Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...« Zita, la fille de l’espace » T1 par Ben Hatke
Rue de Sèvres est, depuis septembre 2013, le label BD d’une maison d’édition jeunesse pionnière, L’École des loisirs, qui publie bon nombre d’illustrateurs majeurs. L’album de Zep, « Une histoire d’hommes », sorti le 13 septembre dernier, inaugurait joliment ce nouveau label. Mais la maison ne souhaite pas publier seulement des albums destinés à un public adulte. Son projet éditorial s’articule autour de trois axes : la bande dessinée ado-adultes, tout-public et jeunesse, ce dernier pour partie décliné d’univers des romans de l’école des loisirs et dirigé par Charlotte Moundlic, elle-même auteur(e) de textes pour la jeunesse. La maison propose cinq titres à son lancement, et publiera une quarantaine d’albums par an d’ici quelques années.
« Zita, la fille de l’espace », space opéra loufoque venu des États-Unis, lance cette semaine le secteur BD jeunesse.
Ce volume souple moyen format de 190 pages met en scène une fille d’une dizaine d’années, Zita, courageuse et déterminée, qui doit retrouver son ami Joseph passé dans une autre dimension. Car les temps changent ! Certaines filles d’aujourd’hui n’attendent plus le prince charmant, préférant le délivrer …
Grâce à un étrange objet déniché dans un cratère ouvert dans les bois, Zita ouvre une faille qui permet de se projeter à l’autre bout de la galaxie. Joseph disparaît d’abord, enlevé par un être doté de tentacules menaçants. Zita le suit peu de temps après et débarque sans crier gare sur la planète Sciptorius, où cohabitent en plus ou moins bonne intelligente toutes sortes de peuples multi formes. Le sauve qui peut général est déclenché sur Sciptorius, menacée par un astéroïde qui doit la détruire dans trois jours.
Le temps est donc compté pour la jeune Zita. Mais sa gentillesse, l’attention qu’elle porte aux autres et sa débrouillardise lui permettent de constituer très vite une troupe hétéroclite, avec laquelle elle entreprend un voyage périlleux jusqu’au château où Joseph est détenu.
L’on est tout de suite séduit par l’esprit et la forme de cet album qui devrait être le premier d’une série. La fin en est très ouverte et Zita et ses amis risquent de repartir très vite dans d’autres aventures galactiques et trépidantes.
Sous le couvert de la quête pour sauver un ami et le ramener sur terre, Ben Hatke y parle de valeurs essentielles que sont le respect, la tolérance et l’entraide. Elles sont portées par Zita, héroïne très sympathique qui parvient à tirer son épingle d’un jeu pourtant bien compliqué dans un monde totalement inconnu. On aime aussi les personnages qu’elle entraîne dans son sillage : le Gros Costaud, à la tête un peu vide sans doute mais au cœur bien gros, qui appelle affectueusement Zita « petite fille perdue » ; Pipeau, le bricoleur flûtiste de génie, personnage plus ambigu, qui balance entre son intérêt personnel et le collectif ; la Souris géante qui emmène Zita sur son dos, communiquant par de petits billets ; et puis les deux robots : Pamela, préférant qu’on le nomme n°1, sorte de sphère rouge à la fois ronchon et candide et Randy, que Zita rencontre dans une décharge géante et qu’elle remet en état de marche. Ces deux machines douées de paroles, aux réactions très humaines, constituent un ressort comique fort.
Sans être révolutionnaire dans le domaine de la science-fiction, le récit, mené de façon linéaire et porté par un dessin rond privilégiant l’efficacité, se lit avec un plaisir évident et réjouira un public pré adolescent.
Ben Hatke vit aux États-Unis. Ses quatre filles lui ont inspiré le personnage de Zita. Son goût pour les robots et les jeux de rôle lui a donné matière pour développer cette série jeunesse qui a déjà séduit bon nombre de lecteurs. « Zita » est sa première série.
Les tomes 2 et 3 paraîtront en 2014.
Pour en savoir plus : http://zitaspacegirl.com
Catherine GENTILE
« Zita, la fille de l’espace » T1 par Ben Hatke
Éditions Rue de Sèvres (11,50 €) – ISBN 978 2 36981 009 4