Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Your Lie in April » T1 & 2 par Naoshi Arakawa
Kôsei Arima est un garçon cartésien. pour lui, la vie c’est noir ou c’est blanc. Tout comme les touches de son piano, instrument dont il est virtuose. Du moins, l’était, jusqu’à ses onze ans et la disparition de sa mère. Depuis, il subit un blocage psychologique et n’arrive plus à entendre ce qu’il joue. Son ascension fulgurante fut donc stoppée nette, lorsqu’il s’est arrêté de jouer au beau milieu d’un concours. Mais il peut compter sur sa meilleure amie pour le soutenir ou lui faire des coups pendables. Un manga frais et vivifiant.
Devenir un virtuose du piano ne se fait pas en claquement de doigts. Le jeune Kôsei Arima a dû répéter et répéter sous la direction de sa mère, professeur de musique. Gravement malade, elle n’avait pas pu réaliser son rêve : se produire dans les plus grandes salles d’Europe. C’est sur son fils qu’elle projette maintenant ses ambitions. Celui-ci, docile, s’exécute malgré les coups et les brimades. Il réussit là où sa mère a échoué, il remporte concours sur concours, jusqu’au jour fatal ou, emportée par sa maladie, elle disparaît. Puis, c’est le blocage. Maintenant, lorsque Kôsei entreprend un morceau au piano, il finit par ne plus entendre la mélodie, perd le fil et s’arrête.
Au printemps de ses 14 ans, il va être forcé à se remettre en question grâce à un jeune violoniste. Contrairement à lui, elle exprime son ressenti en jouant de son instrument. Elle choisit son tempo, choisit sa manière de jouer et les émotions qu’elle a envie de faire passer au public. Pour elle, un concours n’est pas une finalité qui permet de remporter un prix, c’est plutôt un moyen d’expression sincère qui ouvre vers une vraie reconnaissance de son auditoire et non de ces juges, bien souvent frileux. Fougueuse, elle va emporter le jeune prodige dans son tourbillon créatif. Il va ainsi comprendre que la vie n’est pas faite de règles immuables, mais aussi d’imprévus salutaires.
Véritable succès au Japon, « Your Lie in April » a fait l’objet d’une adaptation en animation disponible en simulcast sur Wakanim. En mangas, la série est complète en onze volumes. C’est surtout l’innocence des protagonistes qui capte l’attention du lecteur. On y retrouve la même fraîcheur et la même insouciance que dans les mangas de Mitsuru Adachi. Le trait est aussi rond, même s’il est plus fin. Seul le thème diffère un peu, la musique au lieu du sport. Bien évidemment, dans le manga, il est difficile d’entendre les sons. Pourtant, on visualise parfaitement les émotions et la plénitude ou l’effort que procurent ces intermèdes musicaux.
Voilà une histoire, somme toute classique, où le dépassement de soi et les plaisirs de la vie s’expriment pleinement. Elle a même reçu le prix du meilleur shônen de 2013, à l’occasion du 37e prix Kôdansha.
Gwenaël JACQUET
« Your Lie in April » T1 & 2 par Naoshi Arakawa
Éditions Ki-oon (6,60€) ISBN T1 : 9782355928093