Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Un prince à croquer » T1 (« Entrée ») par Patricia Lyfoung
Patricia Lyfoung a fait une entrée remarquée en bande dessinée avec « Je savais que je te rencontrerais », le premier tome d’une série devenue culte aujourd’hui, « La Rose écarlate ».
Cette série, riche aujourd’hui de 7 albums, met en scène une jeune fille, Maud de La Roche, bretteuse et cavalière accomplie, qui décide de retrouver l’assassin de son père, et devient une justicière masquée, en se faisant appeler « La Rose écarlate ».
La série a rapidement pris son envol et sa jeune héroïne a séduit un large public d’adolescentes et de jeunes adultes, essentiellement nourries au manga et aux anime. « Lady Oscar » est d’ailleurs une histoire que Patricia Lyfoung dit avoir adoré, et qui lui a donné le goût des décors spectaculaires, des héroïnes passionnées et des histoires romantiques.
Elle revient aujourd’hui avec une nouvelle romance, installée dans un univers contemporain, entre le royaume de Dulime et Paris.
L’on y découvre tout d’abord un prince, Nicolas de Duline, coincé dans son petit royaume d’opérette, entre une mère autoritaire, un père fadasse et une étiquette rigide. Il n’a jamais voyagé, ne sait rien faire de ses dix doigts et rêve de liberté. Quand il apprend qu’il doit épouser une jeune Américaine richissime, il quitte le royaume en douce avec son ancien garde du corps qui l’emmène à Paris.
L’on y rencontre ensuite Marion, une jolie brunette qui ne s’en laisse pas conter. Ce n’est pas une princesse, mais elle règne en maîtresse presqu’absolue sur l’un des restaurants les plus chics de Paris, « Au petit pois » où l’on sert « la meilleure cuisine du monde ». Marion sème la terreur sur la brigade qu’elle mène à la baguette, contrôle scrupuleusement sauces et pianos, et le chef, subjugué par ses talents, la laisse faire. Marion est une travailleuse acharnée, ignore ce qu’est la fantaisie, et la cuisine de son appartement, où elle concocte de nouvelles recettes, est presqu’un autel.
Nicolas et Marion n’ont rien en commun. Pourtant, par un concours de circonstances que l’on vous laisse le soin de découvrir, Nicolas devient le colocataire de la jeune fille, qu’elle embauche au Petit pois pour laver la vaisselle. Malgré l’autorité et la rigidité de Marion, Nicolas semble aux anges. Il découvre enfin Paris dont il rêvait dans son château, et la vraie vie, celle où l’on travaille, où les horaires d’ouverture de la tour Eiffel ne conviennent pas forcément, où l’on peut aller boire un verre le soir avec un ami dans un bar où il n’y a que des garçons.
Et puis surgit alors la fiancée à laquelle il veut échapper, Gwladys Jefferson, une espèce de poupée Barbie, qui débarque devant le restaurant à bord de son hélicoptère rose ! Eh oui, ça existe !
L’affaire va se corser. Le joli prince va-t-il se laisser croquer ? Faut voir. Mais la guerre en cuisine, ce sera pour le prochain album …
Patricia Lyfoung nous offre ici une histoire délicieusement acidulée, qui mélange joliment un côté fleur bleue ou rose, avec des thématiques plus contemporaines. Et ça marche tout à fait bien. Le prince qui est, pour l’instant un peu nunuche, nous rappelle bien sûr les « vrais » princes qui font la une des magazines people. Marion, qui s’humanisera sans doute par la suite, est tout habitée par sa passion pour la cuisine, un thème à la mode en ce moment. C’est une héroïne intéressante, fille indépendante et de caractère, qui se laisse rarement déstabiliser. Et puis, d’autres sujets surgissent au fil des pages : l’homosexualité, le travail, le pouvoir de l’argent, tout cela traité avec une apparente légèreté. Le récit est servi par un dessin impeccable, une mise en pages dynamique et le soin constant que la dessinatrice, très à l’aise, apporte aux décors et aux détails. L’on s’amusera aussi à repérer les clins d’œil à certains films ou séries ou à quelques mangas célèbres.
Nul doute que ce « Prince à croquer » va se laisser dévorer par les jeunes lectrices qui risquent de devenir accros. Mais, il y a pire comme addiction !
Catherine GENTILE
« Un prince à croquer » T1 (« Entrée ») par Patricia Lyfoung
Éditions Delcourt (10,95 €) – ISBN 978 2 7560 2212 3
j’adore vos BD ! j’attends les suites !!
C’est trop bien cette BD ! J’attends la suite avec impatience !!!!!!!
je les lis tout le temps !