Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Après l’annonce de leur séparation avec les éditions Delcourt, Akata se devait de rebondir rapidement. Ce nouvel éditeur limousin présente donc, déjà , son premier livre « Seediq Bale, les guerriers de l’Arc-en-Ciel », réalisé par le Taïwanais Row-long Chiu. Parution prévue en septembre 2013.
Roman graphique taïwanais, cet ovni de la bande dessinée ne pouvait qu’être publié chez un éditeur audacieux et à l’écoute de la société dans laquelle il vit. « Seediq Bale » est l’œuvre unique d’un seul homme, Row-long Chiu, soucieux de la condition des autochtones de son pays.
Akata, c’était le fournisseur officiel de l’éditeur Delcourt en matière de bande dessinée japonais. Or, ironie du sort, le premier livre qu’ils sortent en tant qu’éditeur indépendant narre le combat du peuple taïwanais contre l’envahisseur japonais.
C’est en 1895 que l’empire japonais prend possession de l’île de Taïwan et, ainsi, enlève sa souveraineté à la Chine. Cette occupation sera bien vite troublée par le soulèvement des natifs du pays, les Seediq. Menés par Rudo Mouna, le chef le plus respecté de leur communauté., ils vont faire front face à l’envahisseur venu du soleil levant avec leurs moyens limités de peuple aborigène. Pourtant, la situation ne tournera pas forcément à l’avantage du peuple japonais, malgré leur armée bien plus entraînée aux combats.
Véritable leçon de courage et d’indépendance, ce roman graphique se veut plus qu’un simple pamphlet guerrier. C’est un choix longuement mûri de Dominique Véret, le directeur d’Akata, à un moment charnière de son parcours. Mais c’est aussi un choix économique bien calculé. Cet œuvre fait de plus en plus parler d’elle, car elle a inspiré deux films produits par John Woo. Immense succès auprès des Taïwanais, ce qui semble logique, ces films ont également été retenus pour représenter l’île de Taiwan dans la catégorie meilleur film étranger aux Oscars.
Dorénavant, le travail d’Akata ne se cantonnera plus exclusivement à des projets venant du Japon. Ils comptent bien explorer toutes les possibilités éditoriales qu’offre l’Asie. C’est également un éditeur qui revendique son provincialisme. Avec des bureaux perdus au fin fond de la campagne limousine, Akata veut mettre en avant son côté « terroir ». Leurs prochains projets, après « Seediq Bale », sentiraient bon la terre et lorgneraient vers la Corée. D’autres pistes sont également évoquées avec des créations originales par des auteurs français. Akata devient un éditeur polyvalent, tout en gardant en mémoire son origine et sa spécificité d’éditeur provincial.
En attendant, les Seediqs gagneront-ils leur combat face à la spoliation indue de leur terre ? Réponse en septembre.
Gwenaël JACQUET
« Seediq Bale, les guerriers de l’Arc-en-Ciel » T1 par Row-long Chiu
Édition Akata (23.50 €) – ISBN:2369740000