jeunes pousses qui parviennent à occuper sans rougir les 16 grandes pages. Sans bousculer l’architecture du journal, l’équipe conduite par Riss, perpétue avec talent la politique coup-de-poing initiée dès 1969, conduite par les nombreux disparus qui ont brillé dans ses pages. Un exploit côté dessin lorsque l’on sait que seuls Riss et Willem représentent l’ancienne équipe, Catherine se contentant d’un strip vertical hebdomadaire, « Scènes de la vie hormonale », après avoir pris la décision d’abandonner le dessin politique.

Après la publication de son n° 1178 du 14 janvier 2015, une semaine après l’attentat terroriste qui a laissé la rédaction de l’hebdomadaire exsangue, Charlie hebdo a pris un temps de réflexion avant de reparaître régulièrement. La couverture « Tout est pardonné » de Luz a fait le tour du monde.

C’est de nouveau Luz qui signera la Une du numéro suivant, présent en kiosques le 25 février 2015. Les départs annoncés du docteur Peloux et de Luz ne facilitent pas les choses pour Riss, nouveau directeur de la publication, lequel s’appuie des nouveaux venus, dont certains ne sont pas des inconnus.

C’est le cas pour Philippe Vuillemin, jadis débutant dans Hara Kiri (et L’Écho des savanes) où il a livré par la suite son contesté « Hitler = SS ». Il a proposé quelques dessins de soutien au journal avant d’illustrer la rubrique « Entretien avec… ». Sa collaboration s’intensifie avec des couvertures, des dessins, des BD… La présence régulière de ce digne héritier de Reiser permet à Charlie hebdo d’offrir à ses lecteurs une signature de premier plan, qui sans remplacer les disparus, témoigne de la volonté du journal de ne pas s’endormir sur l’après « Je suis Charlie ».

Trois jeunes dessinateurs jusqu’alors timidement limités à la livraison de quelques gags discrets ont aussi tiré leur épingle du jeu, faisant preuve d’une formidable créativité.

— Corinne Rey, née en 1982 à Annemasse, alias Coco, collaboratrice des Inrocks, de L’Écho des savanes, du Psikopat, de L’Humanité… et du « 28 minutes » d’Arte, se jette dans le bain dès les premiers numéros. Elle n’hésite pas à se frotter aux grandes pages dessinées, aborde avec aisance le dessin politique, le reportage dessiné, accède aux couvertures. En une année, son trait s’affirme, ses audaces aussi bien scénaristiques que graphiques n’ont rien à envier à ses illustres aînés.

— Walter Foolz, qui signe uniquement de son nom, né en 1972 à Orléans, collaborateur de l’excellent CQFD, bourreau de rings comme il est catalogué sur la toile, possède un trait plus rugueux, mais d’une redoutable efficacité. Son dessin brut de décoffrage le situe entre Gébé et Honoré, d’accès pas facile, mais indispensable dans Charlie hebdo qui a toujours aimé cette présence plus graphique dans ses pages.

— Dernier arrivé, Pierrick Juin, 28 ans, originaire de Nancy, membre du collectif lorrain Schelps, collaborateur de L’Est républicain, de Corse matin et de Fluide glacial, propose quelques dessins indépendants avant d’aborder des travaux plus ambitieux : plus particulièrement la rubrique consacrée aux comptes rendus des audiences de tribunaux.

S’il n’a pas encore tout à fait la classe d’un Tignous, son dessin progresse vite, conduisant même la rédaction à lui confier des couvertures.

Nous ne terminerons pas ce tour d’horizon sans saluer l’arrivée de nouvelles plumes talentueuses… et le retour du chanteur Renaud qui, de nouveau, jette l’encre.

Henri FILIPPINI         

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Une réponse à Charlie hebdo : renaissance !

  1. coco dit :

    Bonsoir M.Filippini,
    Je viens de vous lire… je voulais juste vous dire combien j’étais touchée, et combien ça fait plaisir de lire ces lignes. L’année 2015 a été extrêmement dure, on revient de loin. Néanmoins, ça a toujours été, et c’est plus que jamais, un plaisir et une fierté de pouvoir nous exprimer et progresser tous dans Charlie. Nous avons retrouvé un rythme, une bonne ambiance de travail et nous sommes soudés. Le journal est notre moteur, la passion du dessin aussi : c’est ce qui nous rassemble, nous anime.
    Je suis heureuse de lire que vous avez « senti » tout ça.
    Merci de nous donner la patate: on l’a, mais un peu plus, c’est toujours bon à prendre.
    coco

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