Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°86 (29/08/2009)
Dernier Comic Book Hebdo d’été avant la rentrée : retour sur quelques albums sortis cette année et qu’il fait bon emporter à la plage? Cette semaine, EX MACHINA?
EX MACHINA vol.5 (Panini Comics, 100% Wildstorm)
Chaque nouvelle sortie d’un volume d’Ex Machina est toujours un réel moment de bonheur pour tous les accros à cette série vraiment géniale, nous permettant de savoir comment s’en sort Mister Hundred. On ne va pas tout reprendre depuis le début, mais rappelons quand même que le contexte créé par Brian K. Vaughan dans Ex Machina est tout simplement passionnant, intelligent, gonflé, engendrant des réflexions pertinentes sur les valeurs et le fonctionnement de nos sociétés actuelles. Mitchell Hundred a le pouvoir de parler et commander aux machines. Jadis, il Å“uvra en tant que super-héros sous le nom d’Illustre Machine, mais ce parcours fut plus catastrophique qu’autre chose, jusqu’à ce que – dans cette réalité parallèle – il empêche l’une des deux tours du World Trade Center de s’écrouler le 11 septembre 2001. Depuis, Hundred a délaissé son costume archaïque de super-héros pour se consacrer à la politique, devenant maire de New York. C’est cet itinéraire politique que nous raconte Ex Machina, n’hésitant pas à soulever des problèmes épineux creusant de l’intérieur les réflexions et décisions qui se font et se défont selon les valeurs de chacun, les aléas, la volonté et le hasard. Une bien belle leçon de relativisation, convenons-en. Tout ça est proprement passionnant, excitant, jouissif, qui plus est superbement mis en images par Tony Harris qui semble vraiment s’éclater et faire corps avec cette Å“uvre dans une grande implication graphique. Bref, si vous ne connaissez pas encore cette série, je vous conseille avec emphase de vous pencher urgemment dessus, de franchir le pas illico presto et de découvrir avec frénésie cette Å“uvre brillante ne ressemblant à aucune autre.
Dans ce nouvel opus reprenant les épisodes 21 à 25 parus en 2006 et 2007, Hundred a encore fort à faire pour gérer les problèmes inhérents à sa fonction – et même plus. Dans une narration à la temporalité alternée et parallèle chère à Vaughan sur cette série, nous voyons comment Hundred réagit face à l’épineux sujet de la drogue. En 2001, l’Illustre Machine traquait un vulgaire dealer d’herbe comme un criminel de sang ; deux ans plus tard, le voici qui entend bien revoir la loi sur les stupéfiants afin de ne pas surcharger les efforts de police et de désengorger les tribunaux, sans parler des frais engendrés, pour des histoires de pétards alors qu’il y a tant à faire en matière de criminalité. Que Hundred ait même avoué avoir déjà tiré sur un joint risque de mettre… le feu aux poudres et d’entamer sa respectabilité auprès de l’opinion publique, chose dont il se passerait bien alors qu’une femme s’est immolée sur les marches de la mairie et qu’un faux pompier accumule les meurtres. Notre héros a du mouron à se faire, sans parler de son équipe qui le soutient autant qu’elle le remet face à ses responsabilités, quitte à le bousculer. Et là aussi les choses vont s’avérer plus compliquées que prévues, car Dave et Candy sont rejoints par January, la sÅ“ur de la regrettée Journal, qui dit vouloir continuer le combat de cette dernière en travaillant aux côtés de Hundred. Mais cela ne cache-t-il pas autre chose ? Vous serez certainement estomaqués d’apprendre ce qui se trame et qui est derrière tout ça… Vraiment l’une des séries les plus intéressantes du moment.
Cecil McKINLEY