Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Premier tome d’une trilogie, Pilou, le héros de ce manga, est défini par son éditeur français comme le » croisement improbable entre un caniche et un nuage « . ?uvre atypique dans l’univers de la bande dessinée japonaise, plus proche du cinéma d’animation pour le graphisme et de la scène trash et libertine pour le scénario, le monde de Junko Mizuno est en total décalage avec ce que nous imaginons quand on parle de bande dessinée japonaise.
Illustration ©2010 Junko Mizuno Éditions IMHO
L’auteur de » Pilou « , Junko Mizuno, n’est pas, à proprement parler, qu’une dessinatrice de bande dessinée, elle s’est surtout fait connaitre par son travail d’artiste et ses expositions de tableaux dans de nombreuses galeries à travers le monde ainsi que ses collaborations à divers projets indépendants comme la réalisation de Art Toys, couvertures de livre ou de disques.
Illustration ©2010 Junko Mizuno Éditions IMHO
Le graphisme de Mizuno ressemble à un croisement entre les Å“uvres pour enfant de Tezuka et la » Betty Boop » des frères Fleisher. Les visages néoténisés sont énormes et particulièrement expressif, le buste est court, les jambes terminées par des pieds gonflés un peu comme le canon popularisé par » Astro Boy » et surtout les femmes sont quasiment toujours représentées nues avec des seins d’un volume et d’une rondeur à faire pâlir les bimbos de Russ Meyer. Pilou est une des Å“uvres les plus sages de l’auteure, c’est aussi son premier travail un peu moins underground. Ses précédentes bandes ont toutes été publiées chez de tout petits éditeurs. Au Japon, » Pilou » est sorti en feuilleton dans la revue Comic Beam. C’est également l’histoire la plus longue qu’elle a dessinée à ce jour (1).
Illustration ©2010 Junko Mizuno Éditions IMHO
Le récit est structuré en petites histoires assez distinctes qui racontent toutes une rencontre différente. Dés le départ, nous sommes plongés au sein d’un monde onirique peuplé exclusivement de femmes nues et de créatures bizarres dont un hippopotame carnivore. Les hommes n’existent pas et nous apprendrons au fur et à mesure de l’aventure comment les êtres de la planète Kotobuki se reproduisent.
Illustration ©2010 Junko Mizuno Éditions IMHO
Au milieu de cette peuplade féminine, Pilou, apparemment de sexe masculin, ne se trouve pas à sa place, créature improbable aux formes cartoonesque, il rêve de trouver la bonne personne afin d’avoir à son tour un enfant. Exilé sur terre (seule planète à même de répondre à ses espérances, du moins, c’est ce qu’il croit), il rencontrera, tout le long de ce premier volume, des personnages haut en couleurs : une chanteuse dépressive ne se produisant que dans les supermarchés, une plongeuse amoureuse d’un chef sushi farfelu, ou encore deux étudiantes mal dans leur corps et au destin tragique.
Illustration ©2010 Junko Mizuno Éditions IMHO
Moins violent que ses précédentes Å“uvres, ce manga n’en reste pas moins un conte aussi drôle que cruel.
Gwenaël JACQUET
» Pilou apprenti gigolo » T1 par Junko Mizuno Éditions IMHO (12,95€)
(1) 3 tomes alors que ses précédentes œuvres étaient des volumes uniques.