EXPOSITION « LES INVISIBLES » DE JEAN HARAMBAT À BLOIS

À l’occasion des  » Rendez-vous de l’Histoire  » qui se tiennent chaque année à Blois, vient d’être inaugurée à la bibliothèque de l’Abbé Grégoire une exposition consacrée au bel album de Jean Harambat, « Les Invisibles », lauréat du prix de la BD historique en 2009.

Organisée par Sylvain Gache, le commissaire, bien secondé par tous les membres de l’Association emmenés par le président Jean-Pierre Baron, cette exposition, qui a d’emblée drainé un large public, apparaît comme une nouvelle réussite : frappant par son ambition muséographique, qui la démarque d’un simple accrochage, elle joue sur le double registre développé dans l’album de Jean Harambat, qui est ici fidèlement et magnifiquement retranscrit. D’une part, on a vraiment l’impression de pénétrer dans l’univers familier du héros, Bernard d’Audijos, et d’autre part, on retrouve les éléments qui scandaient la vie de la paysannerie de Chalosse au XVIIe siècle, dans un quotidien finalement pas si éloigné de notre époque mais de plus en plus étranger à notre mode de vie contemporain, et présenté ici dans une permanence dont l’apparente immuabilité se révèle pourtant riche de changements et d’évolutions.

Jouant de la complémentarité du dessin et des textes, Sylvain Gache présente une réalisation envoutante et légère à la fois, intimiste et néanmoins érudite, qui met parfaitement en exergue la dimension graphique de l’album, tout en multipliant les éclairages historiques et les références scientifiques, sans jamais devenir pesante. Pour autant, le sens du détail et de la créativité s’imposent comme jamais : par exemple, la chanson des Invisibles a été recomposée (interprétation : Chantal et Anne Bourgeois), ce qui donne au fond sonore une dimension toute particulière. Au final, on sent bien que le commissaire a pu laisser libre cours à sa conception d’une exposition véritablement centrée sur l’œuvre et non sur son environnement scientifique. Privilégiant la présentation des vignettes et des planches sélectionnées avec minutie pour leur qualité picturale ou leur force narrative, la mise en scène cherche d’abord à éclairer le contexte sans écraser l’œuvre : là réside probablement le secret de la réussite, dans une approche autant artistique qu’historique, riche mais jamais infatuée, qui laisse le temps de la contemplation sans rien sacrifier d’une dynamique de l’enrichissement qui donne toute sa valeur pédagogique à cette réalisation.

Cette année avait en outre un parfum tout particulier, puisque Sylvain Gache a annoncé, dans une intervention pleine d’émotion contenue, qu’il entendait faire une pause et n’assumerait pas l’organisation de la prochaine exposition. Signalant aussi bien la lourdeur du travail liée à l’exposition annuelle, que le plaisir qu’il a constamment éprouvé dans son organisation, le commissaire a rendu hommage à tous ceux qui l’avaient soutenu au fil des ans, portant une mention particulière à l’équipe de bdBOUM qu’il a invitée à venir à ses côtés au grand complet. Ce fut l’occasion d’évoquer devant le public les coulisses d’une réalisation qui est aussi un travail collectif. Car, derrière Sylvain Gache et Jean-Pierre Baron et Bruno Génini, les complices de toujours, œuvre un petit groupe enthousiaste composé de Bruno Goujon, l’actif responsable technique, et de Delphin Roudière, tout en efficacité discrète, sans oublier les jeunes recrues, Fannie Maubert et Blandine Blondeau.

Il reste à souhaiter à Sylvain Gache un retour rapide pour de nouvelles expositions remarquées, et une longue vie à l’association bdBOUM dont le dynamisme n’est plus à démontrer.

Joël Dubos

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