Le personnage de Petit Vampire a vu le jour en 1999 dans un album de Joann Sfar publié aux éditions Delcourt. Depuis, il a migré avec tous ses amis vers les éditions Rue de Sèvres, pour trois belles aventures de 2017 à 2019. Six ans après, il nous revient dans deux petits albums pour la jeunesse, toujours sous la direction de Sfar, mais avec une nouvelle équipe au scénario et au dessin : 60 pages de lecture amusée et tendre, à chaque fois, pour la suite d’une série qui ne nous déçoit jamais.
Lire la suite...Jodorowsky’s Dune

Le documentaire racontant la production et le désastre de l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Frank Herbert par Alejandro Jodorowsky en 1974 vient de sortir, grâce au distributeur Nour Films. Ce film franco-américain de 90 minutes est réalisé par Frank Pavich (déjà auteur du documentaire « N.Y.H.C. » et responsable de production sur la série « Paranormal State »). Et le succès est au rendez-vous puisque « Jodorowsky’s Dune » collectionne déjà les prix dans les festivals cinéma du monde entier. Retour sur un beau documentaire et sur toute une époque à l’occasion de sa sortie dans différentes salles de l’Hexagone…
Le gros du documentaire consiste bien sûr en une interview-fleuve de Jodorowsky.
Il y égrène la chronologie de la monstrueuse superproduction. On voit le projet grossir à vue d’œil, s’enrichissant de personnalités définitives et indispensables des 70s’, ses « guerriers » selon sa propre expression : le producteur Michel Seydoux, les illustrateurs Moebius, Foss, Giger, le spécialiste des effets spéciaux Dan O’Bannon, les acteurs Orson Welles, David Carradine, Mick Jagger, Amanda Lear et même Salvator Dali (!), les musiciens Tangerine Dream, Mike Oldfield, Pink Floyd et Magma…
Leurs interviews montrent la détermination des protagonistes, tous prêts à révolutionner l’histoire du septième art, mais pas que…
Ce film aurait changé la face du monde en faisant ressentir les effets du LSD, sans faire usage de drogue. Un trip cosmique et global. Une expérience qui devait élargir la conscience de toute une génération, trois ans avant « Star Wars »…
Un chef-d’œuvre digne du « 2001 » de Kubrick, mais plus grand public et moins abscons…
Malheureusement, la production française perd pied. Il faut du capital américain. Et les grands studios d’Hollywood se méfient de la personnalité de Jodorowsky, déjà réalisateur des extraordinaires, mais quand même bien barrés, « El Topo » et « La Montagne sacrée ».
Pensez-vous, son « Dune » doit durer 12 heures ! Les Américains se dérobent.
En revanche, le scénario et les idées visionnaires des exemplaires du story-board confiés par Jodo, ils ne les oublieront pas, y puisant pendant des décennies la matière, le « Mélange » dirait Herbert, pour la production de toute une génération de blockbusters plus commerciaux.
Au détour de ce dramatique kidnapping artistique, Jodo se dévoile, enthousiaste, anéanti, colérique…
Mais l’homme a de la ressource et reste créatif : les visions sublimes de son film avorté, il les cannibalisera lui-même dans ses futures BD : « L’Incal » (toujours avec Moebius), « Les Méta-barons » (avec Juan Giménez).
« Jodorowsky’s Dune » est un documentaire formidable, incroyable.
Jodorowsky y est égal à lui-même, brillantissime, passionnant, hypnotique, alternant le français, l’anglais et l’espagnol.
Le montage alterne les interviews (Jodo, son fils Adan, le producteur Michel Seydoux, Dan O’Bannon, Chris Foss, Giger, Amanda Lear, le réalisateur-magicien Richard Stanley…), les images d’archives (Carradine, Dali, Orson Welles, Mick Jagger…), les dessins fantastiques de Moebius, Giger, Foss… mais surtout nous permet d’appréhender l’incroyable talent visionnaire de l’équipe grâce à de longues séquences animées du story-board de Jodo et Giraud.
Des moments de magie pure… et le plus beau film mort-né du monde s’incarne l’espace de quelques instants. Tragédie…
Souhaitons que l’avenir donne sa revanche au réalisateur. Peut-être un producteur montera-t-il un jour cette œuvre maudite et démentielle de façon moins coûteuse, à l’aide d’images 3D ?
Peut-être serons-nous un jour enfin illuminés par « l’épice gériatrique » de Jodorowsky ?
Jean DEPELLEY
Ce film est superbe pour tout amateur de BD.
Une petite salle parisienne propose en ce moment les films de Jodo, dont El Topo, vu hier soir.
A ce sujet, Glénat sort dans un mois environ « Les fils d’El Topo. » C’est la suite directe du film (sorti en 1970), dessinée par Ladronn (Final Incal)