Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« Crimson-prince » T1 & 2 par Souta Kuwahara
Nouveau manga paru chez Ki-oon, » Crimson Prince » s’adresse clairement à un public âgé d’une douzaine d’années. Néanmoins, il remplit à merveille son rôle : divertir avec une histoire mignonne, pleine de bons sentiments, et très bien construite. Huit volumes sont déjà parus au Japon et la série est toujours en cours…
© Souta Kuwahara – Square Enix – Ki-oon
Au départ, ce manga ne paye pas de mine. Pourtant, la couverture cible parfaitement son public : les jeunes filles entre dix et douze ans. Le trait est rond et maitrisé. Les couleurs sont dans les tons de rouge extrêmement bien répartis et savent utiliser les dégradés à bon escient : peu d’effets, beaucoup d’aplats. Une couverture empreinte de mélancolie naïve : de quoi combler les jeunes lectrices.
L’intérieur est lui aussi plutôt réussi : les dessins, en noir et blanc, sont classiques et maitrisés. La mise en page agréable (mais aussi le scénario) embarque rapidement le lecteur et les chapitres s’enchainent automatiquement, sans que l’on s’en rende compte. Une fois le premier tome fini, on en redemande… Heureusement, les éditeurs français sortent maintenant les deux premiers numéros d’une série en même temps : de quoi ne pas rester frustré trop longtemps.
© Souta Kuwahara – Square Enix – Ki-oon
Quoi qu’il en soit, il faut bien se plonger dans la peau d’une jeune fille d’une dizaine d’années pour apprécier cette histoire naïve et pleine de poésie. Le plus étrange est, qu’au Japon, cette histoire est sérialisée dans le magazine Shounen GanGan de Square Enix. Or, ce magazine mensuel est plutôt destiné aux jeunes garçons : pourquoi pas !
Le scénario est basique : Kôjirô Sakura est un prince des démons qui étudie, comme tout enfant, afin de parfaire son éducation… de démon. Pour valider son cursus scolaire, il doit faire un stage sur terre avec une mission bien particulière, liée à son rang de prince : trouver et éliminer un humain aux pouvoirs exceptionnels afin de l’empêcher de s’allier au monde du ciel. Comme il est un peu malchanceux, et bien moins méchant que son statut de démon pourrait nous faire croire, il commence par se faire assommer avec une balle de base-ball. Il est soigné par Hana, jeune fille providentielle et pleine de joie de vivre. Elle finira par héberger Kôjirô, car, à cause de l’incident avec la balle, il est arrivé en retard à son hôtel et sa chambre a déjà été relouée : il n’a vraiment pas de chance. Bien évidement, l’?il pourpre, mystérieuse puissance de démons s’affole au contact de Hana. Serait-elle la personne qu’il recherche ?
© Souta Kuwahara – Square Enix – Ki-oon
Je vous avais prévenu, l’histoire est convenue : rien de vraiment innovant ou particulièrement mémorable dans » Crimson Prince « . Pourtant, ça marche ! À la lecture de ce manga, on se laisse embarquer dans les déambulations tragicomiques de cette apprentie démon. Le dessin clair nous aide beaucoup à dévorer littéralement l’histoire.
Le premier volume a la particularité d’être scindé en deux parties distinctes. D’un côté, le récit de base avec les trois premiers chapitres (lequel se continuera avec le volume 2); alors que la seconde moitié du premier tome reprend la nouvelle qui a servi de principe de départ à l’auteur pour une série plus longue : Smile Game. C’est un classique au Japon. Les éditeurs testent les histoires sous forme de récit complet dans leur magazine de prépublication puis, si le succès est au rendez-vous, ils commandent une série à suivre. La structure de cette histoire complète diverge énormément par rapport à la série. Il y a toujours cette histoire de démon devant passer son examen sur terre mais, cette fois-ci, il devra voler un sourire à une jeune fille taciturne qui ne sourie jamais. Gros chalenge si les dés n’étaient pas pipés. C’est amusant, plein de naïveté, mais ça se lit très facilement. En revanche, il est étrange d’avoir placé cette nouvelle en fin du premier volume, la tradition fait, qu’en général, l’éditeur le propose en clôture de série ou dans un recueil à part. Comme c’est le premier manga relié de Souta Kuwahara, peut être que l’éditeur n’as pas voulu prendre de risque.
© Souta Kuwahara – Square Enix – Ki-oon
Quand au second volume, il démarre sur les chapeaux de roue avec un long chapitre d’action pour ensuite reprendre son rythme normal, un peu contemplatif. À voir où cela mènera l’histoire sur plus de huit tomes, celle-ci étant toujours en prépublication au Japon.
» Crimson Prince » n’obtiendra surement pas le prix du manga de l’année ou celui de l’originalité, mais fera passer un bon moment à son lecteur et c’est ce qu’on attend d’une œuvre bien construite.
© Souta Kuwahara – Square Enix – Ki-oon
Gwenaël JACQUET
» Crimson-prince » T1 & 2 par Souta Kuwahara
Édition Ki-oon (6,5 €)