Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« La Rose écarlate » T8 (« Où es-tu ? ») par Patricia Lyfoung
En 2006, une nouvelle héroïne fait une entrée remarquée dans les planches de bande dessinée. Elle s’appelle Maud, est orpheline et va vivre à Paris avec son grand-père. Plutôt que de se plier à la vie que le vieil homme voudrait pour elle et devenir une jeune fille accomplie et bien élevée, Maud préfère d’autres occupations. Elle choisit l’épée plutôt que la broderie, devenant ainsi une fine bretteuse. Aux gentilshommes de salon, elle préfère les « mauvais garçons » car Maud est fascinée par un certain Robin des Bois que l’on surnomme Le Renard, insaisissable, généreux et fantasque. Elle l’a rencontré au cours d’un bal, il s’appelle Guilhem de Landrey.
Dès lors, la vie de la jeune ville devient tumultueuse. Pour venger son père et suivre celui qu’elle aime, elle devient La Rose écarlate, une justicière en jupons, jupons qui ne l’empêchent nullement de manier l’épée et de poursuivre la voie qu’elle a choisie.
Cette jolie héroïne, qui n’hésite pas à prendre son destin en main, malgré les embûches et les contrariétés, devient rapidement populaire dans le lectorat adolescent, plutôt féminin. Même si l’on ignore si la fédération d’escrime a vu son nombre de licenciées augmenter grâce à Maud / La Rose écarlate, ce qui est sûr, c’est que chaque nouvel album est attendu avec impatience et scruté de près par les lectrices attentives.
C’est avec « La Rose écarlate » que Patricia Lyfoung s’est fait connaître dans le monde du 9e art. Elle explique souvent que sa passion pour les décors, les costumes et les histoires romantiques mais rythmées, est née grâce au dessin animé « Lady Oscar » qu’elle regardait à la télévision dans les années 2000. Alliant son goût et sa connaissance du manga à ses lectures de grandes séries européennes, elle crée ainsi un style graphique métissé qui accroche rapidement les lectrices. Dans ses histoires, on trouve bien sûr une pincée de romantisme, des personnages passionnés, des histoires d’amours contrariées, des décors et des costumes spectaculaires, de l’action, des combats et de l’humour. Un cocktail savamment dosé que l’on peut savourer sans effets secondaires.
Voici donc arrivé dans les bacs le huitième tome de cette série de jupons et d’épée : « Où es-tu ? »
La planche d’ouverture nous montre une Maud en bien fâcheuse posture et en robe de mariée. Elle ne peut cacher son désarroi car celui qu’elle s’apprêtait enfin à épouser l’a abandonnée sans explication. Mais son abattement est de courte durée, remplacé, dès la deuxième planche, par une colère salutaire et explosive : « C’est moi qui vais le retrouver ! Et s’il le faut, je l’emmènerai de force au pied de l’autel !!! ». Voilà qui est bien dit. Dès lors, Maud se met à la recherche de son Guilhem, aidée en cela par son ami Linus Grimaldi, gentilhomme aventurier et alchimiste à ses heures. Cette quête emmène Maud et Linus jusqu’en Pologne, dans la maison mère d’un ordre de chevaliers mystérieux, les Chevaliers Teutoniques. L’on suit en parallèle les pérégrinations de Guilhem, que Natalia, jeune femme sans scrupules, mène par le bout du nez. Grâce à la vague promesse de l’aider à retrouver son père, Natalia pousse Guilhem à commettre des actions qu’il réprouve, comme s’il avait subi un lavage de cerveau. Les retrouvailles entre Maud et son amoureux risquent de frôler l’explosion, mais, cela, ce sera dans le tome 9, enfin, peut-être …
On retrouve dans ce huitième opus tout ce qui fait la spécificité du travail de Patricia Lyfoung, ce mélange de classicisme et de manga, la manière dont les traits des personnages se déforment sous le coup d’émotions fortes, le rythme de la narration, l’élégance des postures, les détails, les scènes d’action. Quelques planches sont magnifiquement traitées et spectaculaires, notamment dans la bibliothèque et le cabinet de curiosités de Linus Grimaldi, avec un beau travail sur l’ombre et la lumière, ou encore à la fin de l’album.
« Où es-tu ? » ne devrait donc pas décevoir celles qui l’attendent depuis quelques mois.
Catherine GENTILE
« La Rose écarlate » T8 (« Où es-tu ? ») par Patricia Lyfoung
Éditions Delcourt (10,95 €) – ISBN 978 2 7560 2473 9
c’est trop bien la rose ecarlate bravo
j’adore la rose écarlate, j’ai toute la collection et j’attends avec impatience le tome 9 !!!!
Je trouve que c’est le plus beau livre du monde