Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Encore plus de lectures BD : mars 2009
« City Guide(s) », « Flop Model », « Sherlock Holmes et les vampires de Londres », « L’hypnotiseur », « Rocambole »
Incontestablement, la B.D. ne cesse s’affirmer sa créativité et son dynamisme: si l’on se fie à sa capacité d’innovation et aux passerelles qui se créent constamment vers d’autres secteurs (comme actuellement les guides de voyage ou les romans classiques), le 9e art s’impose comme un médium arrivant à maturité et investissant sans complexe l’ensemble du champ culturel.
- « City Guide« , divers titres, Casterman/Lonely Planet, 15€ le volume
Que se passe-t-il lorsqu’on associe un journaliste de voyage avec un auteur de BD ? Il en sort un concept neuf dans le monde éditorial, mariant deux secteurs dynamique et un produit attrayant et original, qui propose de marcher à travers une ville sur les traces d’un dessinateur. Rien n’y manque : plan, carnet d’adresses, description des quartiers, itinéraires originaux, le tout illustré de dessins, comme autant de citations. De quoi satisfaire tous ceux qui désirent voyager autrement, mais aussi ceux qui aimeront se laisser envoûter le temps d’un séjour. Déjà parus : Venise avec Corto Maltesse, Rome avec Alix, Bruxelles avec Schuitten, et New York.
- « Flop Model« , String, Tabou, 15€
Elles sont superbes, elles posent avec art devant les objectifs photographiques pour les magazines de la planète entière, elles sont branchées et glamour, tous les hommes fantasment sur elles. Mais leurs propos décalés, terriblement terre à terre et crus, révèlent de jeunes beautés cyniques, quand ce n’est pas franchement amorales, sexuellement obsédées, intéressées, souvent vaines et superficielles. Du choc de ce contraste entre un dessin élégant et les propos crus mais pas vraiment vulgaires, est née une série à succès qui fait les beaux jours de L’Echo des Savanes depuis 2 ans et se trouve à présent regroupée dans cet album. savoureusement décalé et indécent. Pour adulte.
- « Sherlock Holmes& les vampires de Londres« , Cordurié & Laci, Soleil, 13,50€
Holmes confronte sa sagacité légendaire à une créature à la force et à la férocité hors du commun qui a décidé de frapper la couronne. Alors que sort au cinéma le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, cet album qui peut espérer surfer sur la vague du succès hollywoodien, nous présente un détective tout en sang froid et stoïcisme, à l’intelligence acérée comme un scalpel et à la personnalité rigoureuse, loin de l’interprétation un rien hallucinée de Robert Downey. On retrouve cependant l’esprit de Conan Doyle dans ce récit policier fortement teinté de fantastique, avec le Londres victorien en toile de fond.
- « L’hypnotiseur », Valiente & Desantis, Casterman, 15€
Monsieur Arenas est hypnotiseur, un vrai hypnotiseur qui se produit en spectacle tous les soirs, car il faut bien payer le loyer de sa chambre de l’hôtel Violetas, mais qui en parallèle donne aussi des consultations privées, rendant service aux gens avec perspicacité et selon une morale qui lui est propre. Autre particularité, il ne dort jamais. Peu à peu, les fils de sa propre histoire se renouent. Voici un album traité sur un mode graphique fin et proche de la caricature, qui sert bien le scénario au tempo plein de mesure, à l’image de personnages à l’humanité dense et tendre, entrainés pourtant dans une trame merveilleuse autant que tragique. Une belle Å“uvre.
- « Rocambole« , Bréémaud & Bertolucci, « Dom Juan« , Reiss & Ricard & Bachelier, Collection ex libris, Delcourt, de 10 à 14 € chaque volume
De Tom Sawyer au Père Goriot en passant par Tartarin de Tarascon ou les 3 mousquetaires, Delcourt joue avec constance la carte de l’adaptation de nos grands classiques en B.D. Avec le parti pris de coller à la lettre (ainsi en est-il pour un Dom Juan très théâtral mais en costumes contemporains) autant qu’à l’esprit du texte (jubilatoirement frénétique pour un Rocambole, immoral et dépravé à souhait). Une entrée intéressante est ainsi ouverte vers la littérature française, que ce soit avant ou après avoir découvert l’original. Et un bon moyen de mesurer le dialogue constant qui relie les artistes et les Å“uvres, entre interprétation et réécriture.
Joël Dubos