Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Jean Giraud, alias Moebius, est décédé !
Le génial dessinateur, notamment de « Blueberry » et de « L’Incal », vient de mourir, ce samedi 10 mars, à l’âge de 73 ans.
PARIS, 10 mars 2012 (AFP) – 10.03.2012 15:55
Voici une synthèse des réactions récoltées par l’AFP:
- Jean-Claude Mézières, créateur de la série BD « Valérian et Laureline » qui était à l’Ecole des Arts appliqués avec Moebius quand ils avaient 15 ans : « C’était un fou de dessin. Il passait sa vie sur le papier. J’ai toujours jalousé son habileté… Quand nous étions à l’école et qu’il nous montrait son carnet de croquis, on savait. On savait qu’il avait ce talent, cette intuition géniale, dans la tête et jusqu’au bout des doigts ».
- Frank Margerin, auteur de la série « Lucien » le rebelle à la banane : « Jean était un génie du dessin mais surtout un ami. C’est une immense perte, et pas que pour le petit monde de la BD. Jean aimait plus que tout dessiner et maîtrisait totalement son art, il avait toujours sur lui un petit carnet dans lequel il +griffonnait+ de purs chefs-d’oeuvre avec une facilité déconcertante. Le regarder dessiner était un bonheur ! »
- Gilles Ratier, secrétaire général de l’Association des critiques et journalistes de BD (ACBD): « Toute la profession est sous le choc, totalement effondrée, même si on savait qu’il était gravement malade ».
- Benoît Mouchart, directeur artistique du festival international de la BD d’Angoulême: « La France perd l’un de ses artistes les plus connus au monde: au Japon, en Italie, c’est une star. Moebius a influencé la BD mondiale et son influence sur le cinéma américain est également monumentale ».
« Je pèse mes mots: Moebius restera dans l’histoire du dessin au même titre que Dürer ou Ingres. C’était un artiste dont la dimension dépassait de très loin l’univers de la BD, un Maître comme on le dit en peinture, qui a créé une école et cherché toute sa vie à déconstruire son propre style, à se réinventer ».
« Jamais Manara, Enki Bilal, Hermann ou Juillard ne dessineraient comme ils le font si Moebius n’avait pas existé ».
- François Boucq, grand nom français de la bande dessinée, « artiste de l’année » en 1998 à Angoulême: « J’ai perdu un très bon pote. J’ai une vénération particulière pour son travail dans le cadre de la BD et du dessin en général. C’était un maître du dessin réaliste, dont il estimait que c’est l’aristocratie du dessin. Il avait aussi un réel talent humoristique, qu’on devine à l’occasion dans ses ouvrages de science-fiction… et dont il faisait encore largement preuve à l’égard des ses infirmières quand je l’ai vu il y a quinze jours, sur son lit d’hôpital ».
- Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, grand fan de BD: « Il y avait celui qui, sous son propre nom, ou celui de Gir, a créé la merveilleuse série western Blueberry, depuis longtemps entrée dans le panthéon des grands classiques de la BD. Et il y avait un autre Jean Giraud, aussi talentueux mais très différent du premier, qui se faisait appeler Moebius, nom venu d’ailleurs, comme d’une autre galaxie ».
- L’ancien ministre de la Culture Jack Lang: « Moebius est un des grands qui domine la scène mondiale d’un art qui a pris en France une place et un élan considérable. il a été dans les années 70 et 80 l’homme phare de cet art (…) avec une oeuvre colorée, éclectique et protéiforme. Il est sans doute l’un des plus géniaux créateurs d’arts graphiques ».
- Les Editions Dargaud rappellent que « celui qui fut l’un des plus grands artistes de la bande dessinée mondiale avait commencé dans les pages de l’hebdomadaire Pilote en 1963: Blueberry, cosigné avec Charlier, restera pour des millions de lecteurs de toutes générations l’archétype de ce que la grande BD d’aventure peut produire de plus fascinant ».
« Mais il était bien plus qu’un créateur de génie, c’était un homme remarquable et passionné, attentif aux autres, voulant leur faire partager son imaginaire foisonnant ».
© 2012 AFP
Voit nos différents hommages au maître : http://bdzoom.com/47536/patrimoine/pour-se-souvenir-de-moebius/ ou http://bdzoom.com/47677/patrimoine/pour-se-souvenir-de-jean-giraud%E2%80%A6/
J’ai entendu cela tout à l’heure aux infos….
On le savait malade mais on espérait toujours..
C’est un drame. j’ai 45 piges et j’ai grandi avec Blueberry…Déjà, dans les années 70 il était considéré comme le plus doué. Certainement dans le top 5, top 10 des plus grands de l’histoire de la BD, au niveau des Will EISNER, des Jack KIRBY, des Hal FOSTER, de Milton CANIFF….
Acteur fondamental de la BD, une perte immense, un auteur, un créateur, un surdoué de la BD, il faut avoir vu des planches de Blueberry pour comprendre le génie qu’il possédait…
Je suis bouleversé, c’était un Dieu de la BD tout simplement….
J’imagine la tristesse de ses potes de l’époque Pilote encore là: Druillet, Gotlib, Mandryka, Bretecher…
Puisse les grandes prairies éternelles t’accueillir comme il se doit !
LE PLUS GRAND
Il existe bien des grands dans le monde de la BD, mais il n’existe et il n’existera jamais qu’un seul Jean Giraud.
Hormis peut-être Hergé, aucun auteur de BD n’a autant apporté à son art que Giraud.
On peut dire sans exagération qu’il y a eu la BD avant Giraud et la BD aprés Giraud.
En seulement 10 ans et en 10 albums de Blueberry, la BD a été révolutionné au point que les oeuvres des grands de l’école Belge peuvent-être reléguées dans les musées de la BD.
Lorsque j’achéte mon premier album de Blueberry cela fait déjà 10ans que la serie existe. Quelle lacune pour moi qui lis de la BD depus 15 ans, comment ais-je pu l’ignorer si longtemps ?
C’est par hasard que j’achéte mon premier album. Alors que le dernier album de la série est « Chihuahua pearl » mon choix se porte sur l’Aigle solitaire ». Pourquoi ce choix ?
le titre qui me rapelle mes lectures d’enfance et surtout sa couverture.
Dans un décor de film de John Ford un cavalier de l’armée Américaine va à la rencontre d’un convoi, entre les deux un éclaireur indien à l’air sombre » aigle solitaire ».
Ce fut un choc pour moi, il y avait des pages grandioses dans cet album, L’incendie de l’arbre mort, l’attaque des Apaches dans le canyon, l’incendie de la plaine.
Je decidais de me procurer les autres albums et je reprenais la saga depuis son début.
En découvrant ces albums je suivais avec stupéfaction les progrés et l’évolution fulgurente du dessin de Giraud, vinettes aprés vignettes, planches aprés planches, albums aprés albums.
10 années seulement pour passer de « Fort navajo » à « le spectre aux balles d’or ».
Dix années pour révolutionner le neuvième art, 10 années pour nous livrer des pages d’anthologie avec la saga des Navjos, la saga du chemin de fer, 10 années pour nous livrer des personnages qui resteront dans la légende de la BD :mac clure, red neck, quanah, Steel finger, Allister etc, 10années pour découvrir des batailles épiques avec les indiens, dix années pour nous livrer des décors grandioses.
Avec l’album « le spectre aux balles d’or » Giraud avait atteind les plus hauts sommets de son art , que pouvait-il faire de plus, sinon continuer sa quête de la perfection. Ce sera la naissance de Moébius.
Comme il faut choisir un album, j’ai choisi d’évoquer « Le général tête jaune »
LE GENERAL TETE JAUNE UN CHEF D’OEUVRE DE GIRAUD
Tout commence avec la couverture, elle résume à elle seule cet album (c’est un des génies de Giraud que de raconter les grands thémes de l’album dans une couverture)
Un cavalier noir, armé d’un sabre nous regarde, son cheval à les pattes enfonçées dans la neige, une neige rouge comme le sang des victimes que ce cavalier à laissé derriere lui. En le regardant de plus prés il s’agit d’un officier de la cavalerie Américaine. C’est un général, le général Allister (une caricature de Custer).
Cette « brute galonné » est pleine d’amertume . La guerre de secéssion c’est terminé trop vite pour lui. Trop tôt pour lui permettre d’atteindre les plus hauts sommets.
Alors qu’il n’est encore qu’un simple général son camarade Dodge dirige le chantier du cemin de et Grant est président.
Mais il n’y a pas qu la couverture qui est belle.
Dés les premières pages le lecteur est plongé dans une campgne militaire dans les montagnes rocheuses.C’est l’hiver et toute l’histoire se déroule dans la neige qui sera présente de la première à la dernière page..
Contrairement à celle de la couverture, elle est blanche, seul le sang des victimes de la folie de Allister viendra la tacher. l’album devait s’intituler « du sang sur la neige » mais le mot sang dans un titre n’a pas du plaire à la censure.
L’album n’est qu’une succession de planches toutes plus belles les unes que les autres :
-les éclaireurs Crows à la recherche du camp indien
- la découverte du camp
- l’attaque brutale contre le camp
- la traversée de la riviére gelée et le sauvetage de Allister
- L’attaque des Cheyennes
- Blueberry seul dans la foret de bouleaux (planches 28 29 les plus belles)
- Les raids de nuit des indiens
-la charge stupide de Budinglow
Tout est magnifique dans cet album qui mérite bien le titre de Chef d’oeuvre.
L’ennui avec Giraud c’est que de nombres de ses albums méritent ce titre
J’aurai pu évoquer
- le cheval de fer » qui raconte la construction du train à travers les grandes plaines.
- L’homme au poing d’acier qui raconte les dégats causés par cette marche du progrés qui detruit les bisons et condanne les indiens à mourir.
- Le spectre aux balles d’or que beaucoup considérent comme le plus beau, une histoire de trésor dans un décor grandiosede Mésa.
Un album à comparer avec « l’aigle solitaire ». dans un décor identique on peut mesurer le chemin parcouru par Giraud en seulement 10 ans
- ballade pour un cercueil, un album important dans le domaine de la recherche graphique. GIR va bientôt ceder la place à MOEBIUS pour explorer d’autres univers artistiques.
Je ne parlerai pas de Moebius, je n’en suis pas capable, mais d’autres peuvent utiliser cette tribune pour en parler.
Oui la BD est en deuil elle vent de perdre LE PLUS GRAND de ses artistes
Jacques guillerm mars 2012