Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Bastien Vivès et Alexis de Raphelis
Rencontre aujourd’hui avec Bastien Vivès et Alexis de Raphelis qui s’attaquent, non sans malice, aux relations amoureuses dans « Juju Mimi Féfé Chacha », paru chez Ankama.
Coline BOUVART : Pourriez-vous me décrire un peu votre parcours ?, Comment avez-vous choisi la bande-dessinée ?
Bastien Vivès : Je voulais être dessinateur depuis que je suis petit, et je me suis intéressé à la bande dessinée au moment où je me suis rendu compte que je voulais raconter des histoires. Après un bac STI arts appliqués, j’ai fait trois ans de graphisme à l’ESAG Penninghen, puis deux ans aux Gobelins dans la section animation.
Alexis de Raphelis : Je suis tombé dans la bande dessinée par hasard, après avoir écrit un scénario pour Bastien.
C.B. : Quand avez-vous lancé vos blogs ? Comment en avez-vous eu l’idée ?
Bastien Vivès : J’ai lancé mon blog tout d’abord pour m’occuper : ça ne m’intéressait plus de dessiner dans le vide, alors quand Le goût du chlore a été fini, j’ai ouvert un blog.
Alexis de Raphelis : Mon blog existe depuis deux ans. Ce n’est pas un bog BD, mais plus une accumulation de recherches autour du dessin et de l’écriture.
C.B. : Comment les concevez-vous ?
Bastien Vivès : Pour moi c’est très impulsif, et ça me permet de dessiner des petits trucs, et de me raconter des conneries.
Alexis de Raphelis : C’est un laboratoire d’affranchissements.
C.B. : Qu’est-ce que vous apporte le blog ?
Bastien Vivès : Pas grand-chose, ça permet juste d’exister autrement qu’à travers les livres qu’on écrit. Par contre, j’ai rencontré pas mal de monde grâce à ça.
Alexis de Raphelis : Le blog est juste un moyen de montrer à mes proches l’évolution de mes travaux. À titre personnel, il offre un certain recul, puisqu’en quelques secondes on peut tout faire défiler, et voir les changements accomplis. Cela permet une remise en question nécessaire et constante.
C.B. : Alexis, vous avez réalisé un premier album, « Le Bloc ». Pourriez-vous m’en parler?
Alexis de Raphelis : C’est le quotidien d’un quartier et son lot d’histoires sur une semaine. On est dans la peau d’un jeune qui voit son destin lui échapper peu à peu. Il y a une suite en cours d’écriture.
C.B. : Bastien, comment les éditions Danger Public vous ont-elles proposé d’illustrer les deux albums de « Poungi » ?
Bastien Vivès : Je n’avais pas de blog à la base. C’était un site internet. Les illustrations jpg se baladaient un peu à droite à gauche. Danger Public est tombé dessus car quelqu’un avait posté ces illustrations sur un forum. Pour moi, c’était du bonus, j’étais encore dans mes études.
C.B. : « Elle(s) », « Hollywood Jan », puis « Le goût du chlore » et « Dans mes yeux » : quels liens tisseriez-vous entre vos albums ?
Bastien Vivès : Il y a pas mal de liant entre tous ces albums, « Elle(s) » et « Hollywood Jan » ont été fait sur la même énergie. Le goût du chlore, Dans mes yeux et La boucherie c’est autre chose. Aujourd’hui je veux retourner dans l’énergie de mes premiers…
C.B. : « Le goût du chlore » a été récompensé par le prix essentiel Révélation cette année à Angoulême : que représente pour vous cette distinction ?
Bastien Vivès : Ça donne pas mal de confiance pour attaquer la suite. Ça avance.
C.B. : Pour « Juju Mimi Féfé Chacha », vous avez travaillé ensemble, comme co-dessinateurs et co-scénaristes : comment ce projet a-t-il vu le jour et comment avez-vous travaillé ?
Alexis de Raphelis : On a créé deux personnages aussi superficiels qu’attachants, juste pour rire entre nous. Puis ils ont évolué sur un blog dédié à cet effet (http://pdmimidard.blogspot.com). Quelques mois après, Bastien proposait le projet à Ankama qui acceptait de l’éditer.
Bastien Vivès : Ça part sur une énergie commune, on se marrait bien avec ces deux petits personnages, puis on a pas mal bataillé pour qu’ils voient le jour en BD, ça n’a pas été facile, jusqu’au moment où ils ont accepté chez Ankama. Pour la fabrication, on a coupé l’album en deux et chacun a fait sa partie. On avait installé un concept à la base, que les couples ne soient jamais ensemble, puis on a composé… Il faut dire que sur ce sujet du « couple » on était sur la même longueur d’onde Alexis et moi.
C.B. :Qu’est-ce qui détermine votre choix lorsque vous préférez travailler « à quatre mains » sur un projet ?
Alexis de Raphelis : Cela s’est fait naturellement puisque nous avions eu l’idée ensemble.
C.B. : Selon vous, quelles sont les grandes différences entre la « BD » traditionnelle et le système des « BD Blogs » ?
Bastien Vivès : Pour moi il n’y a pas vraiment de différence, du moment qu’il y a de la qualité dans les deux.
C.B. : Quels sont vos projets dans la bande dessinée ?
Bastien Vivès : Un album chez kstr : « Amitié étroite » qui vient de sortir début octobre (ndlr : Lire à ce sujet la critique de Gilles Ratier : http://bdzoom.com/spip.php?article3999).
Alexis de Raphelis : Il y a deux projets en cours, l’un sur l’histoire d’un homme qui s’évapore au Japon, et l’autre sur celle d’un homme qui revient vivre dans son quartier 20 ans après pour d’étranges raisons.
C.B. : Pour finir, y a t il des blogs BD que vous aimez suivre ?
Bastien Vivès : Bien sûr, le blog de Marion Montaigne , j’adore. Celui d’Olivier Texier me fait énormément rire. Et puis d’autre comme Boulet, Ultimex, Le professeur Horreur.
Les blogs de Bastien Vivès :
- http://bastienvives.blogspot.com
- http://carnetbast.blogspot.com
- http://ateliermanjari.blogspot.com
Le blog d’Alexis de Raphelis :
- http://aleals.blogspot.com