ENCORE PLUS DE LECTURES BD – Mai 2009

« Quand souffle le vent », « Les voies du seigneur », « Le cousin Hugues », « Problèmes de connexion », « Yakari », « Intégrale Johan et Pirlouit »

« Quand souffle le vent », Bonin, Glandon, Dargaud, 14,50 €

Au début du XXe siècle, dans une petite ville minière du Nord soumise à ses patrons, l’arrivée d’un groupe de tziganes bouleverse la communauté. Sur fond de révolte sociale, d’incompréhension et de résurgences de pogroms passés, un drame se joue jusqu’au dénouement implacable. Mêlant analyse sociale naturaliste et ressorts fantastiques, cette réflexion sur la rencontre des diversités et les formes de l’exploitation se trouve immergée dans une fresque tragique, aux multiples ramifications solidement nouées par un scénario vif et un trait acéré. Un récit qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Servais ou de Comès.

« Les voies du seigneur », David, Lassablière, Calderon, Soleil , 12,90 €

En 1066, en plein préparatif du débarquement en Angleterre, l’évêque Odon, frère du duc de Normandie Guillaume, reçoit de Rome la mission de récupérer à tout prix un document qui peut changer la face du monde. Prenant pour cadre un grand évènement historique, le scénario flatte le lecteur en mettant en scène des personnages connus, conjuguant effets de réel et ressorts romanesques, pour mieux fondre la documentation et les éléments ésotériques, jusqu’à donner au final, un récit historique bien mené et agréablement mis en images dans un style clair et réaliste.

« Le cousin Hugues », Max Braslavsky, Delcourt, 12,90€

Désabusé, cynique, BCBG jusqu’au bout de la mèche blonde et ondulée, voici le cousin Hugues. Pour cet adolescent prématurément mûri, tout est trop grand pour son âge, comme un rôle qui lui a été imposé à la naissance : le château, le pull, la Rolex, les dettes, les ambitions, les fantasmes, la lassitude, rien de jeune, de léger, de gratuit ou d’insouciant chez ce garçon, flanqué d’une mère alcoolique, d’une cousine faussement sage et d’une gouvernante patiente jusqu’à l’abnégation. Cet album délicieusement caustique décrit avec finesse, au rythme d’une image par page, sur un mode situé entre le dessin de presse pour le format et la BD pour l’homogénéité du thème, le milieu de l’aristocratie telle qu’on se plaît à l?imaginer.

« Problèmes de connexion », Jannin&Dal, Fluide Glacial, 9,95€

L’ordinateur, dévoreur de temps et source de quiproquos, révolutionne nos vies : entre internet qui coule une relation sur un clic, le courriel qui permet de se joindre même et surtout quand on n’a rien à se dire, et le e-commerce dont les facilités finissent par coûter cher, les auteurs décrivent avec humour un monde en train d’effacer les frontières, mélangeant vie privée et vie publique, et demandant une attention de tous les instants. Basé sur la mise en scène de situations cocasses où les dialogues tiennent une place clef, cet album évoque avec finesse une communication techniquement banalisée mais humainement de plus en plus délicate.

« Yakari », Derib&Job, Le Lombard, 13,5€

Est-il encore besoin de présenter ce petit indien, vif et astucieux ? Dans les aventures de ce papoose qui parle aux animaux, un fil rouge est offert par sa relation privilégiée aux chevaux. Nourris d’un esprit écologique avant que la question du développement durable n’entre dans les programmes d’enseignement, les albums de « Yakari » tissent un lien poétique et fort entre les enfants et une nature, certes humanisée, mais toujours source d’émotions et d’émerveillement. Le Lombard réédite ici 3 aventures dans un format et un prix qui rendent l’ensemble de la collection particulièrement abordable pour redécouvrir le courageux petit indien et son poney, Petit Tonnerre.

« Intégrale Johan et Pirlouit », Peyo, , Dupuis, 18€

Pour le vaillant Johan et le malicieux Pirlouit, les aventures se succèdent dans un Moyen-Age, qui pour être de fantaisie, n’en présente pas moins une consistance historique certaine. Surtout, avec ce 3 tome de l’intégrale, on découvre probablement les meilleurs albums de Peyo : efficacité du trait, dialogues percutants, vivacité du récit, le maître livre ici une leçon d’efficacité franco-belge à l’apogée d’un style. De plus, c’est dans « La flute à six schtroumpfs » qu’apparaissent pour la 1e fois les petits hommes bleus qui recevront bientôt la consécration d’une série particulière. 3 albums d’anthologie accompagnés d’un dossier regorgeant de commentaires et d’anecdotes.

Joël DUBOS

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