Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« Les Chroniques du roi vagabond T1 : Le Premier Mensonge » par Raul Moreno, Oscar Martin, Sergio Seydas et Alvaro Prieto
Enfin du nouveau en heroic-fantasy ! Voici une excellente série avec beaucoup d’actions, de la magie, et un héros solitaire et tourmenté dans un univers désertique régi par d’étranges lois. Tous les éléments de la quête d’un charismatique prince vagabond se mettent patiemment en place dans ce premier volume d’une trilogie de fantasy fort intrigante.
Ori est un jeune homme décidé. Il s’est choisi la vie qu’il voulait vivre, faite d’aventures et d’incertitudes.
Avec Angelina, son amie, il parcourt le vaste monde à la recherche d’artefacts magiques ou d’anciennes reliques.
Aventurier moderne et érudit, il déchiffre les langues anciennes dans de très anciens ouvrages pour dénicher les pistes de trésors inconnus.
C’est dans une taverne, alors qu’il est plongé dans les arcanes de l’Atlas céleste, que son passé se rappelle à lui.
Un vieil homme, le commandeur Augur, est porteur de très mauvaises nouvelles : le père d’Ori est mort assassiné et ses amis sont en danger. Il laisse Ori résoudre seul un cruel dilemme : poursuivre son existence insouciante, hantée par la culpabilité ou retourner dans sa ville d’origine pour venger les agressions contre son clan. A-t-il vraiment le choix ?
Dressée au milieu d’un désert inhospitalier, la cité des échangeurs est une métropole à la violence contenue par le partage du pouvoir entre trois clans, trois sectes, dont les membres sont reconnaissables à la couleur de leurs tenues. La secte bleue apporte l’ordre, la secte blanche protège la santé des citoyens, quant à la secte rouge, elle dispense l’éducation. Le chef de la secte rouge était le père d’Ori, un roi écarlate bien mystérieusement disparu. Le prince devenu vagabond doit comprendre les raisons de la chute des siens et protéger les survivants : la belle Uma, son ancienne promise, son cousin Baran et son ami Corvi, le bourreau de la secte rouge.
Méthodique, Ori mène une quête incertaine, au milieu des violences claniques inhérentes à la cité, mais aussi de sombres luttes de pouvoir et de complots dans les plus hautes sphères e l’état. Cultivé, racé, excellent combattant, rien ne semble pouvoir l’arrêter dans sa quête de la vérité et dans l’accomplissement d’une vengeance implacable.
« Les Chroniques du roi vagabond » renouvelle le genre de l’heroic-fantasy qui a connu son heure de gloire, il y a une vingtaine d’années avec des séries à succès comme « Lanfeust » et ses succédanés. Un quatuor d’auteurs espagnols a construit un monde original et cohérent, entre la fantasy et le space opera – voir l’utilisation d’un scooter volant au début de l’album — dans lequel un héros déterminé poursuit une quête dont les différents éléments ne sont fournis que petit à petit au lecteur.
Les rebondissements sont vraiment surprenants, les personnages ont des caractères complexes et l’intrigue est bien menée avec ce qu’il faut d’humour, pour faire sourire, parfois, le lecteur attentif. Sur ce bon scénario d’Alvaro Prieto, le dessin moderne de Raul Moreno — aidé en cela par le story-board d’Oscar Martin — apporte dynamisme dans les scènes de combat et justesse dans la création de décors urbains ou des grands espaces désertiques. Importantes dans un album où se sont les couleurs qui différencient les groupes, le travail de Sergio Seydas sur des teintes ton sur ton, orangés dans des pages orientalisantes, opposition de bleus et de rouges dans les séquences urbaines, est remarquable. Nul doute que toutes ses qualités soient confirmées dans les volumes suivants de cette nouvelle saga de fantasy.
Un petit mot pour terminer cette chronique sur le deuxième volume de la série « Haïda » de Séverine Gauthier et Yann Dégruel, librement inspirée de la culture et de la mythologie des Indiens Haïda, un peuple qui vit sur un archipel canadien dans l’océan Pacifique. Après un récit sur les baleines qui nous avait beaucoup plu (voir notre article ici), de jeunes Indiens inconscients du danger, s’approchent cette fois des ours de la forêt…
Loin des légendes amérindiennes et de l’heroic-fantasy du « Roi vagabond », nous nous pencherons la semaine prochaine sur une famille fantastique plongée dans un délire de science-fiction.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Les Chroniques du roi vagabond T1 : Le Premier Mensonge » par Raul Moreno, Oscar Martin, Sergio Seydas et Alvaro Prieto
Éditions Delcourt (14,50 €) – ISBN : 978-2-7560-5297-7
« Haïda T2 : Frères ours » par Yann Dégruel et Séverine Gauthier
Éditions Delcourt (10,95 €) – ISBN : 978-2-7560-8017-8