Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Histoire de vous faire regretter de ne pas être venu au 29ème « bd BOUM » de Blois…
Voici le compte-rendu de la 29ème édition de « bd BOUM » qui s’avère, une fois de plus, être une vraie réussite ! Après tant d’années, il aurait pu s’installer une routine ou une impression de déjà vu dans cette manifestation blésoise, mais chacun sait l’implication et l’ardeur que toute l’équipe, à commencer par son président Jean-Pierre Baron et son directeur Bruno Gemini, nourrit pour en faire un évènement inoubliable et toujours porteur de rencontres et d’échanges constructifs. Incontestablement, les constantes de ce festival sont sa qualité, sa convivialité et la richesse de son contenu…
Ici point de facilité, mais une recherche permanente d’évolution pour rendre les expositions toujours attractives, les débats aussi divers qu’ouverts et les animations dignes d’intérêt.
En quête incessante de perfectionnement pour satisfaire le plus grand nombre, du jeune enfant au professionnel le plus chevronné, ses organisateurs ont su une fois encore nous surprendre.
À commencer par le « Tour de Lax »,  à l’Expo 41. Passionnés ou non de vélo, on est immédiatement happé par l’univers de Lax, le prix Grand Boum Blois de 2011.
Ses couleurs, la gestuelle très étudiée de ses sportifs, la physionomie de ses cyclistes les rendent particulièrement vivants.Qu’on le veuille ou non, on est projeté dans le monde du cyclisme et on partage les souffrances, les joies, la détermination des sportifs. Notre regard s’accroche à eux avec empathie pendant qu’on les suit d’Algérie au Vel’ d’Hiv.
Autre expo, autre atmosphère ! Quand vous entrez chez « Tom Tom, Nana et Cie »,  à l’entrée de la Halle aux Grains, vous retrouvez les deux personnages connus de tous qui vous invitent à pénétrer dans l’univers imaginé par Bernadette Desprès, il y a déjà 35 ans.
On y retrouve la fameuse 4L que chacun reconnaîtra, ainsi qu’une multitude d’objets introduits par leur créatrice, au fil des albums. En déambulant dans cet espace de décors familiers personne ne sera dépaysé en plongeant (ou replongeant) dans un monde enfantin plein de malice et de spontanéité.
Un peu plus loin, dans les allées de la Halle, l’insolite est au rendez-vous quand le visiteur se retrouve nez-à - nez avec une série de casseroles toutes très surprenantes. Il s’agit d’ustensiles grandeur nature créés à partir de reproductions trouvées dans des BD. On ne s’imagine pas combien la casserole a une place importante dans la bande dessinée ! Le « Musée de la casserole » a rassemblé pour nous des prototypes tous plus originaux les uns que les autres avec des découvertes allant de la casserole gonflable de Gaston Lagaffe à celles, rayées noires et jaunes, de Lucky Luke, en passant par la crénelée de Castelwall ou la poilue du Shnou ou … Sourires assurés pour tous.
 On continue notre périple bédéphile à l’étage de la Halle en allant à la rencontre de Jean-Claude Servais, un conteur exceptionnel et un dessinateur hors pair. Plus besoin de présenter cet auteur. Mais quel plaisir de retrouver ses planches extraites d’« Orval », de « Tendre Violette », de « Fanchon », ou de « La Déesse blanche » et des autres.
Le dessin toujours très minutieux de Servais, l’importance qu’il accorde à chaque détail, sa maestria graphique visible notamment dans les sujets animaliers marque le réalisme de ses paysages.
Ses personnages à la forte personnalité, empreints de magie et de sorcellerie, sont autant de passeurs vers un monde sensible où la nature et les rapports humains occupent une place capitale..
 Avec « Dust Bowl », c’est d’un mariage tout à fait inhabituel qu’il s’agit. En effet, il s’agit d’expliciter l’association bande dessinée et musique. Voici l’une des bonnes surprises de ce festival, d’où est né un opus réunissant livre et CD, les dessinateurs du premier étant les interprètes du second. C’est ainsi que « bd BOUM », en collaboration avec l’association Mars, a réalisé et édité cet ouvrage regroupant 18 titres et 52 pages. Comme son titre l’indique, ce livre-CD fait référence à « la grande crise de 1929 et aux temps un peu moroses de ces dernières années » (Brouillet). Au final, ce sont 10 dessinateurs qui ont enregistré en studio et illustré chacun à leur manière le projet. Une réalisation éclectique tant dans les dessins que dans la musique qui va du rock au folk, en passant par le blues et l’électro. Un bel objet, cadeau idéal pour les fêtes à venir.
On ne peut parler de« bd BOUM » sans évoquer la bibliothèque Abbé Grégoire qui accueille, elle aussi, plusieurs expositions remarquables. On ne reviendra pas sur celle de « Murena » (voir Exposition Murena à la bibliothèque Abbé Grégoire de Blois)  réalisée en collaboration avec les « Rendez-vous de l’Histoire » (voir « La Mort de Staline » Prix Château de Cheverny de la BD historique 2012 et Rencontre avec Éric Warnauts et Guy Raives aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois). En revanche nous insisterons sur l’intérêt de l’album « Gaspard et le phylactère magique »  présenté et lu aux plus jeunes afin de leur expliquer, sans en avoir l’air, la genèse d’une bande dessinée (voir « Gaspard et le phylactère magique » par Mickaël Roux et Alain Dary). Gageons que cet ouvrage aux vertus aussi ludiques que pédagogiques aura beaucoup de succès. Tout comme « Fleur de géant » dont les illustrations sont exposées dans le hall de la bibliothèque pour le plaisir des enfants comme de leurs parents.
Autre nouveauté cette année : les ateliers jeunesse ont migré vers La Fabrique, permettant ainsi d’avoir un lieu plus adapté à l’accueil d’une jeune public pour qui est proposée toute une série d’activités aux vertus pédagogiques et récréatives. Là encore il y a foule et le plaisir des enfants « à faire » n’est pas feint. Il faut dire que Sébastien Duforestel, responsable pédagogique de « bd BOUM », a su s’entourer de personnel compétent qui allie découverte et réalisation dans une ambiance décontractée.
En conclusion, 2012 fut encore un « bon cru » et le public toujours aussi dense ne s’y est pas trompé. Que trouverons nos organisateurs de talent pour la 30ème édition annoncée comme un évènement marquant ? Ils savent d’ores et déjà entretenir notre curiosité et notre impatience.                                  Josy HERMELINE
Très bon compte rendu… Retrouvez également tout un dossier sur #bdBoum2012 à #Blois avec articles et vidéos : http://bit.ly/Rd6ZV3