Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
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Notre sélection de la semaine : ? Piscine Molitor ? par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, ? Tokyoland : les aventures d’un Français au Japon ? par Benjamin Reiss, et ? Á l’ombre des murs ? par Arnaud Le Roux et Marion Laurent.
- ? Piscine Molitor ? par Christian Cailleaux et Hervé Bourhis – Editions Dupuis (15,50 Euros)
Ce n’est pas la première fois qu’Hervé Bourhis rend hommage à l’écrivain, trompettiste, animateur de club de jazz et chanteur Boris Vian (voir son premier album où il assumait textes et dessins, « Thomas ou le retour du Tabou », en 2002, aux Humanoïdes associés) ; mais cette fois-ci, avec l’aide graphique du trait toujours aussi sobre et élégant de Christian Cailleaux, il se penche particulièrement sur ses derniers moments : ceux que cet artiste protéiforme, souvent trop en avance sur son temps et qui a disparu il y a tout juste cinquante ans, a vécu à la piscine Molitor. Avant d’être terrassé par un infarctus, le 23 juin 1959, au début de la projection en avant-première du film adapté de son roman « J’irais cracher sur vos tombes », l’auteur culte de « L’Écume des jours » ou de la chanson « Le Déserteur » nageait en apnée dans ce bassin olympique, persuadé que cela allait réparer son cœur insuffisant que la médecine ne pouvait remettre à neuf. C’est alors que ses souvenirs puisés dans l’eau chlorée et des bribes de sa vie fulgurante lui reviennent par intermittence : la ruine de son rentier de père après une enfance privilégiée, sa crise aiguë de rhumatisme articulaire à l’âge de douze ans, ses brillantes études d’ingénieur, son travail administratif et ennuyeux à l’AFNOR, son épanouissement à Saint-Germain-des-Près ou à Saint-Tropez au contact des intellectuels Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre ou des chanteurs Juliette Gréco et Henri Salvador, les fêtes, les concerts, les scandales et les procès… Une superbe biographie dramatique et mélancolique qui met surtout en avant les inquiétudes et la vulnérabilité de l’artiste.
- ? Tokyoland : les aventures d’un Français au Japon ? par Benjamin Reiss – Editions 12 bis (15 Euros)
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’attendait pas les « 12 bis » sur ce terrain-là ! En effet, ces anciens éditeurs du groupe Glénat ont jusqu’à présent forgé leur identité sur leur savoir-faire : c’est-à-dire la bande dessinée traditionnelle franco-belge bien racontée et bien dessinée (en employant des auteurs qui leur font confiance comme François Bourgeon, Pierre Boisserie, Philippe Bercovici, Éric Stalner, Richard Malka, Corbeyran, Luc Brahy, Fane, Laurent-Frédéric Bollée, Chris Lamquet, Richard Marazano…), l’humour satirique et politique (avec des dessinateurs issus de Charlie-Hebdo comme Tignous, Charb, Riss…) et les mangas. Or, voilà qu’ils publient un roman graphique autobiographique d’un jeune et talentueux diplômé de l’école Émile Cohl de Lyon (voir son site : http://benreiss.ifrance.com) qui n’avait encore pratiquement rien publié de véritablement concret en bandes dessinées ! Ce dernier nous raconte avec humour et tendresse, comment il est parti s’installer à Tokyo, entre 2002 et 2008, alors qu’il était tombé amoureux d’une Japonaise en France ! Une fois arrivé sur place, ne possédant que quelques rudiments de la langue locale, il va se heurter à l’apprentissage d’une vie d’immigré : la jeune fille sur laquelle il comptait ne répondant à aucun de ses messages désespérés. Malgré ses déconvenues, il décide toutefois de vivre malgré tout son rêve en cherchant du travail sur place. C’est ainsi qu’il va se faire embaucher comme assistant mangaka, côtoyant ainsi plusieurs dessinateurs japonais : une expérience qui lui laissera des souvenirs impérissables ! Narré avec efficacité, cet album atypique chez 12 bis, car proche de la mouvance « nouvelle BD » (qui commence à ne plus être si nouvelle que ça !), mérite vraiment votre attention !
- ? Á l’ombre des murs ? par Arnaud Le Roux et Marion Laurent – Editions Futuropolis (18 Euros)
C’est peut-être l’ambiance à la Prévert ou à la Carné (« Les Enfants du Paradis »), teintée de Hayao Miyazaki ou de Tim Burton, qu’ont su recréer les dialogues d’Arnaud Le Roux et surtout le trait nostalgique et épuré (allant directement à l’essentiel) de Marion Laurent qui frappe d’emblée, à la lecture de ce conte aux tonalités très travaillées et empreint de joliesse. En tout cas, après deux albums plutôt sensibles, aussi sombres qu’intimistes et également publiés chez Futuropolis (« Entre deux averses » en 2006 et « Roudoudou Blues » en 2007), ces deux jeunes auteurs ont réussi à installer une vraie atmosphère avec cette aventure gouailleuse, légère et feuilletonesque… Tache, jeune garçon issu d’une bonne famille, vit dans un royaume où une Sainte Souveraine écrase de son joug autoritaire tous les contestataires. C’est alors qu’il rencontre Jude, une jeune et jolie jeune fille enfuie d’un orphelinat, et qu’il lui fait prendre contact avec deux petits voyous sympathiques de sa connaissance ; ces derniers lui proposent de se réfugier chez un collectionneur de machines improbables du temps passé, lequel habite ?à l’ombre des murs? qui emprisonnent la ville, en compagnie de son protégé qui jacte aussi vite qu’une partoche de musique, d’où son surnom : Doubl’Croche ! Un récit où les mystères, les faux-semblants et les mensonges rythment le destin de toute cette joyeuse petite bande qui évolue dans un pays imaginaire violent et cruel.
Gilles RATIER