L’auteur de « La Femme à l’étoile », son précédent roman graphique qui a été plébiscité par la critique, a grandi avec le western et ne renie absolument pas cet univers qui l’a construit en matière d’influences et qu’il a tant de plaisir à dessiner. D’ailleurs, ça se sent dans ce nouvel album : les planches sont magnifiques… C’est l’histoire énigmatique, en 1893, d’un jeune gardien de troupeaux texan qui revient chez lui à bride abattue, au milieu d’une cohorte de mustangs, après avoir appris la découverte du corps de sa mère, noyée lors d’une crue subite. De retour au village, il va retrouver deux hommes qui ont aimé sa mère et qui voient en lui un héritier… ou peut-être un fils ?
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Zoom sur les meilleures ventes de BD du 15 mars 2023
Toujours atteint d’immobilisme, le « Top 20 BD » n’accueille qu’une seule entrée : « Latah », de Thomas Legrain. Ça bouge un peu plus dans le « Top 20 GfK/Livres Hebdo » tous genres confondus, parutions de mangas obligent, avec les arrivées de « Solo Leveling » T9 (1er), « Hunter X Hunter » T37 (4e), « Tokyo Revenger »T23 coffret collector (5e), « Dragon Ball Super » T19 (8e), que l’on retrouve aux cotés d’« Astérix : L’Empire du milieu » (11e) ; « Le Monde sans fin » quittant, pour sa part (et pour un instant seulement ?), le palmarès généraliste.
« Passe-moi l’ciel » : un esprit saint dans des dessins…
Accueillir les morts quotidiennement aux portes du Paradis ? Un enfer, qui voit souvent saint Pierre excédé et prêt à rendre ses clés ! Créée par Stuf et Janry en 1990, dans Spirou Magaziiiine, interrompue en 2015 et relancée depuis 2019, la série « Passe-moi l’ciel » s’enrichit d’un huitième album ce mois-ci. L’occasion de retracer la vie d’un univers épicé où seul l’humour (au poivre noir) et les gags (sacrés salés) demeurent éternellement en odeur de sainteté…
Quand Florence Cestac raconte le passage à l’Éducation nationale d’Albert Algoud, c’est évidemment loin d’être triste et conventionnel…
En 1978, Albert Algoud — qui officia à la grande époque de Hara-Kiri ou de Canal+ aux côtés d’Antoine de Caunes — est alors âgé de 28 ans et vient d’être nommé, en tant que professeur de français, dans un collège en Haute-Savoie. Il va s’y révéler un enseignant autant inventif que potache, et va marquer, durablement et positivement, une bonne partie de ses élèves ! Notamment, en leur donnant le goût de la lecture, car il multiplie les idées originales pour éveiller l’esprit de ces jeunes écoliers. C’est cette tranche de vie iconoclaste d’un prof de province fraîchement diplômé — qui va donc devenir ensuite une sorte de clown à la télévision — que transpose en BD Florence Cestac, avec son humour habituel et son dessin « gros nez » toujours aussi vivant et gai…
Bizarre autant qu’étrange : la quête du docteur Harryhausen contre les monstres de l’éther…
Le spiritisme était à la mode dans l’Europe de la Belle Époque, et particulièrement dans l’Angleterre victorienne. Pour le docteur Harryhausen, les spirites et leurs adeptes sont tous des sots qui ne voient pas que la Terre est menacée par un danger imminent : l’émergence de monstres venus d’une dimension parallèle, l’éther. C’est dans le deuxième volume du diptyque « Homunculus » qu’il réussit à éviter l’apocalypse.
« Succès damné » : jusqu’où iriez-vous pour trouver le succès ?
L’heroic fantasy demeure le domaine de prédilection du scénariste Christophe Arleston. Il persiste et signe — une fois encore — avec ce nouvel album. « Succès damné » nous permet de retrouver le Danthrakon : grimoire ancien aux pouvoirs immenses, protagoniste d’une trilogie imaginée par Arleston que ses fidèles lecteurs n’ont pas oublié. Voilà unalbum pétillant de vie et de bonne humeur, à déguster sans tarder.
La jeunesse rebelle de Gisèle Halimi…
On connait tous Gisèle Halimi (1927–2020), l’avocate politiquement engagée, altermondialiste, défendant les femmes contre les abus masculins, notamment lors de procès liés à des viols (désormais, grâce à elle, considérés comme des crimes), favorable au droit à l’avortement, inlassablement du côté des droits et de l’égalité homme/femme… Mais on connait moins – ou pas – sa jeunesse et cette éducation tunisienne qui la construitet et contre laquelle elle se révolte : et c’est tout l’intérêt de l’album « Gisele Halimi : une jeunesse tunisienne » signé par Sylvain Dorange et Danièle Masse.
« La Légion étrangère » : Joël Laroche, l’ami discret d’Hugo Pratt…
Lorsqu’un ouvrage évoque les débuts d’Hugo Pratt en France, les noms de Claude Moliterni, Georges Rieu ou encore Jean-Paul Mougin sont les plus souvent cités. Celui de Joël Laroche, beaucoup moins. Éditeur — en 1971 — du premier album au monde de « Corto Maltese » (intitulé simplement « Corto Maltese »), il rend un nouvel hommage à son ami, 52 ans plus tard, avec la publication de « La Légion étrangère » : courte série réalisée en Argentine par le maître vénitien, en 1954.
Zoom sur les meilleures ventes de BD du 8 mars 2023
Ça bouge très peu dans le classement des meilleures ventes de bandes dessinées, lequel n’accueille aucune nouvelle entrée. Cela n’empêche pas « Astérix – L’Empire du milieu » de poursuivre sa success story (50 000 ventes sourcées edistat.com) et « Le Monde sans fin » son fabuleux destin, dans le « Top 20 GfK/Livres Hebdo » tous genres confondus : les deux titres se plaçant respectivement 2e (juste devant « Dragon Ball » T19 – 30 000 exemplaires cumulés) et 19e du palmarès généraliste..
Le troisième tome du cycle des Sorcières de la « Complainte des landes perdues » : mystères et bulles de gomme !
Une sommitale minutie du trait confère au réalisme épanoui de Béatrice Tillier un aspect d’enluminures, de surcroît mis en valeur par un pertinent jeu chromatique, un jus d’aquarelle en couleurs directes aux antipodes de la facilité numérique comme de l’ascétisme de la ligne claire : un brio prénommé Béatrice.
« La Chambre des officiers » : la guerre sans visage…
Aux premiers jours des affrontements de 1914, Adrien Fournier est défiguré par un éclat d’obus… Devenu une gueule cassée, il vit une guerre entre parenthèses, se reconstruisant dans une chambre du Val-de-Grâce, réservée aux officiers du génie. Adaptant le roman de Marc Dugain (1998), pour le label Grand Angle, Philippe Charlot et Alain Grand traduisent à merveille l’atmosphère psychologique d’une vie d’infortune : 72 pages pour raconter une existence à la fois brisée et tournée vers l’avenir, amour aidant, sous le regard des autres…