Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...Archives mensuelles : janvier 2021
La fake story de Pendanx et Galandon !
Les fake news ne sont pas l’apanage de notre époque et des réseaux sociaux : en 1938, aux États-Unis, un certain Orson Welles avait réussi à faire croire à l’invasion des extraterrestres avec sa pièce radiophonique, basée sur « La Guerre des mondes » d’H. G. Wells, diffusée sur la CBS. Cette granguignolesque fausse information, l’une des premières de cette envergure, montre bien comment l’information en direct peut nous manipuler : et leur prolifération aujourd’hui ne peut être qu’anxiogène. Le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Jean-Denis Pendanx ont conjugué leurs talents pour mettre en bande dessinée ce qui est annoncé comme le roman d’un enquêteur nommé Douglas Burroughs.
Prix Artémisia 2021 pour « Moi, Mikko et Annikki » !
« Moi, Mikko et Annikki », c’est l’histoire d’un jeune couple qui s’installe dans le quartier d’Annikki : l’un des rares îlots historiques préservés de Tampere, dans le sud de la Finlande (à 180 kilomètres d’Helsinki). Il rejoint les autres habitants en lutte contre les prétentions de promoteurs immobiliers qui veulent détruire leurs maisons traditionnelles, avec la complicité des élus. Pacifiquement et de façon très déterminée, les habitants résistent pour sauver leur patrimoine qui est aussi celui de leur pays…
« Patrick Dewaere… » : préparer ses mouchoirs ou se souvenir des belles choses ? Les deux, et plus…
Portrait inattendu, vif et sensible d’un acteur finalement culte, cet album consacré à Patrick Dewaere est une preuve qu’il n’est pas oublié, après si longtemps. On connaissait peu les aspects privés, familiaux et intimes, qui ont forgé sa personnalité et même sa destinée. Sa jeunesse chaotique, aussi traitée par l’ouvrage de Maran Hrachyan et Laurent-Frédéric Bollée, explique sa sensibilité à fleur de peau, y compris en ressort artistique, derrière l’apparence du fort en gueule, du révolté. Sont explorées avec justesse ses rencontres professionnelles, avec les Blier, Sautet, Boisset, Corneau et les autres, qui nous apprennent beaucoup sur la fabrique des films et la construction d’un acteur instinctif, qui donnait tout. Un très bel album, émouvant et parfois drôle, qui nous tient par bien des aspects et qui ne nous lâche pas. Il donne envie de revoir ses films, souvent marquants.
« Et on tuera tous les affreux » : et de quatre !
De 1946 à 1950, Boris Vian a écrit quatre romans noirs à l’américaine sous le pseudonyme Vernon Sullivan, dont les éditions Glénat proposent la version BD pour notre plus grand plaisir. Le quatrième album arrive : à la fois plus déjanté et plus fantastique que les précédents. Humour noir et érotisme sont au rendez-vous, magnifiés par les dessins d’un maître du genre : l’Argentin Ignacio Noé.
Let’s go pour Albuquerque !
Malgré la référence mythologique nordique (le Valhalla, c’est en gros le palais paradisiaque auquel ont droit les valeureux guerriers trucidés au combat), c’est aux États-Unis qu’on part, de nos jours et sur les chapeaux de roue ! Autant commencer l’année 2021 tambours battant et asphalte chauffant ! Alors,let’s go pour une trilogie drôle et décapante que le premier tome inaugure avec brio.
« 1984 » de George Orwell : une puissance dystopique élevée au carré !
Publié en 1949, le « 1984 » de George Orwell n’a jamais rien perdu de son actualité, en devenant l’incontournable référence en matière de récit d’anticipation dystopique. Dans une Angleterre uchronique doublement issue de la Guerre froide et d’une Troisième Guerre mondiale, Winston Smith est un employé londonien du Ministère de la Vérité, quotidiennement occupé à falsifier les archives historiques. Constamment surveillé, il tombe néanmoins amoureux de Julia et bascule dans la clandestinité face au régime tyrannique de Big Brother. Passé dans le domaine public en ce début 2021, « 1984 » marque notablement l’actualité avec pas moins de… quatre adaptations BD différentes ! Allumez votre télécran, il n’y aura pas d’échappatoire : « Big Brother is reading you »…
« Le Spirou de… T17 : Pacific Palace » : notes d’amour en eaux troubles pour Christian Durieux…
Plus dynamique que jamais, la série parallèle « Le Spirou de… » s’enrichit régulièrement d’admirables pépites, comme l’a encore prouvé le récent et très référentiel « Spirou chez les Soviets » (par Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin). En ce début d’année 2021, c’est au tour de Christian Durieux de livrer sa vision des aventures de Spirou et Fantasio avec un one shot de 80 pages titré « Pacific Palace ». Dans ce 17e opus hommage à la série d’origine, l’auteur des « Gens honnêtes » (scénario de Jean-Pierre Gibrat ; Dupuis, 2008-2014) développe une intrigue politico-policière autour d’un hôtel à priori paisible. Une fois n’est pas coutume, l’établissement accueille Iliex Korda : le dictateur déchu d’un petit pays des Balkans, venu se ressourcer en toute discrétion… Sa fille, l’envoûtante Elena, ne manque pas d’attirer l’attention de nos héros, lesquels tentent aussi de comprendre ce qui se trame sous les lumières feutrées du palace. Huis clos installé en trois jours et trois nuits, cet album est une composition trouble et subtile, sur laquelle flotte les notes de la fable romantique douce amère… Une invitation onirique et musicale, commentée par l’auteur dans notre chronique.
« Le Jardin, Paris » : tolérance de la différence et révélation d’une talentueuse jeune autrice…
Après un premier album jeunesse qui parlait déjà du thème de la différence de façon très originale (« Les Fleurs de grand frère » publié également chez Delcourt, en 2019), le grand public va pouvoir découvrir, avec « Le Jardin, Paris » proposé dans la belle collection Mirages, toute la sensibilité de Gaëlle Geniller : une créatrice aux propos justes sur l’ambiguïté sexuelle, maîtrisant narration et graphisme, et imposant ses propres tons et atmosphères.
Décès de Norma : l’hécatombe se poursuit en 2021…
Après une fin d’année catastrophique en disparitions de dessinateurs, l’hécatombe se poursuit dès le premier jour de 2021. Norma, dessinateur du fameux « Capitaine Apache » est décédé à l’âge de 74 ans, à Angoulême où il résidait depuis de longues années. Clap de fin pour un dessinateur réaliste populaire à la carrière injustement en dent de scie.
Un paresseux pas si paresseux qui veut voir le monde : entretien avec Jean-Luc Cornette…
Jean-Luc Cornette est le scénariste d’un très bel album jeunesse : « Morphée le petit paresseux pas si paresseux », publié en Guyane par l’éditeur régional Plume verte. Il nous en apprend beaucoup sur ce mammifère attachant et sur son écosystème dans un entretien mené tambour battant. Vous y apprendrez notamment comment vous procurer l’album en métropole.