Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Les Amours insolentes » par Loustal et Benacquista
Voici un album assez atypique, au format « à l’italienne » avec les textes sous les images, qui propose dix-sept variations originales sur le couple -ou plutôt sur le bonheur amoureux-, tour à tour drôles, tendres, insolentes ou insolites : autant de saynètes passionnelles présentant la vie à deux sous la forme de nouvelles illustrées et autant d’exercices de style dont Le Monde Magazine nous avait déjà présenté quelques extraits !
Chacune de ces unions improbables, baignant pourtant, la plupart du temps, dans la plénitude, est composée de douze images ayant la même dimension, à la manière d’un album photo que l’on feuillette tranquillement ; ainsi a-t-on l’impression qu’elles nous révèlent un aspect inconnu de nos vies ou que l’on va y trouver l’explication de ce qui fait que les histoires d’amour finissent bien ou mal !
L’ingéniosité déployée par le romancier Tonino Benacquista, lequel est décidément très présent dans la bande dessinée ces temps-ci (ne serait-ce que de par sa collaboration avec Daniel Pennac sur le dernier « Lucky Luke »), incite à une lecture attentive des visages volontairement naïfs et figés auxquels Jacques de Loustal donne une expressivité étonnante ; ceci grâce à sa maîtrise de son style qui nous rappelle les peintures anglo-saxonnes des années cinquante (celles de David Hockney ou d’Edward Hopper, par exemple).
Et, contrairement à ce que l’on pourrait craindre, l’accumulation de ces faux-semblants platoniques ou de ces compromis implicites contre l’érosion des sentiments ne provoque aucune lassitude, bien au contraire !
Gilles RATIER
? Les Amours insolentes ? par Jacques de Loustal et Tonino Benacquista
Éditions Casterman (20 Euro)
il y a une parenté de trait qui se crée parfois entre Loustal et Dupuy-Berberian. Les extraits de l’album que vous présentez en sont un exemple assez frappant.