Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Rouge Tagada » par Stéphanie Rubini et Charlotte Bousquet
Cela commence joliment. La première vignette montre une jeune fille de profil ; ses longs cheveux noirs lui cachent presque entièrement le visage. C’est Layla. Dessous, un gros chat aux yeux d’or, celui de Layla. Et puis, une voix off qui évoque Layla avec gourmandise, une voix dans laquelle on entend le désir et l’émotion. Layla, toujours Layla …
C’est Alex qui raconte donc ce moment très fort de son année de 4ème au collège, l’année de sa rencontre avec Layla, la « gazelle un peu paumée ».
Alex est une fille aussi. Elle nous dévoile son journal, écrit comment Layla et elle se sont rapprochées, grâce au théâtre, goût qu’elles ont en commun, puis se sont apprivoisées, sont devenues amies, meilleures amies.
Elle dit comment elle est tombée amoureuse, sans oser se l’avouer vraiment, les sentiments de jalousie et d’abandon qui l’ont empoisonnée lorsque « sa » Layla a rencontré un garçon « trop génial », le cÅ“ur qui se brise et la page qu’il faut tourner.
Charlotte Bousquet, la romancière, et Stéphanie Rubini, l’illustratrice, signent leur premier album de BD, avec cette chronique sur l’adolescence et la confusion des sentiments, sur l’éclosion du sentiment amoureux et le désarroi qu’entraîne la non réciprocité et sur l’homosexualité.
Le récit sonne juste, tissé de notations très fines sur tout ce qui constitue une vie d’adolescente aujourd’hui. Il y a le collège, les fous rires et les confidences jusque tard dans la nuit qui scellent une amitié, les fameuses fraises Tagada qui rendent la vie plus sucrée, les non dits qui étouffent, les premiers baisers qu’ll faut peaufiner encore et encore et la difficulté à trouver son identité sexuelle et à l’assumer à un moment de la vie où l’on se sent à la fois fort et fragile.
Une chronique qui touche à l’intime, aux images délicates. Les lectrices ados apprécieront.
Catherine GENTILE
« Rouge Tagada » par Stéphanie Rubini et Charlotte Bousquet
Éditions Gulfstream (15 €) – ISBN 978 2 35488 184 9