Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Marvel Comics, 75 ans d’art et de couvertures » par Alan Cowsill
L’ouvrage devait paraître l’année dernière afin de célébrer les 75 ans de Marvel Comics, mais il a finalement été reporté à ce printemps ; l’occasion pour nous de continuer encore un peu les festivités ! Cet art book propose 500 couvertures emblématiques de Marvel sur 320 pages, en grand format, galerie rétrospective qui ravira les fans de la Maison des Idées… surtout les plus jeunes.
Dans son coffret spécialement réalisé pour l’édition française (arborant le fameux « Spider Eye » de Mr Garcin, l’homme qui découpe les comics pour en faire des collages), l’ouvrage a fière allure et s’avère imposant. Et lorsqu’on le survole pour le plaisir des yeux, c’est vrai qu’il y a là quelque chose de réjouissant, à voir toutes ces couvertures signées par les plus grands artistes de Marvel. La structure première du livre est chronologique, se déployant en quatre chapitres correspondant chacun à un Âge des comics (Âge d’Or, d’Argent, de Bronze et enfin Âge Moderne). Mais à l’intérieur de chacun de ces chapitres, l’organisation des couvertures se répartit en « familles » selon les personnages, les séries, avec parfois des regroupements thématiques. À l’intérieur de ces chapitres, encore, des doubles pages sont consacrées à certains des dessinateurs les plus célèbres de la Maison des Idées (Kirby, Ditko, John et Sal Buscema, Byrne, Romita Senior et Junior), l’occasion d’admirer des reproductions de dessins originaux. Enfin, nous trouverons aussi deux séquences se penchant sur les étapes de création des couvertures de « Nova » #1 et de « Black Panther » #1.
Comme le dit l’auteur dans sa courte introduction (qui fait suite à la préface d’Adi Granov), choisir 500 couvertures parmi toutes celles qui ont été créées depuis la naissance de Marvel relève de la gageure, ces choix étant par essence un minimum subjectifs, au-delà des incontournables historiques qu’on ne peut laisser de côté. Mais on peut dire que Cowsill a plutôt fait du bon boulot, l’essentiel étant là , même si ses choix sont clairement orientés vers l’Âge Moderne (un peu trop, même, j’y reviendrai dans le dernier paragraphe). De la couverture du « Marvel Comics » #1 d’octobre 1939 à celle de « X-Men » #1 de juillet 2013, tous les plus grands super-héros Marvel sont présents, avec des couvertures sélectionnées pour leur beauté intrinsèque ou pour l’importance historique d’un épisode, d’un arc, d’une période qu’elles représentent (ou pour les deux, l’un n’empêchant pas l’autre, c’est au contraire souvent le cas !). C’est un vrai bonheur que d’admirer tout cela, nous faisant replonger dans des aventures mythiques par le souvenir, et dressant une galerie d’artistes assez exceptionnels. Chaque couverture est commentée par l’auteur, ce qui permet de remettre un peu les choses dans leur contexte.
Mais, donc, un petit regret cependant : l’importance très inégale donnée à chacune des périodes, l’Âge Moderne constituant à lui seul la moitié de l’ouvrage. Cet art book est donc clairement destiné aux dernières générations de lecteurs qui trouveront là ce qui les a fait kiffé grave – ce qui sous-entendrait qu’ils ne peuvent pas s’intéresser pleinement à ce qui s’est passé avant 1986. Je peux comprendre cette intention éditoriale jusqu’à un certain point, mais le déséquilibre est tel que ça en devient tout de même un tantinet dérangeant : en tout premier lieu, l’Âge d’Or n’a droit qu’à … 10 pages ! C’est bien peu pour cette période fondatrice, non ? Une quarantaine de pages pour l’Âge d’Argent, à peu près le double pour l’Âge de Bronze, mais plus de 160 pages pour l’Âge Moderne qui n’existe que depuis 27 ans… Je ne dis pas que ce dernier Âge ne mérite pas ce nombre de pages – car de très belles couvertures ont aussi été réalisées à cette période –, mais les Âges d’Or et d’Argent sont clairement sous-représentés, ce qui est bien dommage… Un chouette bouquin néanmoins, allez !
Cecil McKINLEY
« Marvel Comics, 75 ans d’art et de couvertures » par Alan Cowsill
Éditions Huginn & Muninn (49,95€) – ISBN : 978-2-36480-305-3