Après leur collaboration remarquée sur « Sangoma », le romancier Caryl Férey et le dessinateur Corentin Rouge retravaillent ensemble, pour notre plus grand plaisir ! Dans ce qui sera une trilogie de pas moins de 450 pages angoissantes (le tome 1 en contient déjà 150), la crise migratoire s’est amplifiée et touche désormais le continent européen victime de multiples catastrophes. D’innombrables réfugiés venus de tous pays — ayant sûrement fui les changements climatiques, les guerres ou les pandémies — s’amassent au port du Havre… Dans ce lieu de transit, ils espèrent accéder aux rares bateaux qui pourront les embarquer, via l’Écosse, en destination de l’hypothétique salut que représente l’Islande : unique contrée épargnée, mais pour combien de temps encore ?
Lire la suite...Archives mensuelles : février 2024
« Missak, Mélinée et le groupe Manouchian » : aux grands hommes (et femmes), la patrie reconnaissante…
Demain, 21 février, Missak Manouchian (ainsi que son épouse, Mélinée), fera son entrée au Panthéon. Un symbole de la Résistante intérieure française, consacré au nom de tous ses camarades communistes, 80 ans jour pour jour après leur exécution : 22 hommes et une femme, presque tous étrangers et juifs, qui ont donné leur vie en combattant l’Allemagne nazie. Après l’incontournable « Madeleine, résistante », Jean-David Morvan retrouve la prestigieuse collection Aire libre pour sa première collaboration avec le dessinateur arménien Thomas Tcherkézian : un portrait tragique en 160 pages des martyrs de l’« Affiche rouge », devenus des éléments médiatiques de notre mémoire collective.
« Strangers » célèbre ses 20 ans !
Si on vous posait la question « Quelle est la BD française qui comprend plus de 60 albums, traduite aux États-Unis, et qui célèbre cette année ses 20 ans d’existence ? », il y a de fortes chances pour — qu’après avoir éliminé nos « Astérix » ou « Lucky Luke » —, vous déclariez forfait. La réponse n’est, en effet, pas évidente, car sortant totalement des sempiternels sentiers battus. Il s’agit de « Strangers » (créée par le scénariste Jean-Marc Lofficier), et gageons que de vous avoir donné cette réponse ne doit pas vous en dire beaucoup plus sur le sujet, vu la relative confidentialité de cette série… alors que le cinquième album de la saison 6 vient de sortir chez Hexagon Comics !
Charles Masson, touchant et poétique, dans « Sept Vies à vivre » !
Le médecin oto-rhino-laryngologiste et auteur de bandes dessinées Charles Masson (1), toujours sensible aux destinées des plus humbles — ceux qu’il appelle « ceux qui n’ont rien » ou encore « les gens de rien » —, nous raconte le sort de René : un Savoyard qui réside en reclus dans le massif inhospitalier des Bauges où il est né, habitant avec ses parents qui ont donné naissance à neuf enfants, dont il est le cadet. À la suite de la perte de sept de ses frères et sœurs en bas âge — on n’avait, alors, pas su les soigner —, il va ressentir le besoin profond de vivre pleinement une vie pour chacun d’entre eux. Un récit aussi délicat qu’altruiste qui balaye le XXe siècle avec malice et sincérité, enluminé par un beau graphisme à l’ancienne : dans la lignée d’un Pinchon ou d’un Rabier !
On n’est pas sérieux quand on a 13 ans…
Lucas est un élève timide, introverti et même harcelé au sein de son collège. Et pourtant il subit aujourd’hui ces brimades avec un large sourire car aujourd’hui, c’est son anniversaire : il a 13 ans ! Et dans sa famille, le jour de son 13e anniversaire, on peut utiliser une pierre capable d’exaucer tous les souhaits. Seulement rien, mais vraiment rien, ne se passe comme prévu en ce jour particulier pour l’encore immature Lucas.
Bananas n° 16 : un plongeon audacieux dans l’histoire de la bande dessinée !
Pour son unique livraison annuelle, la revue d’Évariste Blanchet ne manque pas d’audace, en proposant un voyage passionnant dans le passé de la bande dessinée. Audace, avec en couverture un portrait pleine page de la dessinatrice Janine Lay, dont nous étions sans nouvelle depuis près de cinq décennies. Et ce n’est qu’une partie de ce numéro, non pas seulement nostalgique, mais aussi riche en découvertes…
De drôles d’histoires au cœur des maisons…
C’est une incroyable charge que de devoir vider – en triant ce qu’elle contient – une maison, dont on hérite. C’est plus simple quand on ne connait pas les anciens propriétaires. C’est ce qui arrive à Élise qui achète pour pas cher une maison, pour fuir Paris et s’y installer avec son fils. Elle appelle en renfort ses parents pour l’aider à faire le vide…
Une étude approfondie sur les BD pour adultes de Losfeld : « Barbarella », « Jodelle », « Epoxy » et autres « Lone Sloane » ou « Saga de Xam » !
Entre 1964 et 1973, dans sa maison d’édition Le Terrain vague, Éric Losfeld a développé une collection de livres de bandes dessinées pour adultes : une démarche plus que singulière, à une époque où cette forme d’expression paraissait principalement dans des magazines et s’adressait majoritairement à un public jeunesse. Inauguré par « Barbarella » de Jean-Claude Forest (un ouvrage très vite interdit à l’affichage, la publicité et la vente aux mineurs, avant que son contenu devienne un film mythique avec Jane Fonda), cet espace éditorial d’un genre nouveau comptera 19 titres qui ont participé à l’éclosion d’une bande dessinée différente : c’est ce que démontrent parfaitement les recherches fouillées de Benoît Preteseille.
Rémy Bourlès : élégance et finesse du trait ! (première partie)
C’est à l’âge de 35 ans que le Brestois Rémy Bourlès abandonne le dessin de mode, où il excelle, pour la bande dessinée. Dans un premier temps, uniquement pour survivre sous l’Occupation, ensuite par passion. Ceci malgré un rythme infernal de travail, souvent peu compatible avec le désir de bien faire. Injustement oublié, comme bien d’autres créateurs de sa génération, Rémy Bourlès méritait bien ce nouveau chapitre de notre rubrique « Patrimoine ».
Zoom sur les meilleures ventes de BD du 14 février 2024
Février n’est jamais un mois très favorable en terme de ventes pour le 9e art et on ne retrouve plus que deux représentants du genre dans le « Top 20 GfK/Livres hebdo » tous genres confondus : « My Hero Academia » T38, qui s’empare de la 2e place et « Astérix » T40, 12e. Et même si quatre titres font leur entrée dans le « Top 20 BD », dont le récent Fauve d’or du festival d’Angoulême (« Monica » de Daniel Clowes), il convient de bien nuancer les contours de ces arrivées…
« Le Fauve de Corleone » : quand la mafia voit rouge…
Il aurait pu consacrer son existence à cultiver les champs de sa Sicile natale. Il devint le plus sanguinaire des parrains de Cosa nostra : jusqu’à diligenter les attentats de 1992 contre les juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Des actes de guerre qui précipitèrent sa chute… Jean-David Morvan narre, avec brio, le destin criminel de Toto Riina : terreur hors-normes d’une Italie prisonnière de ses propres valeurs morales.