Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°103 (26/12/2009)
Cette semaine, petit retour sur les deux derniers volumes de THE BOYS de Garth Ennis et Darick Robertson parus cette année…
THE BOYS volumes 3 et 4 : LE GLORIEUX PLAN QUINQUENNAL et DES BLEUS À L’ÂME (éditions Panini Comics).
Oui, je sais, pour fêter Noël, il y a moins iconoclaste que de vous chroniquer cette Å“uvre couillue et violente, mais ça fait du bien, de péter les boules du sapin, parfois… En cette année 2009, pas moins de trois volumes de The Boys sont parus chez Panini Comics. Revenons sur les deux derniers en date avant que le cinquième volume paraisse courant février 2010. Cette belle continuité éditoriale prouve que cette série plutôt hardcore a trouvé son public, et c’est tant mieux, car elle est de bonne tenue et ne s’épuise pas dans des méandres exploitant le bon filon sans talent. C’est du bon Ennis, rigolard, grave, injurieux, trash, amoureux, violent, humaniste, moral et immoral au possible en une seule et même respiration qui sent le ras-le-bol à plein nez. Le postulat de base de The Boys est aussi simple que redoutable : il est fini, le temps où les super-héros pouvaient faire ce qu’ils voulaient au nom de leurs combats pour la justice, entraînant des dommages collatéraux, des pertes humaines et des dégâts matériels conséquents dont ces supers-mecs en slip se foutent complètement. Fini, le temps où parce qu’on a des super-pouvoirs et l’immunité gouvernementale, on peut abuser sexuellement d’autrui. Fini, le temps où les foules idolâtrent des super-justiciers qui ne sont en fait que des super-%@&§$# de £*!#& à la %§£*$. Désormais, il va falloir compter avec une équipe de bons p’tits gars prêts à en découdre avec eux pour : leur fermer leur clapet prétentieux, leur botter le cul, et, le cas échéant, leur péter la gueule une bonne fois pour toutes afin que ces abrutis fascisants cessent de passer pour les bienfaiteurs de l’humanité alors qu’ils font plus de mal que de bien, sans parler de certains qui ne sont rien de moins que de furieux psychopathes qu’il faut absolument mettre hors d’état de nuire. Pour ce faire, les Boys ont des outils plutôt inattendus, et une manière d’agir peu orthodoxe. Peu de combats (ou alors brefs et ultra-violents), pas de super-pouvoirs, mais des drogues, l’art du chantage, la guerre psychologique, la diffamation, le rentre-dedans, l’humour destructeur et j’en passe. C’est assez jouissif, de voir toute cette soi-disant bonté qui nous gouverne et nous régit au nom des droits de l’homme se faire déboulonner avec l’acidité de la lucidité et de la volonté de rééquilibrer les choses. D’amener un peu de vérité dans tout cet immense mensonge qu’est l’existence telle qu’on nous la définit sans choix. Entre Nietzsche et Alan Moore, Garth Ennis s’amuse à fouler les chevilles des Idoles à coups de marteau, et nous rappelle que la question de l’éthique véritable des super-héros reste un thème fondamental qui avait été peu ou pas abordé clairement avant The Watchmen. Ennis n’est bien sûr pas le seul auteur à s’être penché depuis sur ce sujet passionnant et épineux tout autant que nécessaire (on pense à Ellis, évidemment), mais il le fait avec un recul et un humour assez remarquables, apportant en cela une réelle facette supplémentaire à la globalité du propos. On pourrait même dire que cet humour est salvateur, et qu’il permet une charnière avec ce qui pourra être désormais créé sur ce thème, bénéficiant d’un espace plus riche pour le faire. Au-delà de la pantalonnade et du bon mot, il y a matière à révolution, là -d’dans…
Dans le troisième volume, les Boys se rendent en Russie où ils vont retrouver un allié rabelaisien, ancien justicier slave répondant au doux nom de Boudin d’Amour. Avec lui, ils vont tenter de déjouer un complot politique consistant à donner les moyens à de sombres personnages de faire un coup d’état. Un coup d’état en Russie financé par une structure rattachée au gouvernement américain, voilà qui ne présage rien de bon, isn’t it ? Surtout quand 150 super-abrutis lobotomisés sont « stockés » en lieu sûr pour passer à l’attaque le moment venu. Mission plutôt velue, donc, pour nos cinq potes déglingos.
Le quatrième volume se penche plus avant sur certains personnages, afin d’étoffer la perception que nous avons d’eux. Il y sera surtout question de la pauvre Stella, jolie super-héroïne catholique qui a dû passer à la casserole pour être acceptée au sein de la super-équipe Les Sept. Complètement paumée, Stella trouve en P’tit Hughie un réconfort inespéré et profond puisqu’il semble déboucher sur une belle histoire d’amour… Il sera aussi question du retour du Bonimenteur, super-héros à la manque que Hughie avait tué mais qu’on a ranimé du mieux que possible, c’est-à -dire à l’état de légume qui marche. Ce n’est pas pour autant que ce zombie pitoyable est sans danger, surtout lorsqu’il entreprend de revenir prendre son fameux hamster à qui il avait fait subir les pires outrages. Au gré du récit, de courtes séquences entrouvrent certains aspects de la vie de chacun des membres des Boys, enrichissant le caractère des personnages avec subtilité et compassion. C’est un p’tit cÅ“ur qui gueule, finalement, The Boys, et Garth Ennis a beau s’évertuer à en faire des tonnes avec son lot de gros mots et autres scènes grandguignolesques, la révolte humaniste et le besoin d’un petit bisou explosent à chaque coin de page. P’tit père, va…
Cecil McKINLEY