Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Voyage vers l’ouest » d’après l’œuvre de Wu Cheng’en
Si je vous dis que le prochain livre des éditions Fei met en scène un héros qui est muni d’une queue de singe, qui est armé d’un bâton extensible à volonté, qui se déplace grâce à un nuage magique et qui est accompagné dans sa quête par un cochon, vous penserez immédiatement à la série « DragonBall ». Eh bien non, ce sont les éditions Glenat qui exploitent déjà cette licence. Pourtant, il sera bien question des aventures de Sangoku, originalement appelé Sun Wukong dans son pays, puisqu’Akira Toriyama, le créateur japonais de « DragonBall » a transcendé l’une des légendes chinoises les plus connues, « Voyage vers l’ouest », pour écrire la trame originale de son best-seller.
Ce classique quasiment inconnu en Occident est pourtant une succession de récits incontournable dans l’empire du Milieu. Tous les jeunes Chinois ont un jour entendu parler de cette quête fantastique s’étendant sur un territoire imaginaire aussi grand que leur pays. Que ce soit sous forme de roman, de dessin animé, de récit oral, de pièce de théâtre et maintenant de bande dessinée, le « Voyage vers l’ouest » fait partie des quatre livres majeurs de la littérature chinoise. Fei éditions avait déjà publié en coffret deux de ces oeuvres incontournables du patrimoine littéraire chinois aujourd’hui devenus des illustrés. « Les Trois Royaumes » rentrant dans la catégorie roman historique et « Au bord de l’eau » dans la catégorie roman de cape et d’épée. « Voyage vers l’ouest », qui sort aujourd’hui, représente la catégorie roman fantastique et il reste donc a éventuellement publier « Jin Ping Mei » pour la partie roman de mœurs.
Dans le « Voyage vers l’ouest », le lecteur suit les pérégrinations du moine voyageur et traducteur Xuanzang, également appelé Tripitaka. Bouddha l’a lui-même choisi pour partir à la recherche du « Canon des trois corbeilles », recueil de textes fondateurs sur lesquels s’appuie le courant bouddhiste. La légende prétend que les textes originaux, rédigés sur des feuilles de palme, ont été rangés dans trois paniers distincts pour différencier les trois préceptes fondamentaux de cette religion. Le rassemblement de ces écrits permettant ensuite de rependre la sagesse du bouddhisme à travers tout le pays. Dans cette quête qui s’annonce longue, il est assisté par des êtres improbables. Des parias rejetés du ciel pour fautes graves. Afin d’obtenir leur rédemption, ils vont devoir accomplir de nombreux exploits. Il y a le cochon Zhu Bajie, le moine des sables Shaseng, et le véritable pilier central de cette histoire : le fougueux roi-singe Sun Wukong. Decoupé en feuilleton, ce récit initiatique est une succession d’aventures métaphoriques ou les différents aspects de l’humanité sont représentés. Grâce à la droiture du moine Tripitaka et au caractère impétueux du singe Sun Wukong, tous les travers de ces simples humains seront vaincus un par un et la quête pourra ainsi avancer de village en village.
Ce récit initiatique est découpé en 36 petits livrets présentés à la manière des bandes dessinées chinoises. Ces lianhuanhua que les Tintinophiles connaissent bien puisque le célèbre reporter belge fut présenté sous cette forme en Chine, en versions pirates, dans les années 1980. Mais contrairement à ces Tintin, imprimés médiocrement, ce coffret du « Voyage vers l’ouest » bénéficie d’une édition extrêmement soignée qui met en valeur ce texte majeur.
L’ensemble des 36 livrets totalisant quand même 2 879 pages d’histoires. Chaque feuillet présente une fresque unique avec un texte en dessous comme dans un vieux « Bécassine ». De temps en temps, des bulles viennent casser le rythme de lecture bien établi, et il est juste dommage que ces phylactères soient également écrits avec une simple police sérif et non manuscrite comme il est coutume de le faire aujourd’hui. Cette succession de tableau rend la lecture assez agréable et on est pleinement immergé dans la culture chinoise avec une traduction et une adaptation magistrale de Nicolas Henry et Si Mo. Les niveaux de politesse et les différents points de vue et expressions propres à ce peuple asiatique sont bien rendus tout en gardant une lecture facile et non rébarbative pour un francophone. On est loin d’un titre trop littéraire ou traduit de manière scolaire, ce qui aurait gâché tout le plaisir. Le lecteur peut ainsi vraiment et facilement s’immerger dans le récit. De plus, comme le public ne connaît pas forcément toutes les spécificités du récit par rapport à la culture chinoise, un livret explicatif ainsi qu’une carte de ce périple complètent ce coffret.
La bande dessinée asiatique ne se résume pas qu’au manga. Fei édition nous le prouve une nouvelle fois avec leurs récits variés directement importés de Chine. Cette collection de récits ancestraux présentés dans de superbes coffrets devrait aisément prendre place dans la bibliothèque de tous sinophile. Les auteurs de mangas devraient également le lire, afin de comprendre l’origine d’un de leur personnage favori : Sangoku. Un superbe coffret à s’offrir ou se faire offrir vu le prix élevé de l’objet : 89 €, ce qui, au vu des heures de lecture et la pagination conséquente, n’est pas si onéreux que cela.
Gwenaël JACQUET
« Voyage vers l’ouest » collectif, d’après l’œuvre de Wu Cheng’en et traduit par Nicolas Henry et Si Mo
Éditions Fei (89 €) – ISBN : 978-2-35866-199-6
Super article !
Merci beaucoup…
Si vous êtes libre, nous organisons une soirée de vernissage à la Galerie Fei, au 1 rue Frédéric Sauton 75005 Paris, ce soir, à partir de 19h. L’équipe des éditions Fei sera ravi de vous recevoir.
Bien cordialement,
Fei