Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Blast » T3 (« La Tête la première ») par Manu Larcenet
Après deux premiers opus coup-de-poing, ce bouleversant troisième et avant-dernier épisode de « Blast » nous fout encore une sacrée claque…
     Nous y retrouvons, toujours en garde à vue dans les locaux de la police, l’obèse Polza Mancini : un ancien écrivain d’ouvrages sur la gastronomie devenu SDF. Interrogé par deux patients policiers, il poursuit, à son rythme, le récit de sa quête éperdue du « blast » – ces moments magiques qui le transportent ailleurs -, de ses cheminements autodestructeurs qui l’ont conduit jusqu’à Carole Oudinot, jeune fille qu’on le soupçonne d’avoir tuée ; s’attardant, notamment, sur ses nuits passées en forêt, son séjour à l’hôpital psychiatrique et son incroyable rencontre avec Roland Oudinot…
           Auparavant, son errance l’avait conduit à fracturer des maisons isolées pour voler de la nourriture et dormir quelques heures, la solitude le poussant, par ailleurs, à boire plus que de raison. C’est d’ailleurs sous l’emprise de l’alcool que, nu devant un immense miroir de l’une de ces maisons où il était entré par effraction, il va se retrouver face à son image. Il a l’impression de se voir pour la première fois et se rend compte, alors, à quel point il se déteste : du coup, il va se planter, à nouveau, un coup de couteau dans le ventre… Mais, cette fois-ci, la blessure infligée est plus profonde et plus douloureuse que celles qu’il s’était faites jusque-là  : et il comprend qu’il est en train de mourir…
           Ainsi, Polza raconte-t-il uniquement ce qu’il a envie de dire, omettant certains événements cruciaux et manipulant habilement ses auditeurs… Tout comme Manu Larcenet, Polza sait vraiment bien raconter des histoires, en usant d’une gamme émotionnelle peu commune …
           Et comme la partie graphique de ce magistral troisième tome atteint, elle aussi, des sommets (on sera particulièrement admiratif devant la finesse du travail sur le noir et blanc), on ne pourra, comme tout le monde, que crier au chef-d’œuvre !!!
                  Gilles RATIER
« Blast » T3 (« La Tête la première ») par Manu Larcenet
Éditions Dargaud (22,90 €) – ISBN : 978-2-2205-07104-7