Pour ne pas oublier Christian Mathelot

C’est dans l’indifférence générale du monde du 9e art que le dessinateur réaliste Christian Mathelot s’est éteint, le 1er avril dernier, alors que l’érudit Jean-Paul Tibéri vient juste de lui consacrer un ouvrage, coédité par Le Taupinambour et Regards – disponible sur le site http://coffre-a-bd.com -, célébrant sa courte, mais importante carrière ; notamment sa période la plus connue où il collabora avec Marijac et où il adapta, avec maestria, Le Grand Cirque : le fameux roman d’aviation de Pierre Clostermann, dans Coq hardi.

Christian Mathelot.

Prévenus seulement une semaine après par Louis Marticorena, collaborateur à la revue Hop !, nous avons préféré attendre un peu pour lui rendre hommage, afin de prendre le temps de vous concocter un « Coin du patrimoine » qui soit à la hauteur de son talent, trop méconnu par les jeunes générations(1).

Christian Mathelot était un dessinateur français né à Paris, dans le Quartier Latin, le 14 avril 1923, mais qui a grandi dans la banlieue est, où il résidera jusqu’à sa mort : « J’ai poussé comme le chiendent, car j’avais six ans lorsque mon père s’est « défilé ». J’ai été élevé avec un frère aîné plus vieux de deux ans. Ma mère virevoltait comme un oiseau, de dettes en menaces de recouvrements, cherchant la becquée auprès de ses sÅ“urs. Elle était dépositaire de notre grand- mère. À l’école, j’étais exemplaire pour n’avoir jamais rien cédé à l’avant-dernier. Seuls les professeurs de gym et de dessin ne me considéraient pas si mauvais que ça. Mes lectures n’étaient pas celles d’un surdoué. Les avatars de Guy l’Éclair contre l’Empereur Ming me faisaient plus vibrer que les trémolos vengeurs de l’infortunée Hermione que, pourtant, il fallait bien étudier. Je m’amusais des démêlés conjugaux du père Illico, alors que le côté scout de Mickey me laissait indifférent, bien que je sois toujours un inconditionnel de Walt Disney. En fait, je n’étais pas un fan de bande dessinée. Je lisais aussi Jules Verne, me baladant dans les paysages sans fin de Gustave Doré. Plus tard, London, Kipling, Hemingway, Wells…, etc. »

Extrait du Grand Cirque.

Extrait du Grand Cirque.

Sans aucune recommandation, il se lance à la quête d’un éditeur pour proposer des bandes très inspirées par le style réaliste du dessinateur américain Alex Raymond (« Flash Gordon », « Secret Agent X-9 », « Jungle Jim » ou « Rip Kirby ») : « Après avoir, de justesse, passé mon brevet, il a bien fallu travailler : pas question de suivre des études, même artistiques. J’ai fait n’importe quoi : télégraphiste pour une société de câblogrammes, moniteur de natation, gonfleur de têtes de veau (bizarre, mais vrai), etc. Finalement, j’ai fini par être apprenti décorateur dans les pignons de cinéma ; ces grands panneaux peints qui surmontaient les halls d’entrée. J’ai appris à barbouiller, à la colle de peau (qu’il fallait chauffer et qui était parfaitement irrespirable), les visages d’artistes célèbres…  Ces panneaux changeaient avec les films, le mardi dans la nuit. C’était pour moi l’occasion, jusqu’au petit matin, de faire l’acrobate pour accrocher ces tableaux avec du fil de fer et des bouts de ficelle.

Extrait du Grand Cirque.

Cette carrière fut interrompue par la guerre, en 1939. La Guerre, l’exode, l’immigration de toute la famille dans le Berry… La drôle de guerre, l’attente, rien… Retour à la maison, et puis crack ! L’invasion, nouveau départ précipité, cette fois, dans le Bordelais. J’y ai passé quelques mois agréables à jouer les vignerons, jusqu’à voir passer les marathoniens de l’armée française suivis de près par les Allemands… Casqués, bardés, blindés à faire froid dans le dos. Les Allemands à Bordeaux ! Aucune raison d’y rester, retour au bercail. Du travail, il y en avait. Pas que je sache ou ne veuille faire, mais cela finissait toujours de prés ou de loin par aider les Allemands. C’est à cette époque que j’ai pensé à vendre des dessins. J’ai donc dessiné quelques bandes, au trait, outrageusement inspirées d’Alex Raymond, que je suis allé présenter aux rédactions des quelques journaux pour enfants qui restaient à Paris. J’ai décroché quelques dessins, lettrines et culs de lampe pour Fanfan La Tulipe, qui, du reste, n’a duré que le temps de la tulipe. À force de démarches, j’ai été chargé, pour Gavroche (très Maréchal, nous voilà!), de la double page du milieu pour le numéro de Noël. Il était question d’illustrer, par bande, l’histoire des personnages des cartes à jouer [Jean-Paul Tibéri l’a rééditée dans l’album qu’il a consacré à ce dessinateur]… Pas de texte, rien que l’idée, qui en valait bien une autre. J’ai couru les bibliothèques et relevé des calques pour me documenter. J’ai fini par présenter, dans les temps, ces deux grandes pages, qui se sont retrouvées à la publication en avant-dernière, réduites à une demi-page ! Tellement minuscules qu’illisibles ! Sur une décision de dernière minute. Bien sûr, le prix avait été réduit d’autant. Je ne pense pas qu’ils aient entendu claquer une porte aussi fort. »

Gavroche n° 9 du 26 décembre 1940.

Un Supplément de Hurrah !.

Christian Mathelot démarre donc sa carrière de dessinateur de bandes dessinées dans Gavroche, en décembre 1940, puis aux éditions Mondiales de Cino Del Duca (dans Le Supplément de Hurrah ! et Les Aventuriers d’aujourd’hui, l’année suivante) : « Après un premier album pour les éditions Mondiales, je suis entré à l’imprimerie Naturisme alias Raymonde Fournier et Nicea [Sen ou ERF]. J’y ai fait de tout : du montage, des couvertures de toutes sortes. Illustrations de nouvelles, etc. [et même des récits humoristiques de douze planches, en 1942].

Une couverture pour la Sen.

Brusquement interrompu par l’intervention du S.T.O. ! Travailler en Allemagne, pour moi, il n’en était pas question, j’ai donc disparu de la circulation. Plus question de dessins de BD, il fallait survivre et raser les murs. J’ai vécu de petits trafics alimentaires, troquant n’importe quoi contre autre chose, jusqu’au moment ou j’ai trouvé un  moyen de me faire réformer avec de faux certificats pour avoir une vraie attestation d’inaptitude au travail. J’ai donc pu refaire surface. J‘ai dû faire un dernier album pour les éditions Mondiales [un récit complet de douze planches, La Dramatique Croisière de la "Josette", en 1944]. Puis ce fut le Débarquement ! L’espoir, l’avance alliée… : après quelques semaines FFI, un peu avant et beaucoup après la Libération de Paris, après avoir tiré quelques coups de fusil un peu n’importe où, j’avais poussé mon cocorico ! J’ai donc rendu mon vieux Mauser. Allez comprendre pourquoi, pour offrir des cadres neufs à l’armée française, il a fallu mobiliser exclusivement la classe 43 ! Me voilà donc en kaki, à mon corps défendant . Cela a duré un an, et ils ont fait de moi un sergent ! »

Le récit complet La Dramatique Croisière de la "Josette", en 1944.

Gargantua, récit humoristique pour la ERF.

On retrouve cependant la trace de Mathelot aux éditions Marcel Daubin où il travaille pour les collections Prouesses (en 1945), À l’assaut du ciel (de 1946 à 1948), Vaillance (de 1947 à 1948) et Jeunesse (en 1948) : «  J’ai repris mon carton à dessins et le porte-à-porte, toujours aussi « râpé », mais bien décidé à me défendre âprement. J’ai abouti aux éditions Marcel Daubin.

Sous la houlette du directeur artistique Michel Gérard, j’ai finalement appris à aimer mon travail. Il m’a donné confiance en moi et en ce que je faisais ; je dois beaucoup à cet authentique et rarissime « chic type ». J’ai dessiné, peut-être, une dizaine d’albums pour lui. Lui-même m’a introduit, par un ami commun, auprès de Marijac. Il savait que j’aurais plus de possibilités à Coq hardi. »

Le Secret des Bakalaharis, dans Collection Vaillance.

C’est donc surtout avec Marijac, aux éditions de Châteaudun, que Mathelot va produire ses principaux travaux : « Avec Marijac, le courant a passé tout de suite. C’était un grand professionnel, il fallait avoir confiance. Il m’a tout de suite écrit Les Géants du ciel pour Coq hardi et j’ai eu la première page…, en couverture ! Bien, pour un début… Puisque, pour moi, l’aviation, ça marchait, il m’a confié l’illustration en bandes dessinées du Grand Cirque de Pierre Closterman [publiée de décembre 1948 à juillet 1949] que j’ai découpé à la virgule près. Flammarion en a édité un album, en 1950(2). C’était une histoire très réaliste et très documentée. La documentation a toujours été un problème pour moi : recherches, classements, beaucoup de temps à y consacrer, avec mon côté perfectionniste, et raison de plus, pour un récit d’aviation où il ne doit pas manquer un rivet. J’ai quand même fait encore quelques dessins pour Michel Gérard qui collaborait à Cimes et France Outremer, jusqu’à ce que ces publications disparaissent. Marijac mobilisait ensuite toute ma production. Avec ma manie de la  précision, du détail, je ne travaillais pas vite. Autodidacte, quelques bases ne m’auraient pas fait de mal. Après Coq hardi, j’ai dessiné pour Mireille, toujours pour Marijac. Ce fut « Lili hôtesse de l’air », « L’Orpheline du Cirque, etc. Jusqu’en 1959. »

Dans Coq hardi, Mathelot illustre aussi les quatre dernières pages de L’Étrange Croisière du Squalus abandonnées graphiquement par un Marijac débordé par ses nombreuses activités(3), des romans de Maurice Limat ou de R. Louys (et deux autres signés Alex Coutet ou George Fronval, pour les romans Coq hardi, en 1950), ainsi qu’un long épisode de « Colonel X » publié entre 1949 et 1950 : quatre-vingts planches scénarisées par Marijac qui seront reprises dans le pocket Atoll  en 1973 et 1974, dans deux albums brochés aux éditions AEMEGBD (correspondant aux n° 41 bis et 42 bis de la revue Hop !) et dans l’opus cartonné Mission spéciale au Taupinambour en 2011 (disponible ici : http://coffre-a-bd.com). Comme il y développe une belle ambiance – ses contrastes de noir et blanc s’accordant parfaitement pour mettre en images cette guerre de l’ombre —, Marijac comprend très vite que la virtuosité de ce dessinateur réaliste est un atout supplémentaire pour son hebdomadaire.

« Colonel X » dans Coq hardi.

« Colonel X » en noir et blanc, dans Hop ! n°41 bis.

« Worrals ».

Si, à la même époque, Mathelot illustre aussi quelques romans du Captain John’s dans la collection « Bibliothèque verte » des éditions Hachette (la série « Worrals de la R. A. F. », en 1951 et en 1952), Marijac va donc lui fournir bien d’autres scénarios d’aventures.

Son style dynamique fera merveille sur les bandes dessinées suivantes où Marijac ne fournissait, au dessinateur, qu’un scénario assez lâche laissant libre cours à l’interprétation :

-                     Choucas, l’homme des abîmes en 1951, trente-et-une planches reprises dans L’Union (le quotidien de Reims) en 1956, dans Samedi-Jeunesse en 1959 et remontées dans le petit format Coq hardi sous le titre La Dernière Cordée en 1962.

Choucas, l'homme des abîmes en 1951.

-                      Alerte à la terre de 1951 à 1952, quarante-sept planches reprises dans Samedi-Jeunesse en 1958, dans le pocket Atoll  en 1974, dans un album cartonné aux éditions de l’Amateur passionné (tiré à seulement sept exemplaires en 1991), dans un ouvrage broché en noir et blanc imprimé par Apex à deux cent cinquante exemplaires en 1996 et dans l’album que Jean-Paul Tibéri vient de consacrer à Christian Mathelot.

Planche originale d'Alerte à la terre.

-                      Le Fils du boucanier de 1952 à 1953, quarante-sept planches – qui sont une sorte de suite à la série « Capitaine fantôme » que Marijac avait écrite pour Raymond Cazanave puisqu’il s’agit du fils de ce héros – reprises dans divers quotidiens (comme L’Union, Sud-Ouest, La Résistance de l’Ouest…), dans Samedi-Jeunesse en 1959, dans le petit format Frimousse sous le titre Arabella et les boucaniers en 1967, ainsi que dans le pocket Atoll  entre 1974 et 1975.

-                     Le Raid Alaska-Terre de Feu de 1953 à 1954, vingt-deux planches reprises dans Samedi-Jeunesse en 1960 et remontées dans le petit format Coq hardi sous le titre Le Rallye de la mort en 1962.

Planche originale du Raid Alaska-Terre de Feu.

L’infatigable Marijac, à la fois éditeur, scénariste et dessinateur, l’embarque alors dans l’aventure Mireille, bimensuel (puis hebdomadaire) destiné aux jeunes filles et publié sous l’égide des éditions de Châteaudun. Il y remplace occasionnellement Pierre Le Guen sur quarante planches et demie de L’Orpheline du cirque, de décembre 1953 à juillet 1954 ; l’ensemble est repris dans Samedi-Jeunesse en 1959, en trois albums de la collection « Frimousse Magazine » des éditions de Châteaudun en 1963, puis dans deux numéros du pocket Princesse, en 1972.

Mathelot poursuivra ce mélodrame palpitant dans L’Étoile du cirquede décembre 1954 à mai 1955 : quatre-vingt-sept pages reprises en trois albums dans la collection « Frimousse Magazine » des éditions de Châteaudun en 1964, où l’on retrouve la jeune écuyère dans des aventures toujours aussi sentimentales.

Planche originale de L'Étoile du cirque.

Planche originale de « Liliane, hôtesse de l'air ».

Également pour Mireille et Marijac (qui signe souvent Jacques François), ce dessinateur réalise ensuite « Liliane, hôtesse de l’air », retrouvant alors le monde de l’aviation : quatre longues histoires publiées entre 1954 et 1958 et reprises en deux albums titrés Lili, hôtesse de l’air  dans la collection « Frimousse Magazine » des éditions de Châteaudun en 1961 et 1962, puis dans le petit format Frimousse en 1966.

Outre quelques illustrations de romans, ses dernières productions pour ce magazine repris par Cino Del Duca consistent en un récit d’anticipation intitulé La Fin du monde est pour demain (vingt-neuf planches proposées en 1955 et 1956 et reprises dans Samedi-Jeunesse en 1960, en album dans la « Collection Frimousse » chez Châteaudun en 1961, dans le pocket Frimousse Poche en 1976, puis dans un album broché en noir et blanc imprimé par Apex à deux cent cinquante exemplaires en 1996) et en une aventure sportive à l’eau de rose, Miss Cambouis, reprise en album dans la collection « Frimousse Magazine » des éditions de Châteaudun en 1961.

Planche originale de Miss Cambouis.

Finalement, excepté quelques belles couvertures accrocheuses, le seul inédit que Christian Mathelot dessine pour le mensuel Frimousse est une aventure de Nora dans Opération Lune, le temps de trois numéros parus en 1966. Ce scénario dénonçant l’inutilité de la conquête spatiale alors que le bonheur est sur Terre (dixit Jean-Paul Tibéri dans l’ouvrage des éditions Regards sur Mathelot) est l’ultime collaboration du dessinateur avec Marijac. Une reprise aurait eu lieu dans le pocket Frimousse Poche des éditions SFPI/MCL/Occident de Jean Chapelle en 1976, si on en croit le n° 42 bis de Hop ! : « En 1959, j’abandonne ce métier, fatigué par ce travail d’emmuré, anxieux pour le devenir de ma femme et de mes deux gosses. Très peu de vacances, aucune protection sociale… Le moindre grain de sable, et c’était la faillite. Et la fiscalité ! « Profession libérale » ! Quand les revenus sont déclarés au franc près, 20% des revenus de ma page passaient chez le percepteur! Ce n’était donc plus possible… »

Planche originale d'une aventure de Nora, dans Mireille.

Christian Mathelot se recycle alors comme représentant de commerce, au grand regret de ses nombreux admirateurs de l’époque : « Un bon copain, représentant lui-même, par relation, m’a fait entrer comme VRP chez Cadoricin, les cosmétiques. Sorti de ma cage, je vadrouillais dans quatre départements du Centre. Cela n’a pas toujours été facile… J’ai roulé ma bosse, avec plus ou moins de bonheur.

La Crise, partout les boîtes s’écroulent… Chercher, enfin trouver, puis reperdre. Le chômage, pendant des mois, un nouveau job. Bidon ! Dépôt de bilan, fermeture : ASSEDIC ! Ça recommence ! J’ai pensé à la retraite, mais je paye mes années de BD que je n’ai pas racheté ! C’est là le paradoxe. J’ai commencé à travailler à seize ans, et à soixante-cinq ans je n’aurais pas mon compte de trimestres ! C’est idiot. Je serais toujours aussi impécunieux… »

Une planche originale de L'Orpheline du cirque.

En 2004, alors que les éditions Miklo de Claude Lefrancq rééditent les aventures de « Biggles », ce dernier consacre un volume à Christian Mathelot. Ce  n° 7 de la collection « Biggles présente… » réédite Titans du Pacifique et L’Odyssée du B.25 52 (récits complets réalisés, respectivement en 1948 et en 1947 pour les collections À l’assaut du ciel et Vaillance de Marcel Daubin) avec une nouvelle reprise des Géants du ciel (la version de Coq hardi je serais « Pilote« Â publiée en 1955) : « Je regarde en arrière, au-delà de toutes ces années ! Avons-nous perdu notre jeunesse ? Au temps de mon enfance, j’avais cette chance, courir chez le libraire, le mardi, avec ma pièce d’un franc à la main, acheter mon hebdo, pour enfin savoir si mon héros, plutôt mon ego (car je m’identifiais à lui) s’était sorti de la mélasse… Les jeunes n’ont plus cette chance. Il n’y a pas de suite à attendre, il n’y a pas de commencement… Et puis, comment s’identifier à un tas de ferraille qui se balade dans les galaxies ? Pourtant les albums foisonnent sur les rayons des hypermarchés… Que de merveilleux dessinateurs ! J’en regarde un, le feuillette, j’admire cette extraordinaire technique de reproduction qui fait de chaque dessin un véritable tableau ! C’est beau, c’est bien dessiné. Je repose le livre… Je m’aperçois que je n’ai pas été tenté d’en lire une ligne. C’est curieux, pourquoi ? Si c’est la nostalgie de mon passé, alors il faut que je dise « Ah ! De mon temps ! » et je suis un vieux con. Je ne pense pas que nos jeunes soient trop vieux pour ne pas avoir besoin de rêves. Ils ont tout ! Peut-être, mais pas ce qu’on leur a pris… On a coupé les fleurs bleues et coulé du béton. La BD, comme tout le monde, paye ses erreurs. »

Une planche originale de « Colonel X ».

Gilles RATIER

(1) Les extraits de l’interview de Christian Mathelot par Louis Cance qui ponctue cet article sont issus du n° 42 bis de Hop ! : un tirage limité à trois cents exemplaires numérotés et signés par les auteurs qui reprend la deuxième partie de Mission spéciale, une aventure du Colonel X scénarisée par Marijac. On peut aussi consulter avec profit le n° 115 de cette même revue professionnelle, paru au troisième trimestre 2007.

(2) Cette version du Grand Cirque dessiné par Mathelot (avec les deux planches inédites dans l’ouvrage édité par Flammarion, mais sans les deux bandes parues dans le n° 143 de Coq hardi) sera aussi reprise en album aux éditions Miklo, en 2003. En complément, on y trouvera, également, Les Géants du ciel. Cette histoire de dix planches, publiée dans Coq hardi en 1948, avait aussi été reprise dans Coq hardi je serais « Pilote«  en 1955 et dans le fanzine Haga en 1978.

(3)Il s’agit, en fait, d’une aventure de Jim Boum, héros emblématique de Marijac, qui sera proposée dans un album broché en noir et blanc imprimé par Apex à deux cent cinquante exemplaires en 1995.

Une autre planche originale d'Alerte à la terre.

Merci aux sites http://www.comicbd.fr/AuEp-Mathelot-Christian.html, http://www.galerie9art.fr/index.php?artist=753 et http://www.fantasmak.com/html/planches/mathelot.html qui nous ont permis de compléter l’illustration de ce dossier.

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12 réponses à Pour ne pas oublier Christian Mathelot

  1. Et il faut voir les fantastiques planches qu’il fit pour le journal l’AS…. Bien avant POIVET.

  2. dutrey jacques dit :

    Bel article superbement illustré! Bravo Gilles!

  3. Ludovic Charme dit :

    Il y a quelques jours c’est un autre grand dessinateur réaliste, Kline (Loup Noir, Davy Crocktee, Kaza le martien…) qui nous a quitté. Pareil là aussi, une totale indifférence médiatique… Je sais que BDZoom, toujours là pour se souvenir des grands maître passés de mode, saura s’y pencher mais c’est toujours triste à constater…

  4. Funcken, Kline et Mathelot. Cette hécatombe ne finira jamais?

  5. Michel Duynslaeger dit :

    C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris le décès de Monsieur Christian Mathelot.
    J’ai eu l’honneur, et le bonheur, car cela en fut un vraiment, de le rencontrer au Bourget , le 5 mars 2006 lors du Salon de la BD Aéronautique. Je garde de cette rencontre et du long entretien que nous avons eu ensemble, le souvenir inoubliable d’un homme chaleureux, modeste, et d’un abord d’une grande simplicité..
    Les illustrations de « son » Grand Cirque continuent de me susciter la même fascination qu’à l’époque de leur découverte, lors de mon acquisition de cet album il y a…plus d’un demi-siècle..! Je conserve précieusement cette édition que Monsieur Mathelot a eu la gentillesse de me dédicacer affectueusement.
    Un grand Monsieur, un grand artiste de la bande dessinée, qui restera dans le coeur de tous ceux qui apprécient ses dessins au réalisme tellement vivant .
    Merci à vous, Monsieur Ratier, d’avoir rendu ce bel hommage bien mérité à Monsieur Christian Mathelot.

  6. Dillies patrick dit :

    Le choc!
    J’avais téléphoné à Christian Mathelot en Mars-sa voix était toujours aussi jeune et enjouée- désireux de le rencontrer pour un nouvel entretien après un interview réalisé il y a quelques années. Nous avions convenu de reprendre contact après l’été.
    Je me souviens:son appartement était orné des quelques planches qui lui restait ,(Marijac ne s’étant pas montré très délicat -dixit Christian-).
    Ces planches étaient fabuleuses et étonnantes de précision ! Incroyable qu’il aît été un autodidacte (qui tout seul avait étudié dans le détail les planches du grand Alex Raymond) ; il avait réussi à transposer la technique du maître américain à un univers si français !
    Quel Dommage qu’il n’ait jamais bénéficié d’un support à sa hauteur et pu adapter des auteurs « noirs » comme Malet ou Héléna…

    J’apprends son décès par ce bel article hommage et cela me fait un choc, je le croyais inoxydable lui qui racontait avec humour et distance que pour clôturer ses points retraite, l’ANPE lui avait proposé d’intégrer…un stage de Dessin !!!!
    En tout cas, un homme carré et authentique , passionné de sport (Plongeon, Natation…) d’une grande bonhommie et surtout d’une simplicité exceptionnelle dans les rapports humains..
    Il y a comme ça toute une génération de dessinateurs qui ont cru à la BD et risqué pour elle avant qu’elle ne soit à la mode! Impensable qu’on ne leur ait pas donné un coup de projecteur plus conséquent !
    Merci Christian pour les belles ambiances de tes cases!

    Patrick ( Grif’ Graphe)

  7. yelles amina dit :

    C’est un ami que j’ai perdu.
    J’ai essayé de le faire re-connaître à Nogent sur Marne sa patrie depuis plus de 70 ans, lui né au Quartier Latin. Il a quand-même eu droit à une page du magazine municipal, mais je m’étais battue pour plus: une exposition-rétrospective…
    Cela lui aurait fait tant de bien. Il n’est jamais trop tard. A bon entendeur…Pour le prochain Maire de Nogent!

    • Henrika dit :

      Madame,

      Travaillant pour la télé et ayant des oeuvres de Mathelot à diffuser j’aurais besoin de l’autorisation de ses héritiers. Auriez-vous le numéro de téléphone de ces derniers.

      Dans l’attente de vous lire.

      Henrika MAASSEN
      0698862194

  8. GONTIER Philippe dit :

    J’apprends seulement la mort de ce grand dessinateur honteusement oublié. Quel artiste ! toujours soucieux d’améliorer son art à une époque où beaucoup d’auteurs traitaient la BD par dessus la jambe. Quel sens de la composition des planches, notamment dans « Le Grand cirque ». Bravo pour cet article-hommage et bravo à Jean-Paul Tibéri pour son ouvrage !

  9. Tomblaine dit :

    J’en « profite » pour rappeler que Christian Mathelot a intégré le Musée de la BD angoumoisin en 2013, grâce à un don AMBD : il s’agit de la 13ème planche originale issue de « L’Étoile du Cirque », dont la 1ère parution datait de 1954, dans Mireille.
    D’autres planches figurent encore en vente à la Galerie 9ème Art : http://www.galerie9art.fr/index.php?artist=753

  10. Ping : Hop ! , toujours nostalgique… | ArtsCulture

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